05/07/2009

Boîte de musique


C'est presqu'une maladie de vouloir tout refaire, reprendre, recommence, de tout reconnaître.

C'est une merveille de se croire en voyage alors que l'on est dans sa propre ville...enfin, en disant propre, j'entends dire le pays natal.

En me déplaçant dans cette ville en pleine préparation pour l'Expo Universelle 2010, je reçois à chaque moment des surprises qui vont jusqu'à surcharger mon esprit, et à chaque moment je repère dans tels ou tels coins une sorte de beauté qui n'invite pas tout de suite à méditer mais de laquelle on attend quelque chose qui servirait de signe de transformation et d'évolution, tant urbanistiques que métaphysiques: peut-être, on irait répéter ce mot qui n'indique rien qu'une possibilité en pensant que tous ces travaux mériteraient d'être faits, pour que ce qu'il faut conserver soit conservé et que ce qui est usagé soit reconstruit, ou réparé.

A la maison comme dans cette ville, c'est presque la même chose que j'ai ressenti. Changer. Faire du ménage et rendre habitable/exposable ce foyer. En déposant mes valises et en respirant l'air poussiéreux dans ma chambre, j'ai le curieux sentiment d'être revenue non pas de Pékin mais de l'Etranger. Pour une fois j'ai eu envie que tout soit renouvelé et que j'occupe de nouveau cet espace de 14 m2. Cinq mois à Pékin, c'est tellement long que cela, tellement que je me trompe du pays où je vis? Et pourtant cette fois-ci, je me dis... mais non, je ne le dis pas,  j'entends juste murmurer en moi une voix qui dit que cette fois-ci, reste, reste un peu plus longtemps quand même pour revoir et revivre cette ville, apprends à vivre dans ton espace qui est à toi pour le moment, et qui, il est vrai, demande un grand cleaning- rangement avant qu'une vie agréable ne se voie possible. Apprends à ne pas fuire, à s'affronter directement à ce à quoi on s'attache: c'est difficile par fois de regarder en face ce ténèbre de gouffre dans lequel résonne une certaine sirène qui nous chante nos passés en faisant apparaître dans notre cerveau (et non pas dans le noir du gouffre) les images plus concrètes que les notes musicales et qui s'appellent: les souvenirs.

Hier tard le soir, j'ai fouillé ma table de nuit afin de retrouver ma radio, et au lieu de trouver celle-ci, j'ai trouvé un CD-player en panne et abandonné (j'ai toutefois gardé son corps), machine qui a remplacé le Walkman et qui aujourd'hui est remplacée par le mp3. Quelle course-poursuite entre les baladeurs. J'ai ouvert le coffret pour traouver un disc de... Charles Trenet, l'indispensable! Je marque un point d'exclamation parce que l'autre jour où M. Pessis, celui qui a écrit le texte de la pièce musicale sur Piaf, me demanda connaissez-vous les chansons de Charles Trenet, je répondis oui sans pouvoir me rappeler tout de suite quelles chansons je connaissais exactement de lui. Je ne savais pas du tout que j'avais un disc de Trenet, apparu devant mes yeux en tant qu'un cadeau ressorti de la vie du passé.

Et le temps qu'on pousse un "Ah..." devant ce genre de cadeau qu'on a inconsciemment préparé autrefois pour soi-même, se produit un circuit électronique qui va de l'oubli au je m'en souviens et du je m'en souviens à l'oubli: appelle ça aussi de la nostalgie?



Libellé: in Fabula, En bribes


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