03/09/2009

Rétro de la Guerre

(photo: Shanghai, minuit, Nouvel an chinois 2009.)



Le sujet de la guerre ne semble pas être chaud ici à Shanghai. Pas du tout. En ce moment tout tourne autour de l'Expo Universelle, assurément, et le 60e Anniversaire de la Nouvelle Chine, le développement durable et les changements de politique, entre autres. Mais quand même, on en a parlé, pendant une quarantaine de secondes, dans les télé-infos du soir du 1 septembre.

 

Je me suis sensibilisée de nouveau à la Guerre Mondiale lorsqu'on entamait les analyses de socio-sémiotique avec comme matériel le roman les Bienveillants, à Bergamo, et celles de cultural identity à St Andrews, sur les œuvres françaises en temps de l'Occupation. Etudes franco-allemand. Le sujet m'intéresse depuis, quoiqu'au plus souvent, les incidents grands et petits me brouillent.

 

La Guerre, l'Histoire, j'en ai appris au lycée, mais c'est vite oublié aussi parce que les années plus les noms de batailles et/ou les assassinats etc. ne m'intéressaient guère, encore moins que ne m'intéressait la manière dont le prof de l'Histoire de l'époque empruntait pour nous enseigner la Révolution Française. : ça, cependant, c'est je crois l'un des épisodes historiques dont je garde mieux la mémoire, probablement grâce à l'aspect anecdotique du méthode, et à l'ordre esthétique de la progression : république, empire, république, empire, république.

 

Aujourd'hui que je replonge dans la francophonie pour retrouver l'Histoire, c'est comme un tout nouvel apprentissage. Les noms des personnages historiques, et surtout ceux des batailles, des lieux de batailles, apparaissent sous leur formes françaises et m'ont paru tout à fait, ou presque, inconnus. C'est un drôle d'effet, qu'on balance entre deux langues pour réviser une chose déjà connue mais qui réapparaît sous une autre apparence.

 

 

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Je me suis bien amusée à me rendre compte de ce sentiment lorsque je me confronte aux Noms et aux termes de la Guerre II, que citent de temps en temps l'auteure du roman que je traduis. C'est devenu presqu'une obsession pour la elle, l'agente de mannequin française, d'y penser autant à chaque fois qu'elle ressent un moindre conflit idéologique franco-allemand, durant son déplacement obligatoire à Hambourg pour un concours de mannequins. Un cas de nervosité cérébrale, sans doute, mais je trouve merveilleux ce développement exagéré, ce hyper-lien tracé entre les tensions permanentes dans son métier et l'Histoire, qui nous est pas très éloignée encore. Le terme de « la guerre » peut être universel, bien entendu, et le sens qu'il peut incarner est déjà exploité, démontré, d'une formule plus ou moins radicalisée, par Le Clézio en 1970. Je ne prétends pas avoir aimé ce livre, ni ne suis-je d'accord avec cette fureur de ton qui traverse les pages. Pourtant je suis attirée.

 

Puis voilà que dans Le Point (semaine du 20 août 09) est paru un dossier de…disons commémoration, que je trouve très intéressant (et j'admire le style de l'auteur) : car je n'avais jamais lu d'aussi près comment la presse française réexamine, ou autant dire refait le compte du déclenchement de la guerre. Au déroulement du début de la Guerre II sur le territoire européen, on irait presque appliquer le mot « aberrant ». L'attribut.

 

En voici deux articles, parmi quelques d'autres :


 

1939, derniers vertiges avant la guerre

 

Nos écrivains face à la guerre

 


 

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Dans le second article, j'ai relevé notamment ce paragraphe :

 

« Le soir, Giraudoux me fit appeler dans son bureau. A un officier supérieur, qui lui demandait, d'un ton également supérieur, ce que l'imagination entendait opposer aux inventions de Hitler, il répondit : "Le grand Cyrus" [roman de Mlle de Scudéry, XVIIe siècle, NDLR]. La réplique me plut, mais la fantaisie et la désinvolture du plus français des Français allaient-elles être efficaces ? » (André Maurois, « Mémoires », Flammarion.)

 

L'épisode me rappelle la scène de Honoré contre Sarkozy sur La Princesse de Clève : La Belle Personne est projeté, et discuté, il n'y a pas une semaine à l'Af. Mais de Sarko à Hitler, ça, c'est quand même confrontation à l'outrance. Le mépris et la détermination de l'hégémo- nettoyage n'est pas sur la même échelle moraliste.

 

Et si l'on rappelle un classique à nos dirigeants à nous, les chinois ? Non, nos dirigeants sont trop cultivés, de plus en plus même, pour que l'on leur rappelle quoi que ce soit-- c'est eux qui donnent les listes des livres à lire, normalement. Ou sinon… on se déclare pas content en posant un Fleur en fiole d'Or ? Non mais je blague.

 

 

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Quelques extraits fragmentaires du compte à rebours dans le dossier :

 

Le 1 septembre :

Distribution du masque à gaz en Ile-de-France : il en manque un centaine de million de masques au moment de la distribution. Et : « Précision : seuls les Français ont droits à un masque ». (très de Funès, et que le cosmopolitisme se retire en temps de guerre, ma parole)

 

Le 2 septembre :

Mobilisation ; distribution du « petit guide de la défense passive ». (j'ai bien ri)

 

Le 3 septembre :

A 11h30, Neville Chamberlain annonce à la BBC que la Grande Bretagne déclare la guerre à l'Allemagne. 

A 17 heures, la France fait de même.  (c'aurait été bien l'une de la face ombre de la France?)

 


 

 Libellé: la chineuse chine


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