En gris, car je me trouve de nouveau angoissée par l'avenir, s'il y a encore l'avenir, par les dates limites, et je me sens finalement fatiguée des écrits académiques et efficaces, fatiguée de la routine actuelle de biblio-cuisine-chambre. J'ai besoin d'un travail pour voir que je suis utile et que j'existe encore. Je pense, parfois trop, mais je ne suis pas.
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J'essaie de mettre en ordre mes notes précédentes mais je me rends compte que c'est un dur travail. Tout est mélangé, il y a pleines de citations qui n'ont rien à voir avec ma dissertation finale. Je peux peut-être en déposer quelques-unes ici. En voilà quatre sous mes yeux:
Ecrire, c'est livrer le reard de solitude absolu que l'on porte sur la soliture absolu de l'autre...La solitude est le seul état qui convienne à l'impératif que l'écrivain ressent de dire tout, y compris ce qu'il ne pensait pas avoir à dire.
La solitude est ce qui ne s'exprime pas; Elle est consubstantielle au silence. Elle est radicale mais nécessaire pour que l'immensité du monde résonne dans le bruit du battement de mon sang, pour que j'éprouve la volupté singulière, trise ou douce, de survivre, de respirer, de pouvoir rester seul malgré cette émotion et cet éloignement de sentir que je vis.
La solitude recourt aux mots pour leur imposer de dire ce qu'ils n'avaient pas été conçus pour dire, elle se sert de leur matière et de leurs rythmes pour créer des cohérences hors des codes qu'ils étaient censés assurer, elle les agence de telles sorte qu'il livrent une singularité sur laquelle on ne saurait s'entendre quand il entre dans la vocation de l'écrivain d'être à jamais incompris. La solitude à laquelle il est voué déjoue les conventions qui à tout instant s'instaurent, elle l'appelle vers tout ce qu'il n'a pas dit, elle lui montre un idéal toujours autres. Il avance dans un désert qui n'est jamais assez le désert.
L'enfant dans une poussette ne regarde plus sa mère mais devant lui. Il(Olivier Rey) remarque, "le retournement des enfants dans les poussettes, afin qu'ils regardent vers l'avant, relève du souci de promouvoir la liberté, la créativité, l'autonomie de chaque individu." Le père ou la mère poursuit sa conversation téléphonique tandis que l'enfant dort ou s'occupe dans son berceau mobile. Chacun est ainsi libéré? Mais de quoi?
(--Magazine littéraire, Hors série, oct-nov. 2007)
3 commentaires:
Bonne fête à toi, Delphine, je ne sais pas ce qu'il faut fêter mais le coeur y est.
Pour la poussette, j'ai eu trois garçons qui se sont très vite retrouvé face au flux des gens qui passent dans la rue, comme ce qu'on appelle en français une "figure de proue": joli mot qui désignait une statue fixée à l'avant des navires, à l'époque où ils avaient des voiles, destinée à fendre les flots. Ca n'a pas si mal réussi à nos gosses, mais ce qui était plus gênant, c'est que la poussette est à la hauteur des pots d'échappement des voitures et du cul des chiens.
intéressant cette figure de proue, comme ça les gosses sont par nature marinier. En effet,l'imagination des enfants est suffisamment puissante pour transformer la foule en flots et le pourri en merveilleux.
Bonne fête !
François
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