Joyeuses fêtes à toutes et à tous.
Tant qu'il y a toi, il y a une voie.
Les rouleaux tibétains, les Tang-Ka, ou Thang-ga en tibétain, restent les oeuvres les plus impressionnantes de toute l’exposition, à mon sens. Ce sont les images de différents Bouddhas, peints selon chacune de leurs légendes. Le tout est brodé à la main(pour la plupart) ou peint sur un étoffe en cotton à la base d’une maquette, puis encadré d’étoffe, avant que les rouleaux ne soient ajoutés sur le haut et le bas. C’est l’abondance de signes et de symbols qui se perçoivent dans une telle oeuvre, on dit que sur un seul Thang-ga (
En revanche, j’ai pensé encore une fois à la peinture italienne, voire byzantine. C’est intéressant de voir que les religieux de l’Est comme de l’Ouest ont tous cherché un effet de divinité, ou de scintillement, pour être mondain. Les italiens du XIVe siècle ont su utiliser largement l’huile en tant que matière, ce que que leur ont initié Van Eyck (si ma mémoire est bonne), afin que les figures des dieux se reflètent dans les lueurs des bougies ou dans les lumières naturelles des église ; les Tibétains utilisent quant à eux les fils d’or pour broder les toits d’un temple, l’aura d’un Bouddha, etc. On reçoit alors les mêmes effets visuels, quand on aperçoit les statuts à distance. Sans parler que les peintres italiens de
Ce qui est très dommage dans la contemplation des Thang-ga, c’est que les explications sont trop rudimentaires pour qu’on puisse comprendre, même grossièrement, ce que veulent dire les différentes couleurs employées sur le statut d’un Bouddha, par exemple. De même, comme la légende du rouleau médecin est écrite en tibétain, sans titre ni résumé, je ne peux que lire graphiquement pour admirer l’illustration des principes de la médecine tibétaine autour de cinq éléments fondamentaux : comment se varient les cinq éléments dans notre vie et comment maintenir leur équilibre dans l’alimentation, dans l’exercice sexuel comme dans la prolifération.
Il est vers la fin de l’après-midi, et donc vers la clôture de l’exposition à Shanghai. Les effectifs se montrent mous, commençant à ranger peu à peu les oeuvres exposées. Pour la première fois, j’ai pu voir les gens décrocher et empiler les tableaux, les écarter les uns des autres avec un étoffe de velours. Sur le côté, plusieurs jeunes moines sont en train de décrocher soigneusement un énorme Thang-ga sous la commande d’une femme âgée tibétaine. Je suis allée demandé l’un d’entre eux : « vous allez à quelle ville prochainement pour la tournée de l’exposition ? » Lui répond : « Ting bu dong. / Comprends pas. », avec la réserve et la timidité qu’on perçoit chez bien des tibétains du peuple. Je pose alors la question à la femme âgée. « Rentrons à Lhasa./Hui Qu
Ca me paraît assez curieux d’entendre qu’il ne convient pas de faire la tournée à Pékin. Au début, je me demandais si ce genre d’exposition ne serait pas problématique aux yeux du gouvernement, mais non, j’ai lu dès l’entrée de la salle l’introduction de l’association CAPDTC qui s’occupe de l’art et la culture du Tibet et dont le siège se trouve justement à
En ce cas, qu’est-ce qu’on peut envisager sur les événements culturels en Chine ? Il y aurait peut-être aussi une « 3e voie », pallèle à celle du développement économique, dans le secteur culturel : si par hasard le gouvernement dit oui et donne les subvensions pour certaines activités culturelles (dont la restauration d’une partie des oeuvres d’art tibétaines, il faut le dire), tant mieux, on serait alors sous un système semblable à celui de la politique culturelle française qui donne les soutiens à la culture (hélas beaucoup moins qu’avant en ce moment) ; pour le reste, il faudrait emprunter une méthode anglo-saxone(dite libéraliste ?) et prendre l’autonomie pour chercher le financement en convainquant les riches cultivés.
