11/09/2009

J'ai un vélo maintenant



Je me suis procurée un vélo, finalement, après des jours d'hésitation et de calcul.

Depuis que j'ai quitté mon lycée, je n'ai pas eu mon vélo à moi. A Nankin je n'en avais pas, pas besoin. C'était 3 ans au campus en banlieue et 1 an au centre-ville. On marchait, parfois courait, et on prenait le bus : c'est plus pratique pour découvrir une ville à grands traits, en bus. En Europe, je n'en avais pas un non plus, pas possible. Je profitais parfois des vélos publics pour me promener à vitesse, pour découvrir le système, et c'est tout.

Le temps que je me trouve de nouveau en Chine, je n'ai toujours pas pensé à en acheter un, on est tellement bien avec le transport en commun. A Pékin, pour le bus comme pour le métro, c'était pas du tout cher, à Shanghai c'est beaucoup plus cher mais on aura la réduction si on en prend plusieurs lignes à la fois et/ou qu'on change de moyens de transport: on prend le bus N.123 puis ligne 1 puis un peu de shopping puis ligne 8, par exemple, et à la fin, de PuXi(l'Ouest du Rive Huangpu) à PuDong(l'Est du Rive Huangpu), on se rendra compte qu'on aura consommé moins que prévu, avec la carte de transport bien sûr.

La réduction consécutive dans la carte du transport m'a toujours fait des surprises, puisque je n'ai jamais trouvé l'équation avec laquelle je parviens à compter juste. Les règles m'échappent. Toutefois une chose est sûre : partez loin, changez, changez et payez moins cher, et consommez moins de temps sur le chemin.  Ils semblent être en train de dire ça, les gouverneurs. Déplacement gagnant-gagnant, et très écolo lorsqu'il n'y a pas un pic de trafic. (puisque entre 17h30 et 18h30, vous verrez bien, le paradis souterrain et l'enfers peuvent alterner en quelques minutes. ) Pas mal non plus lorsque qu'on veut traverser la ville pour aller à la plage, transplantée du Sud de la Chine. (Eh bien oui, maintenant il y a la plage à Shanghai, artificielle et parfois chère, mais ça peut être bien agréable.)

Le confort et l'efficacité ne triomphent pas toujours. Une fois après l'autre, dans le bus, climatisé, embouteillé ou roulant en pleine vitesse, je regarde l'extérieur, laissant tant de détails, d'attractions inconnues effleurer mes yeux. Certains quartiers, jadis connus, ont complètement changé de vue, la cour municipale de mon district est transformée en un quartier d'habitation pleines de tours. Pleines de tours partout, d'ailleurs, de jolies et de moches. De serrées surtout, ces tours de petits carrés qui font partie de la spécialité de Shanghai.

Si le vélo a quelque chose de séduisant pour moi, c'est d'abord que l'on peut avoir de l'espace  dans le déplacement. Je peux maintenant à peine supporter le fait que je suis frôlée, heurtée, pressée, collée, coincée, clouée dans un bus surchargé. Autrefois, aux Français qui, arrivant en Chine, ne comprenaient pas pourquoi les gens les heurtaient, sur le trottoir comme dans les magasins, j'expliquais que ce n'était tout à fait pas fait par exprès ni par malveillance, que les gens ne se rendaient simplement pas compte de l'inconvenance et de la rudesse que pouvaient impliquer ces gestes, mais là, c'est à mon tour de ne pas reprendre l'habitude. Alors je me dis, il est peut-être temps de retrouver l'aisance de pédaler, de pédaler seule sans être seule sur la piste cycliste, quand il y en a, de se laisser enchanter par le vent disons naturel, en s'accélérant, en descendant du pont, sous le grand jour estival et malgré l'air poussiéreux et les gaz pollués qui ennuient. L'allégresse de pouvoir respirer l'air courant, du bye-bye équilibre statique avec le bus.
 
