24/06/2008

Le Départ

Dimanche dernier j’avais joué du basketball avec les étudiants chinois ici. Ce moment qui évoque une éphémère nostalgie pour ma vie universitaire à Nankin est aussi un moment de dire au revoir aux amis que je viens de connaître. Demain je quitte cette ville et ce pays, ces endroits qui ont leur propre culture, certes, mais dont le système manifeste trop de proximité avec la Chine.

Je ne suis ni triste ni contente cette fois. J’allais dire que j’aurais peu de souvenir pour ce séjour, sinon le trouble, bien des troubles, qui m’avait fait pensé à des choses terribles et qui aurait bien changé une partie de ma vie. Je me souviendrais aussi du vent terrible de la mer, de l’odeur légèrement saumatre de l’air qui occupe constamment mon néz, et du gazouillement des mouettes de partout.


L’unique souvenir qui s’inscrit, ce serait le visage sur le mur : il est dit que c’était un étudiant païen brûlé au XV siècle. L’abréviation de son nom est gravé sur le trottoir : PH, deux lettres superposées en un seul caractère. Quand je marchais sur ce PH pour je crois la troisième fois, un ami me disait qu’il ne fallait pas marcher dessus, si c’était déjà fait, il faudrait alors se jeter dans la mer au mois de mai. «Sinon, me dit-il, tu seras brûlée ». D’être brûlée de pêché religieux, voilà une manière de mort qui fait exotisme. Cette légende me pèse légèrement. J’ai donc accumulé trois péchés, et ça a l’air vrai. Mais je serai encore en retard pour la cérémonie de me laver le péché. Je ne le ferai pas à St Andrews, je me jetterai dans la Méditerranée en plein été.


Une grande leçon d’amour est aussi aquise, sans pourtant une relation amoureuse. Ca a été une leçon sur la fidélité. C’est curieux : pour deux fois, je l’apprends auprès des Français qui ont la réputation d’être infidèles. Quoi encore, je l’apprends à l’envers, dans l’infidélité : Il y a quelques jours, un ancien ami français m’a fait part que son fils de 25 ans, père de deux fils, a mis fin à sa vie parce qu’il ne parvient pas à oublier son ancienne compagne. Je trouvais cette mort à la fois absurde et touchante. Je ne sais pourquoi, j’y vois la fidélité.


Dans les jours à venir, je vais me distraire un peu dans le tour d’expo à Paris, avant de m’enfermer à Perpignan pour expérimenter une vie de recherche sérieuse ou bien celle de l’esclave momentanée des livres. Je vais continuer ma confession silencieuse, je continue à me rétablir aussi, psychologiquement. Je chercherai ma voie pour la suite.


Quant au mémoire, c’est le dernier pas à franchir pendant ces deux ans d’études. Il me faudra y parvenir.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Une promenade à Paris, bonne idée pour commencer l'été.

On trouve les initiales PH dans une encyclopédie célèbre.

L'étudiant Patrick Hamilton avait vingt-quatre ans lorsque le prêtre James Beaton le fit brûler pour préserver l'unanimité du peuple en matière de religion.

Je ne sais pas si James Beaton a lui aussi un monument à St Andrews.

"Mais où sont les neiges d'antan?"

Anonyme a dit…

Pas de nouveau blog pour suivre vos aventures, Delphine?

Delphine a dit…

Non pas de nouveau blog. J'ai pas encore envie de changer de place:-)
Merci pour tes mots Xiao-bob.

Delphine a dit…

C'est par hasard que j'ai revu aujourd'hui ces initiales de PH. je n'avais curieusement pas cliqué sur le lien que vous avez indiqué à l'époque, Io Kanaan.
Merci bcp pour l'image des initiales et du visage sur le mur. Je précise que Gannochy où j'habitais fait partie de St Salvator's Hall et est à 50 metres du pavé.
C'est touchant de les revoir alors que je me trouve maintenant en chine.

Anonyme a dit…

Un blog est une seconde mémoire!