Humm...faut-il dire alors qu’on est heureux d’être Shanghaien pour accueillir les oeuvres de qualité qui sont politiquement sentibles ? Mais déjà, on m’a déconseillé de parler de la politique. Je me contente alors de regarder les gens renrouler soigneusement le gros Bouddha, et ce geste même aurait porter un sens religieux pour eux. Entre temps, une sentence m’est survenue dans la tête...La souvenez-vous ? « Fo Tsi Tsaï Sin Tchong », la prononciation française que Ben m’avait apprise : « Le Bouddha est en soi. »
Source photos: le masque tibétain, la pierre Ma Ni ;
Pte gallerie des objets exposés: Ji Xiang Ha Da
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Infos pratiques:
- Site de l’ONG organisatrice CAPDTC (China Association for Preservation and Development of Tibetan Culture): (En/Chi) http://www.capdtc.org/
- Site sur la culture tibétaine : (En/Chi/Tib) http://en.tibetculture.net/
- Site de l’exposition à Shanghai : (Chi) http://www.jixianghada.org/
Le tarif normal est de 60 yuan, c’est bien le prix européen et ça revient quand même un peu cher, car l’on n’avait pas d’habitude de payer autant pour une exposition ici. Ce serait aussi une barrière invisible quant au choix du public: les personnels administratifs, les autorités de l’art et de la culture et les principaux medias qui auraient forcément reçu les tickets offerts ; les gens internationaux, les gens cultivés, dont les jeunes employés et les étudiants. Autrement dit, les potentiels chercheurs ou touristes ou/et amateurs du Tibet et de sa culture. Autant espérer que ces bénéfices aidera à la conservation et à la transmission des patrimoines tibétains.
Si l’on veut y aller juste parce que l’on croit pouvoir découvrir ce qu’est le Tibet, ça risque d’être décevant, du point de vue voyageur pas tellement touristique ; et j’ai compris cela avant de m’y rendre, en lisant les infos et les photos sur l’Internet. Déjà à l’entrée, on tombe sur une petite installation des Feng Ma Jing Fan, enseignes qui flottent dans les vents de plateau et sur lesquelles sont écrites les textes religieux : « ong-ma-ni-ba-me-hong/rõ », les mêmes textes sont gravés sur les pierres Ma Ni que j’évoquerai plus tard. (Je vous invite à les murmurer devant le feu de la cheminée du Noêl pour s’acquérir de la quiétude et la fortuna d’origine tibétaine, en plus des cadeaux du Réveillon
Je parle de ça moins comme une critique que comme un constat de ce que j’ai resenti, je me rappelle que lors de ma visite du Louvre après mon séjour en Italie, en regardant les peintures religieuses italiennes illuminées des lumières des lampes, je déplorais la disparition du charme ambiant des tableaux qui se trouvaient jadis sur les murs des églises et qui nous inspiraient un sentiment mystique sous la lumière du jour qui pénère dans l’espace de la vénération. C’est un paradoxe inévitable d’exposer les choses liés à la vie religieuse (et nomade) dans un contexte laïque (et civilisé) ; néanmoins, un compromis n’est pas impossible, il serait peut-être mieux que l’on organise par exemple la re-présentation des (mini) foires tibétaines, comparables aux foires médiévales qui ont régulièrement lieu en Midi-Pyrénées.
Les organisateurs ont pourtant pensé au principe du spectacle, on peut voir ainsi plusieurs stands de démonstration où quelques Tibétaines travaillent sur un métier à broder, quelques moines qui montrent l’art de la construction d’un grand temple sablé (ou plutôt une sorte d’arène? Quelle magie de mot...), dit « dul-tson-kyil-khor » en tibétain. Celui-là est l’une des meiveilles que l’on peut rencontrer lors de la visite. Dans la matière qui sert à la construction d’un temple sur un plateau modelé, il n’y a pas que les sables, c’est un mélange de grains de l’or, des pierres précieuses, des pétales, du riz et des sables blanc. C’est avec ce mélange que, lors des cérémonies religieuses, les moines parviennent à construire un temple coloré et scintillant, dont la structure ordonnée, transformée du chaos, synthétise et symbolise au grand celle d’un pays et d’un territoire, au petit celle d’un corps humain. Le processus de la construction est en même temps un exercice religieux pour ces moines : « la prospérité mondaine, ce n’est qu’une poignée de sable /繁华世界,不过一掬细沙. », dit ainsi le maxime bouddhique. En effet, quand un coup de vent va tout emporter, il ne restera que le néant, ou son contraire, l’éternité.
(source des deux photos: ICI)
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Infos Pratiques:
- Site de l’ONG organisatrice CAPDTC (China Association for Preservation and Development of Tibetan Culture): (En/Chi) http://www.capdtc.org/
- Site sur la culture tibétaine : (En/Chi/Tib) http://en.tibetculture.net/
- Site de l’exposition tibétaine à Shanghai : (Chi) http://www.jixianghada.org/
Nous deux ont voulu aller voir Su Zhou He, Neige et moi. C’est parfait. Neige a toujours été attirée par le film de Lou Ye, Su Zhou He, le mélange d’une légende d’amour avec la nostalgie tranquille d’une vie désordonée, brute et bruyante, résolue ; tout sauf l’espoir, qui se perd dès le début du film : «-Si un jour je m’en vais, t’irais me chercher comme Ma Da (ie : le Moteur, nom du héros) ? -Sûrement. -Tu iras toujours me chercher ? -Oui. -Jusqu’à la mort ? -...Oui. -Tu mens. »
Moi, j’ai eu envie de revisiter le quartier artistique de Mo Gan Shan Lu, aujourd’hui portant le nom de «
Il dit que bien des ouvriers eurent dû subir du chômage, Xia Gang, mais qu’aujourd’hui, arrivés tous à l’âge de retraite, ils vivaient correctement grâce à la sécurité sociale actuelle.
