14/09/2009

réponse-commentaire



"C'est sûr, on est mieux sur un vélo que dans un bus.

Autrefois, à Pékin, je me promenais dans des ruelles où parfois les enfants s'exclamaient de surprise (ce n'est sans doute plus ainsi, maintenant)."  - Cochonfucius


En effet, les enfants ne s'exclameraient plus d'une telle surprise. Puis voilà la scène que je peux imaginer : un homme étranger,vieux ou jeune,portant un blouson défraichi et avec un sac penché au dos, il traversa le Nan luo gu xiang(UN des fameux lieux d'assemblage des français à pékin) en vélo, pour aller acheter les légumes ou le fromage de la Cour, ou pour rentrer chez lui, ou encore pour aller au théâtre; quelques vieux, farnientes, qui bavardaient, qui jouaient aux échecs, en le voyant filer se dirent,ouf, étranger(lao wai), normal.
Ils se montrèrent indifférents mais tout de même ils éprouvaient un sentiment de satisfaction, de triomphe parce qu'ils avaient reconnu la chose.

11/09/2009

J'ai un vélo maintenant



Je me suis procurée un vélo, finalement, après des jours d'hésitation et de calcul.

Depuis que j'ai quitté mon lycée, je n'ai pas eu mon vélo à moi. A Nankin je n'en avais pas, pas besoin. C'était 3 ans au campus en banlieue et 1 an au centre-ville. On marchait, parfois courait, et on prenait le bus : c'est plus pratique pour découvrir une ville à grands traits, en bus. En Europe, je n'en avais pas un non plus, pas possible. Je profitais parfois des vélos publics pour me promener à vitesse, pour découvrir le système, et c'est tout.

Le temps que je me trouve de nouveau en Chine, je n'ai toujours pas pensé à en acheter un, on est tellement bien avec le transport en commun. A Pékin, pour le bus comme pour le métro, c'était pas du tout cher, à Shanghai c'est beaucoup plus cher mais on aura la réduction si on en prend plusieurs lignes à la fois et/ou qu'on change de moyens de transport: on prend le bus N.123 puis ligne 1 puis un peu de shopping puis ligne 8, par exemple, et à la fin, de PuXi(l'Ouest du Rive Huangpu) à PuDong(l'Est du Rive Huangpu), on se rendra compte qu'on aura consommé moins que prévu, avec la carte de transport bien sûr.

La réduction consécutive dans la carte du transport m'a toujours fait des surprises, puisque je n'ai jamais trouvé l'équation avec laquelle je parviens à compter juste. Les règles m'échappent. Toutefois une chose est sûre : partez loin, changez, changez et payez moins cher, et consommez moins de temps sur le chemin.  Ils semblent être en train de dire ça, les gouverneurs. Déplacement gagnant-gagnant, et très écolo lorsqu'il n'y a pas un pic de trafic. (puisque entre 17h30 et 18h30, vous verrez bien, le paradis souterrain et l'enfers peuvent alterner en quelques minutes. ) Pas mal non plus lorsque qu'on veut traverser la ville pour aller à la plage, transplantée du Sud de la Chine. (Eh bien oui, maintenant il y a la plage à Shanghai, artificielle et parfois chère, mais ça peut être bien agréable.)

Le confort et l'efficacité ne triomphent pas toujours. Une fois après l'autre, dans le bus, climatisé, embouteillé ou roulant en pleine vitesse, je regarde l'extérieur, laissant tant de détails, d'attractions inconnues effleurer mes yeux. Certains quartiers, jadis connus, ont complètement changé de vue, la cour municipale de mon district est transformée en un quartier d'habitation pleines de tours. Pleines de tours partout, d'ailleurs, de jolies et de moches. De serrées surtout, ces tours de petits carrés qui font partie de la spécialité de Shanghai.

