Dans le cours de Love and Desire in the 20th French Literature de Prof Gifford que j’assiste, on passe de Giraudoux à Proust, de Proust à Duras. On passe d’un amour néo-catholique, basé sur l’humain-centrique et qui distingue Eros et Philia(l'affect, que le dieu Jupiter ne comprend pas), à un amour fou rempli d’illusion obstinée du genre Swanien, puis voilà l’amour-désir durassien qui a marqué la deuxième moitié du XXe Siècle et qui concerne directement mon mémoire. Deux livres permettent l’expérimentation de la contamination de l’esprit par l’eros durassien :
J’ai lu le premier.C’est un livre tout petit et usagé. 60 pages. Dépôt légal : décembre 1983, la période où Duras s’est enfermée dans son oeuvre, où L’Amant a connu d’immenses succès. Sur la première page marque ceci : « L’EDITION ORIGINALE DE CET OUVRAGE A ETE TIREE SUR VELIN ARCHES A QUATRE-VINGT-DIX-NEUF EXEMPLAIRES NUMEROTES DE
C'est apparament un livre-tabou, qui dit à peu près ceci : Aimer, c’est incorporer la violence. C’est envie d’occuper, tendance de détruire, de tout détruire, de provoquer le désastre. Le désir.
Et le désir, c’est la mer. Ce serait plus que le fleuve, évoqué au début de l’Amant en tant que métaphore (?) du désir durassien. C’est évidement d’un goût plus amer.
La mer, c’est le va-et-vient, le toujour-là.
Non, ce n'est pas de l'amitié. Il faut en distinguer. L'amitié, par rapport à l'amour-désir, c'est être là au moment convenable et disparaître quand il le faut. J'ai compris ça assez tard.
***
Extraits:
(scène préconçue par Duras : un homme, une jeune fille, un lit avec du drap blanc, tout blanc.Le bruit de la mer au loin.)
...
Elle vous le dit : c’est ne jamais aimer. Jamais regarder une femme. Jamais avoir envie d’être au bord de tuer un amant, de le garder pour vous, pour vous seul, de le prendre, de le voler contre toutes les lois, contre tous les empires de la morale.
Elle se réveille. Elle vous regarde. Elle dit : La maladie vous gagne de plus en plus, elle a gagné vos yeux, votre voix.
Vous demandez : quelle maladie ?
Elle dit qu’elle ne sait pas encore le dire.(p.18)
Elle répond d’une voix encore endormie, presque inaudible : Parce que dès que vous m’avez parlé, j’ai vu que vous étiez atteint par la maladie de la mort. Pendant les premiers jours je n’ai pas su nommer cette maladie. Et puis ensuite j’ai pu le faire.
Vous lui demandez de répéter encore les mots. Elle le fait, elle répète les mots : la maladie de la mort.
Vous lui demandez comment elle le sait. Elle dit qu’elle sait. Elle dit qu’on le sait sans comment on le sait. (p.23-24)
--Marguerite Duras, La Maladie de
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