27/04/2007

La question se pose de...

L’émission d’Artaud attriste.
Je l’écoute de nombreuse fois. Il y avait un moment où je l’avais pris comme fond sonore de ma rédaction.
C’est curieux. Au début je me suis dit que c’est malsain et d’une folie irrémédiable. Au bout des répétitions j’ai eu de la compassion pour lui, c’est un véritable sacrifice au risque de s’abandonner complètement dans le néant, les ténèbres. Peut-être que je suis immunisée de la saleté verbale qu’il a imposée puisque je suis pas née francophone. Mais j’ai ressenti la force électrique dans le circuit de sa sorcellerie. Je crois avoir compris ce qu’on appelle la pureté d’Artaud. Une pureté lointaine se révèle peu à peu de la vibration, comme l’illusion d’un empire entrevu à travers un remous effrayant au fond de l’océan.Cette pureté, je l’ai croisée la première fois que j’ai vu le visage d’Artaud sur le coffret de CD. Il a un visage épouvantable, qui incarne une certaine tension. Mais il a un regard innocent.



Extrait-transcription CD

-Critique : R. Vitrac parle de l’auteur
...C'est un vagabond absolu, un homme dont la pensée enveloppe sa pensée comme un maillot collant; un voyant qui passe ses paroles au crible sénaire, poète dont la chair se fait poésie. Le marge d’une magie dont il est à la fois le sujet et l’objet
…Je voudrais dire aussi les voyages, les départs et les retours imaginaires de cet évadé, prisonnier perpétuel, de cet explorateur constamment exploré de lui-même. Il me suffit de dire qu’il garde sa ligne jusqu’au bout : publiant ses messages, ..Mexique, Irlande, VanGogh, .....dans ce cirque fermé qu’ il est à la fois héro et le spectateur ébloui....
...Et maintenant, avant la transmission de la dernière oeuvre d’A. Artaud, imaginez-le, faisant le sien la perle fervente de Guillaume Apollinaire, il vous disant ceci. Soyez indulgents quand vous le comparer à ceux qui furent la perfection de l’ordre, nous qui quêtons partout d’aventure, nous ne sommes pas vos ennemies, nous voulons vous donner de vastes et étranges domaines, pitié pr nous qui combattons tjrs le frontière de l’illimité de l’avenir, pitié pr nos erreurs, pitié pr nos péchés. Enfin, il y a tant de chose que n’ose pas vous dire, que vous me laissiez pas dire…

l'Emission


Il faut que tout soit rangé
A un point de près
Dans un ordre fulminant.

...Ce qui est grave, est que nous savons après l’ordre de ce monde, il y en a un autre. Quel est-il ? nous le savons pas. Le nombre est l’ordre de suppositions possibles dans ce domaine est justement l’infini. ......qu’est-ce que l’infini ? nous le savons pas , c’est un mot pour indiquer l’ouverture de notre conscience vers la possibilité démesurée, inlassable et démesurée. Et quelles sont juste que la conscience ? O juste nous le savons pas . C’est le néant. Un néant dont nous nous servons pour indiquer quand nous savons pas qch, de quel côté nous ne le savons, et nous disons alors la conscience du côté de la conscience, mais il y a cent mille autre à côté. …
…L’espace de la possibilité me fut un jour donné comme un grand paix que je ferai. Mais ni l’espace ni la possibilité, je ne savais au juste ce que c’étaient, je ne trouve pas le besoin d’y penser. C’étaient des mots inventé pr définir les choses qui existaient, ou n’existaient pas, en face d’une urgence pressante d’un besoin : celui de supprimer l’idée : l’idée est mythe, et de faire régner à la place la manifestation tonnante de cette explosive nécessité ; vit la tête le corps de ma vie interne, une néant interne de mon moi. …Mon corps le réduit à ce gaspillant ; j’ai un corps p qu’il y a un gaspillant qui se forme au dedans de moi ? Je ne sais pas. Mais je sais que l’espace, le temps, la dimension, le devenir, le futur, l’avenir, l’être, le non-être, le moi, le pas moi ne sont rien pr moi. Mais il y a une chose qui est qch, une seule chose qui soit qch et que je sens, parce que ca va sortir ! la présence menaçante de mon corps... il y a un coin où je me vois en train de dire non, quand on me presse.... que je suis suffoqué.

(Conclusion)
-A quoi vous a servit cette émission radiophonique ?
-A dénoncer un certain nombre de saleté sociale, officiellement reconnue, et recommandées.
4e : je dis des choses bizarre, les indiens sont un peuple étrangement civilisé ,et qui ont justement cru en une forme de civilisation basée sur le principe exclusive de la cruauté.
7e : La cruauté , c’est expériencé par le sang et jusqu’au sang ; c’est Dieu, le hasard bestial de la humanité inconsciente de l’homme partout où l’on peut la rencontrer…Et Dieu, c’est le microbe. (M . Artaud, vous délirez....) On a réinventé les microbe afin d’imposer une nouvelle idée de Dieu. On a trouvé un nouveau moyen de faire ressortir le dieu , et de le prendre sur la fin de sa nocivité microbienne….Sous la forme de la sexualité , maladie, sinistre cruauté morbide affolée comme présentement humanité. Il utilise l’esprit de pureté, conscience comme la mienne, toutes les fausses apparences qu’il reprend dans mes espaces. C’est ainsi qu’Artaud le Momo peut prendre la figure d’halluciné.…J’ai trouvé le moyen d’en finir une fois pour toute avec ce saint ; et que personne ne croit plus en dieu. Tout le monde croit de plus en plus dans l’homme ; or c’est l’homme qu’il faut maintenant, j’ai décidé à émasculer.
…Lorsque v allez faire un dieu sans organe, vous le délibérer, le rendre à sa véritable et immortelle liberté. Alors il faut lui réapprendre à danser à l’envers, comme le délire. cet envers sera son véritable endroit.


2 commentaires:

Abalem a dit…

…L’espace de la possibilité me fut un jour donné comme un grand paix que je ferais.

C'est mignon d'utiliser le mot paix dans la vision d'Artaud, mais ne serait-ce que parce que le substantif ne s'emploie qu'au féminin, j'opterais plutôt pour l'homonyme pet, qui correspond somme toute mieux à la cosmogonie langagière de notre ami...

Delphine a dit…

Ah oui. J'avais pas remarqué ce mot. je me rappelle en effet que l'introduction du recueil chez Gallimard avait bcp parlé de..l'étymologie,chez Artaud.
Et effet sonore aussi. En relisant mon extrait je me rends compte qu'il y a des textes qui ne se lisent qu'à voix haute. Univers terriblement hypnotique...