Si le vélo a quelque chose de séduisant pour moi, c'est d'abord que l'on peut avoir de l'espace  dans le déplacement. Je peux maintenant à peine supporter le fait que je suis frôlée, heurtée, pressée, collée, coincée, clouée dans un bus surchargé. Autrefois, aux Français qui, arrivant en Chine, ne comprenaient pas pourquoi les gens les heurtaient, sur le trottoir comme dans les magasins, j'expliquais que ce n'était tout à fait pas fait par exprès ni par malveillance, que les gens ne se rendaient simplement pas compte de l'inconvenance et de la rudesse que pouvaient impliquer ces gestes, mais là, c'est à mon tour de ne pas reprendre l'habitude. Alors je me dis, il est peut-être temps de retrouver l'aisance de pédaler, de pédaler seule sans être seule sur la piste cycliste, quand il y en a, de se laisser enchanter par le vent disons naturel, en s'accélérant, en descendant du pont, sous le grand jour estival et malgré l'air poussiéreux et les gaz pollués qui ennuient. L'allégresse de pouvoir respirer l'air courant, du bye-bye équilibre statique avec le bus.
 
Et puis je crois être capturée de temps à autres par l'esprit tant aventurier que scientifique, qui installe en moi cette obstination de voir de (très) près ce qu'est devenue cette ville, ses rues secondaires, les petites ruelles négligeantes et négligées, dont je connais le nom mais ignore complètement ses aspects visuel et ambiant. Il faut qu'on puisse s'arrêter à tout moment pour aller lire les panneaux des bâtiments d'héritage patrimoine aussi, car il y en a de nombreux maintenant, ces panneaux qui jadis n'existaient pas, et qui identifie les architectures ciblées, souvent de l'ancienne concession, sinon de l'ancien sierge secret des communistes.  On ne peut oublier la Rivière Su Zhou non plus, certaines parties des rives sont devenus très jolies déjà, avec la décoration de lumières colorées, ils donnent tous, lorsque la nuit tombe, des scènes de mirage d'aménagement typique de cette ville. Envie de faire l'expérience de l'expertise, pour voir si les rives, après ou en cours de travaux de raménagement, sont toujours longeables, et ce que me proposeront les pistes sinueuses qui s'écartent du vacarme métropolitain.



La rive gauche sur cette photo est là où je prenais la photo avec Neige l'année dernière. Une fois les travaux terminés, c'est devenu un endroit tout nouveau et inconnu. Quel écrivain a dit ça, il ferait bien de vivre dans son propre pays en tant qu'étranger. Là, je trouve du feeling. C'est inouï. C'est du jamais vécu, ou bien une variation du déjà vécu, mais après tout, c'est pleine d'inspiration et c'est sympa.



Libellé: Chine est-ce Chine, La chineuse chine


03/09/2009

Rétro de la Guerre

(photo: Shanghai, minuit, Nouvel an chinois 2009.)



Le sujet de la guerre ne semble pas être chaud ici à Shanghai. Pas du tout. En ce moment tout tourne autour de l'Expo Universelle, assurément, et le 60e Anniversaire de la Nouvelle Chine, le développement durable et les changements de politique, entre autres. Mais quand même, on en a parlé, pendant une quarantaine de secondes, dans les télé-infos du soir du 1 septembre.

 

Je me suis sensibilisée de nouveau à la Guerre Mondiale lorsqu'on entamait les analyses de socio-sémiotique avec comme matériel le roman les Bienveillants, à Bergamo, et celles de cultural identity à St Andrews, sur les œuvres françaises en temps de l'Occupation. Etudes franco-allemand. Le sujet m'intéresse depuis, quoiqu'au plus souvent, les incidents grands et petits me brouillent.

 

La Guerre, l'Histoire, j'en ai appris au lycée, mais c'est vite oublié aussi parce que les années plus les noms de batailles et/ou les assassinats etc. ne m'intéressaient guère, encore moins que ne m'intéressait la manière dont le prof de l'Histoire de l'époque empruntait pour nous enseigner la Révolution Française. : ça, cependant, c'est je crois l'un des épisodes historiques dont je garde mieux la mémoire, probablement grâce à l'aspect anecdotique du méthode, et à l'ordre esthétique de la progression : république, empire, république, empire, république.

