Hommage à ceux, partout dans le monde, qui se perdent volontairement mais qui émeuvent et illuminent.
CHAPLIN, oui
Il était tjrs parti dans la comédie, c’est-à-dire que la comédie ne le quittait pas. Cette comédie épousait le réel et le lui renvoyait. Alors, il l’appréhendait et il le voyait. Il a vu le nazisme comme un cirque atroce mais comme un cirque, Hitler comme un clown sanglant, Landru comme un travailleur de force du crime. Il ne voyait rien en soi, Chaplin. L’humanité, il la concevait comme une damnation à laquelle il s’est laissé aller. IL flottait avec, il dérivait avec.
Grandeur de Chaplin. A lui seul, il était la foule. Noyé comme dans un puits sans fond. Rien n’arrêtait sa chute. L’événement tombait au plus profond de lui. Il se perdait et Chaplin le laissait se perdre, il laissait faire. C’est lorsque l’événement lui revenait, après ce séjour en lui, dans l’oubli, dan l’inintelligible surtout, que Chaplin alors le reconnaissait et en rendait compte. Chaplin n’est pas une personne à part entière. C’est un infirme génial, un accident fabuleux dans l’histoire de l’esprit, un hiatus gigantesque du cinéma. C’est un indigent mental. Un arriéré-mental.
On dit que la grande chance de Chaplin, c’est d’être arrivé au muet. Je dis que cette dimension du muet on ne l’a jamais atteinte dans le parlant.