06/11/2008

La Chair de l’Orchidée, ou un vain pessimisme

De différentes séries de projection et de conférence à la Cinémathèque m’enchante. C’est l’un des lieux paradiasiques parisiens que j’aimerais y habiter. Quelles conditions idéales pour faire les recherches sur le cinéma et pour satisfaire les cinéphiles gourmands. Il est dommage que je ne peux écrire tout ce qui m’a marqué ces derniers jours.

Je parle brièvement de ce film qui m’a boulversée principalement à cause de son pessimisme, un pessimisme autrement que celui des films américains du genre « on the road » de D. Hopper à qui la cinémathèque rend hommage.


Ce film est au fait projeté comme oeuvre de rétrospective de Pierre Lehomme, directeur de la photographie du film. Le cadrage, les lumières et la coloration bleutée du film est en effet parfaites pour relever l’ambiance affolante et désespérante. Mais hormis cela, le scénario qui s’inspire librement d’un roman britanique me paraît aussi bien travaillé, d’autant que la suspense que joue le résumé dans la brochure de la cinémathèque aumente la surprise lors de la projection : ce dernier dit simplement qu’une fille a été enfermée parce qu’elle est prise pour être folle, mais elle a pu s’échapper, et pourtant...

Selon le roman, Carol est celle qui aurait dû hériter une grande fortune de son père, tueur professionnel et de son surnom Orchidée connu de toute la ville. Mais la tante de la jeune fille l’a enfermée en annonçant sa folie, et a hérité à sa place cette fortune. Carol a pu s’échapper, rencontrer un homme qui l’aurait sauvée, regagner les biens de son père. De l’autre côté, Claire elle-même est par moment cruelle et meurtrière , à cause de sa maladie de la schizophrénie. D’ailleurs, le fait même qu’elle a pu voir le monde est, dramatiquement, dû au crime de son père qui à l’époque a enlevé et violé sa mère : qui est morte, mais a laissé un bébé qui deviendra une femme fatale qui en même temps est victime des chasses des autres.

Dans le film, Claire est une fille idéalisée : mère et fille deviennent UNE. Elle est principalement victime d’un complot familial de 20 ans: enfermée et violée, privée de son héritage des biens. Elle poignarde les yeux de celui qui la viole et s’échappe. La cruauté est pour elle la défense et l’obssession à l’extrême. Puis la rencontre fatale de l’homme auquel elle s’éprend (parce que lui ne désire pas son corps, la respecte et soigne sa blessure) mais qui a provoqué des ennuis parce qu’il a été témoin d’un meurtre commis par deux hommes qui appartiennent à un autre groupe criminel. Donc d’un côté les deux hommes cherchent à tuer l’homme, de l’autre la tante de Claire cherche à l’enfermer de nouveau afin que le secret se garde pour toujours.

En vain. Tout s’emmêle, souvent à cause de l’amour, ou qui sait, le désir à aveugler les yeux. Claire qui est dite folle regagne finalement sa noblesse. Les suivants opportunistes ont su tourner la girhouette à l’heure pour aider Claire à échapper la chasse de sa tante et le meurtre des deux assassins. A un certain moment, dans la grande villa luxieuse mais sombre, tout le monde est sous l’horreur de la mort qui aurait lieu à tout moment par les deux tueurs professionnels. La sueur sur chaque visage masculin, seul le visage de Claire reste ferme et frais.

L’homme sait que tout le monde devra mourir, ce qui est la règle de jeu. Mais pas elle, elle qui ira hériter ce qui lui appartient. Lui a dit : « préparez-vous à être seule. », avant d’aller ouvrir la porte de la chambre pour les deux assasins qui se prètent à lui donner un coup de couteau mortel.

Fin : elle est à l’hôpital. Une femme qui l’a libéré au moment crutial est venue la voir lorsque celle-là dort, l’un des deux assasins, qui survit et qui cherche encore à tuer Claire, a reconnu cette femme qui n’est plus jeune et qui était son partenaire et ancien amour dans sa période de vie du cirque. Pour une fois il a jeté le couteau, non pas pour le spectacle mais pour son amour, avant que lui-même ne s’épuise et tombe à jamais par terre.

Reste que Claire, ce visage devenu impassible vers la fin, dit vers le téléphone qui penche autour de son cou : oui, j’ai passé une très bonne nuit...oui, je l’ai déjà oublié.....Je vais me battre...Je vais commencer à travailler tout de suite...

Elle prend en même temps un gros catalogue dans la main, feuilletant pêle mêle. Elle ne cherche rien sans doute ; elle ne trouve rien non plus. Qu’est-ce que c’est ce travail donc ? Une vie sans solution commence au moment de la fin du film conclu en noir, laissant soupir le spectateur qui attendait en vain un retrouvaille final, pourtant réalisable suite à la poursuite des deux côtés rivaux, sorte de poison-contre-poison.

La seule pureté est la nudité du corps de Charlotte Rampling, alors femme parfaite et qui, aujourd’hui n’étant plus jeune, a toujours du charme, comme l’on peut constater dans Sous le Sable de François Ozon : dans ce dernier, curieusement, Rampling reste aussi profondément seule et attend en vain le retour de son mari à jamais disparu à la plage.

La féminité doit-elle être aussi forte que cela, pour que tous font le sacrifice, au sens religieux du terme, et qu’elle seule continue à vivre...mais quoi ?

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