 

Aujourd'hui que je replonge dans la francophonie pour retrouver l'Histoire, c'est comme un tout nouvel apprentissage. Les noms des personnages historiques, et surtout ceux des batailles, des lieux de batailles, apparaissent sous leur formes françaises et m'ont paru tout à fait, ou presque, inconnus. C'est un drôle d'effet, qu'on balance entre deux langues pour réviser une chose déjà connue mais qui réapparaît sous une autre apparence.

 

 

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Je me suis bien amusée à me rendre compte de ce sentiment lorsque je me confronte aux Noms et aux termes de la Guerre II, que citent de temps en temps l'auteure du roman que je traduis. C'est devenu presqu'une obsession pour la elle, l'agente de mannequin française, d'y penser autant à chaque fois qu'elle ressent un moindre conflit idéologique franco-allemand, durant son déplacement obligatoire à Hambourg pour un concours de mannequins. Un cas de nervosité cérébrale, sans doute, mais je trouve merveilleux ce développement exagéré, ce hyper-lien tracé entre les tensions permanentes dans son métier et l'Histoire, qui nous est pas très éloignée encore. Le terme de « la guerre » peut être universel, bien entendu, et le sens qu'il peut incarner est déjà exploité, démontré, d'une formule plus ou moins radicalisée, par Le Clézio en 1970. Je ne prétends pas avoir aimé ce livre, ni ne suis-je d'accord avec cette fureur de ton qui traverse les pages. Pourtant je suis attirée.

 

Puis voilà que dans Le Point (semaine du 20 août 09) est paru un dossier de…disons commémoration, que je trouve très intéressant (et j'admire le style de l'auteur) : car je n'avais jamais lu d'aussi près comment la presse française réexamine, ou autant dire refait le compte du déclenchement de la guerre. Au déroulement du début de la Guerre II sur le territoire européen, on irait presque appliquer le mot « aberrant ». L'attribut.

 

En voici deux articles, parmi quelques d'autres :


 

1939, derniers vertiges avant la guerre

 

Nos écrivains face à la guerre

 


 

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Dans le second article, j'ai relevé notamment ce paragraphe :

 

« Le soir, Giraudoux me fit appeler dans son bureau. A un officier supérieur, qui lui demandait, d'un ton également supérieur, ce que l'imagination entendait opposer aux inventions de Hitler, il répondit : "Le grand Cyrus" [roman de Mlle de Scudéry, XVIIe siècle, NDLR]. La réplique me plut, mais la fantaisie et la désinvolture du plus français des Français allaient-elles être efficaces ? » (André Maurois, « Mémoires », Flammarion.)

 

L'épisode me rappelle la scène de Honoré contre Sarkozy sur La Princesse de Clève : La Belle Personne est projeté, et discuté, il n'y a pas une semaine à l'Af. Mais de Sarko à Hitler, ça, c'est quand même confrontation à l'outrance. Le mépris et la détermination de l'hégémo- nettoyage n'est pas sur la même échelle moraliste.

 

Et si l'on rappelle un classique à nos dirigeants à nous, les chinois ? Non, nos dirigeants sont trop cultivés, de plus en plus même, pour que l'on leur rappelle quoi que ce soit-- c'est eux qui donnent les listes des livres à lire, normalement. Ou sinon… on se déclare pas content en posant un Fleur en fiole d'Or ? Non mais je blague.

 

 

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Quelques extraits fragmentaires du compte à rebours dans le dossier :

 

Le 1 septembre :

Distribution du masque à gaz en Ile-de-France : il en manque un centaine de million de masques au moment de la distribution. Et : « Précision : seuls les Français ont droits à un masque ». (très de Funès, et que le cosmopolitisme se retire en temps de guerre, ma parole)

 

Le 2 septembre :

Mobilisation ; distribution du « petit guide de la défense passive ». (j'ai bien ri)

 

Le 3 septembre :

A 11h30, Neville Chamberlain annonce à la BBC que la Grande Bretagne déclare la guerre à l'Allemagne. 

A 17 heures, la France fait de même.  (c'aurait été bien l'une de la face ombre de la France?)

 


 

 Libellé: la chineuse chine