Panneau- L'ancien site du Cinéma Hongkou d'avant 1949
Quand on se plante un jalon et qu'on compte le temps jusqu'en 10 ans, à la bonne heure de la bonne date, on va se dire, en se croyant rêver: eh bien, déjà?
Les 10 ans que j'ai compté me semblent bien être d'une courte durée. Et c'est bien le temps qui chasse, de pleine vigueur. Dans cette course, on peut se trouver vidé et sans mots dire, en s'arrêtant un peu pour pauser, en se retournant, probablement pour résumer... ou pourquoi pas présumer, comme si rien n'avait été vécu, que rien n'avait jamais été vécu. Aucun épanchement n'est possible... cloisonnement total.
***
Le cloisonnement. Je ne sais pas si le mot est employé ici de façon convenable ou pas. J'ai trouvé le mot, l'ai trouvé intéressant, lorsque je préparais un article sur Van Gogh et sa salle de danse "Aux Folies Arlésiennes". On parlait du style "cloisonniste" venu de Gauguin. Là, j'étais bloquée, je peinais à correctement organiser les mots pour décrire l'effet visuel et ambiant, contourner, entourer, cerne, trait, courbes, figures, formes, couleur foncée, rythme, ondoyant, ces mots m'ont bel et bien embrouillée, et si ce n'était pas le secours linguistique, je m'en sortirais mal.
Alors que j'avais le choix parmi plusieurs oeuvres impressionnistes pour écrire l'article, j'ai pris Van Gogh pour démarrer. C'est juste parce que, le jour où j'étais à l'Alliance Française devant un tas de DVD, je tombai sur le film Van Gogh réalisé par Maurice Pialat, et que j'ai été très touchée par le film: l'histoire, le cadrage, les couleurs, le bleu de Prusse qui déborde de la palette de Van Gogh. C'était sur les derniers jours de Van Gogh, à Auvers-sur-Oise. C'est dans un univers pittoresque, insouciant, presque serein, pourrait-on dire, que Van Gogh sombre peu à peu, imperceptiblement en quelque sorte, dans le désespoir qui le mène au suicide. Les bals merveilleux et permanents, le costume de l'Arlésienne que portait l'une des filles (si je ne me trompe sur le costume, puisque tout de même, Auvers-sur-Oise n'est pas la Provence...), les coiffures surtout, rubanées, quintescence d'une beauté fantastique et... comment dire, étreignante. Trop parfaite à saisir.
Pialat parvient à mettre en valeur, comme il l'a fait dans Sous le soleil de Satan, une certaine tension intérieure et la nervosité qui sont de l'échelle sinon religieuse, au moins spiritiuelle. Juste un plan américain qui cible un visage impassible, les sourcils légèrement froncés, et avec les jeux de lumières et d'angle de vue, le réalisateur parvient à laisser apercevoir cette angoisse profonde qui habite le peintre. Comment peut-on oublier d'ailleurs la fameuse ronde de nuit, représentée comme un rappel à la fin d'un spectacle, et qui restitue un sentiment pareil que celui qui se fond dans le tableau?
Dans le tableau: si ce sont les traits de couleur foncée qui identifie le style "cloisonniste", j'y vois également l'illustration d'un état de controverse : de même que ces traits semblent pétrifier les gens, de même ils fournissent à ceux-ci une touche de primitivité, d'élan sous-jacent. Le temps semble couler à l'intérieur et se coagulera dès qu'il sort du cadre. Envoûtant.
30/08/2009
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