--Et vous, Monsieur, que faisiez-vous ? Ouvrier?
--Oui, ouvrier. Ah...j'habite ici depuis long.
--Et, là, vous vous promenez ?
--Promener, hélas, oui... Attends la mort ! Il se moquait en souriant.
Tout le monde attend la mort, Monsieur. Le faire dans les promenades aux bords de l’eau, c’est du bonheur. Mon père est comme vous, Monsieur. Ouvrier. Vous êtes bons hommes, vous, les anciens ouvriers shanghaiens ; vous qui avez éliminé de votre dictionnaire tous les termes concernant le bonheur, vous ne vous anéantissez pas, pour autant.
Les barrages sont transformés aujourd’hui en passage de promenade joli et propre. Monsieur l'ancien ouvrier continuait à nous parler de
A un autre moment, on cherche « la scène d’opéra ancienne» comme ce qu’est indiqué sur le panneau, tandis que l’on ne voit que les salles. Neige dit qu’hé alors, les anciens jouent l’opéra dans les salles ? Je dis que ce devrait être vers le fond de la cour, que ce serait les planches avec quatre pieds en bois.
Nous y sommes. Les planches, trop sobres pour être intégrées au climat du jardin, se sont retirées à la moitié sombre de la cour. Dès que je les ai vu, je me trouve de nouveau hantée par la mémoire. M’est survenue l’illusion d’une figure mince et petite, assise sur les planches et qui dessine.
(En écrivant ce billet, je fais référence à l'article publié sur Lemonde.fr: "Pour la Chine, la France est le maillon faible de l'Europe.")
Je ne comprends pas pourquoi les deux Continents ne se comprennent toujours pas sur un même problème, celui du Tibet; pourquoi les dialogues de sourds entre les spécialistes géo-politiques français et les chercheurs historiques chinois se poursuivent et les querelles restent les mêmes.
Q1 : Pourquoi
Argument 1 : selon Monsieur le spécialiste de
Argument2 : Gordon Brown et Angela Merkel ont tous les deux reçu Dalai et ne se sont pas rendus au JO de Pékin (mais ces deux chefs ont-ils lié leur absence à la rencontre avec Dalai?), mais
Conclusion : « ils(les Chinois) ont trouvé où le coin allait rentrer. » :
Q2 :
« Historiquement », souligne-il. Oh lala, quelles perspectives précieuses. Il critique alors les diplomates français qui ont une vision «totalement déconnectée de la réalité ». Qui ça, ces diplomates déconnectés ? Paul Claudel ? Victor Segalen, ou encore Henri Michaux ? Autant critiquer la littérature moderne de
Q3 : « le concours d’excuses »veut dire donc la soumission à Pékin ?
Monsieur le spécialiste de
Q4 : « Ils n’ont pas eu à l’interpréter ! » ?
Vous êtes trop efficace, Monsieur le spécialiste de
Q5 : Qui êtes-vous, Monsieur le spécialiste de
Vous êtes bon spécialiste de
C’est pour cela que vous êtes imprégné des stratégies militaires de nos ancêtres ? C’est pour cela que vous dites que
Enfin, vous alliez me demander mon avis sur cet incident politique. J’épargne un peu mon espace, je propose simplement l’article de presse de l’Ambassade de France en Chine (plus ou moins ignoré par la presse chinoise) , avec lequel je suis d’accord. Et je dis simplement ceci:
Chine, méfie-toi de toi-même.
France, dé-brouillez-vous !
Je me ferais moquer par les gens des deux pays en disant cela. Mais ça a peu d'importance.
Bon dimanche .
一切的类似,
Tous égaux,
一切的不同,
tous différents,
都融合一处,
tous unis,
为了一个宽容的世界
pour un monde de tolérance.
Totem de la tolérance
--réalisé par le Conseil des enfants du 4e , juin 2007
Sais pas que le métro de Shanghai termine à 22H45.
Sais pas où me diriger devant les travaux collectifs à Pudong.
Sais pas respirer dans les poussières.
Sais pas refaire la chambre à moi
Sais pas ranger ma bibliothèque en tas
Sais pas sceller les journaux intimes
Sais pas dérouler le certificat.
Sais essuyer les poussières.
Sais contempler la vieillesse et le délire.
Sais me demander, que faire à l’a-venir ?
Jamais trop tard.