11/07/2009

La porte/ l'état


Il commence à faire chaud à Shanghai. On sent dans l'air l' humidité estivale, une humidité qui maintenant semble être étrange à mon corps. On transpire en peu de temps sans beaucoup se déplacer. Parfois, dans la rue sans ombre, on sent la difficulté de respirer, ou bien on ne sait plus ni ne sent ce qu'on a inspiré, comme si on vivait dans un espace enfermé, pourtant transparent. Alors je me suis demandée, j'ai quitté Shanghai si longtemps que ça, si longtemps que je découvre ce temps sudique comme pour la première fois?

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Sans doute que je me suis déjà très habituée à vivre dans un temps plutôt sec. Mais c'est peut-être le moment de m'acommoder de nouveau à cette humidité d'air, de tout, enfin, car prochainement, probablement pendant bien longtemps, je serai basée à Shanghai, je ferai quelque chose pour Pavillon France, pour l'Expo 2010, pour d'autres choses, je témoignerai cette ville en cette période spéciale, je vis et j'évolue avec elle. Je me dis, et j'en trouve des signes, qu'il serait temps d'y revenir, dans le rythme, l'univers et l'odeur de cette ville; de revenir ramasser un peu des souvenirs qui se dissipent et remontent d'un moment à l'autre.

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Je n'ai plus d'accès sur Facebook depuis quelques jours. Ce qui était imaginé s'est réalisé. Pas besoin de rejoindre le network China et de discuter un peu sur les thèmes politiques pour se faire censurer. Une fois que ce moyen de communication et de connection devient important pour certains et dangereux pour d'autres, vis-à-vis de tels ou tels indicents sociaux-politiques,( bah oui, là j'implique l'émeute à XinJiang, région au far west de la Chine), le lien serait coupé et tous ceux qui en profitent, qu'ils sont concernés ou pas dans l'affaire, sont obligés d'arrêter. On n'en peut rien. Diraient les internautes. On n'en peut rien. Diraient les haut-fonctionnaires. La sécurité. La sécurité est le plus important intérêt du pays. Qu'on soit en paix. En paix.

Et bien sûr, ci-dessus ne sont que mes délires personnels et imaginaires. Mais c'est juste là que j'ai ressenti que Facebook m'est déjà une chose bien importante, dans ma vie actuelle comme dans ma vie d'un passé qui est encore bien frais.



Libellé: en Bribes, in Fabula



2 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est assez intéressant de voir ce point de vue quand on sait qu'ici le discours est plutôt à la tendance inverse: c'est facebook et ses dérives qui sont dangereux. Finalement l'interdire l'est peut être encore plus.

Br'1 a dit…

Je reviens juste de Chine, je suis passée à Shanghai les 12-13-14 et Beijing les 27-28-29 et ce que tu dis sur la respiration dans un espace enfermé (dehors) me parle beaucoup, bien qu'en plus je ne l'ai pas trouvé très transparent. Mon compagnon a eu des crises de claustrophobie dehors en plein jour!
Pour Facebook, et après avoir regardé pendant 3 semaines les infos chinoises à la télé, je trouve la situation très schizophrène: le point de vue officiel très séduisant et positif d'un côté, et la réalité, pourtant pas spécialement honteuse à mon sens, de l'autre. Comme si il fallait croire absolument à un rêve d'harmonie et cacher tout ce qui n'en fait pas partie. Mais je ne prétends pas tout comprendre depuis mon petit monde trop protégé!