Et puis je crois être capturée de temps à autres par l'esprit tant aventurier que scientifique, qui installe en moi cette obstination de voir de (très) près ce qu'est devenue cette ville, ses rues secondaires, les petites ruelles négligeantes et négligées, dont je connais le nom mais ignore complètement ses aspects visuel et ambiant. Il faut qu'on puisse s'arrêter à tout moment pour aller lire les panneaux des bâtiments d'héritage patrimoine aussi, car il y en a de nombreux maintenant, ces panneaux qui jadis n'existaient pas, et qui identifie les architectures ciblées, souvent de l'ancienne concession, sinon de l'ancien sierge secret des communistes.  On ne peut oublier la Rivière Su Zhou non plus, certaines parties des rives sont devenus très jolies déjà, avec la décoration de lumières colorées, ils donnent tous, lorsque la nuit tombe, des scènes de mirage d'aménagement typique de cette ville. Envie de faire l'expérience de l'expertise, pour voir si les rives, après ou en cours de travaux de raménagement, sont toujours longeables, et ce que me proposeront les pistes sinueuses qui s'écartent du vacarme métropolitain.



La rive gauche sur cette photo est là où je prenais la photo avec Neige l'année dernière. Une fois les travaux terminés, c'est devenu un endroit tout nouveau et inconnu. Quel écrivain a dit ça, il ferait bien de vivre dans son propre pays en tant qu'étranger. Là, je trouve du feeling. C'est inouï. C'est du jamais vécu, ou bien une variation du déjà vécu, mais après tout, c'est pleine d'inspiration et c'est sympa.



Libellé: Chine est-ce Chine, La chineuse chine


03/09/2009

Rétro de la Guerre

(photo: Shanghai, minuit, Nouvel an chinois 2009.)



Le sujet de la guerre ne semble pas être chaud ici à Shanghai. Pas du tout. En ce moment tout tourne autour de l'Expo Universelle, assurément, et le 60e Anniversaire de la Nouvelle Chine, le développement durable et les changements de politique, entre autres. Mais quand même, on en a parlé, pendant une quarantaine de secondes, dans les télé-infos du soir du 1 septembre.

 

Je me suis sensibilisée de nouveau à la Guerre Mondiale lorsqu'on entamait les analyses de socio-sémiotique avec comme matériel le roman les Bienveillants, à Bergamo, et celles de cultural identity à St Andrews, sur les œuvres françaises en temps de l'Occupation. Etudes franco-allemand. Le sujet m'intéresse depuis, quoiqu'au plus souvent, les incidents grands et petits me brouillent.

 

La Guerre, l'Histoire, j'en ai appris au lycée, mais c'est vite oublié aussi parce que les années plus les noms de batailles et/ou les assassinats etc. ne m'intéressaient guère, encore moins que ne m'intéressait la manière dont le prof de l'Histoire de l'époque empruntait pour nous enseigner la Révolution Française. : ça, cependant, c'est je crois l'un des épisodes historiques dont je garde mieux la mémoire, probablement grâce à l'aspect anecdotique du méthode, et à l'ordre esthétique de la progression : république, empire, république, empire, république.

 

Aujourd'hui que je replonge dans la francophonie pour retrouver l'Histoire, c'est comme un tout nouvel apprentissage. Les noms des personnages historiques, et surtout ceux des batailles, des lieux de batailles, apparaissent sous leur formes françaises et m'ont paru tout à fait, ou presque, inconnus. C'est un drôle d'effet, qu'on balance entre deux langues pour réviser une chose déjà connue mais qui réapparaît sous une autre apparence.

 

 

***

 

Je me suis bien amusée à me rendre compte de ce sentiment lorsque je me confronte aux Noms et aux termes de la Guerre II, que citent de temps en temps l'auteure du roman que je traduis. C'est devenu presqu'une obsession pour la elle, l'agente de mannequin française, d'y penser autant à chaque fois qu'elle ressent un moindre conflit idéologique franco-allemand, durant son déplacement obligatoire à Hambourg pour un concours de mannequins. Un cas de nervosité cérébrale, sans doute, mais je trouve merveilleux ce développement exagéré, ce hyper-lien tracé entre les tensions permanentes dans son métier et l'Histoire, qui nous est pas très éloignée encore. Le terme de « la guerre » peut être universel, bien entendu, et le sens qu'il peut incarner est déjà exploité, démontré, d'une formule plus ou moins radicalisée, par Le Clézio en 1970. Je ne prétends pas avoir aimé ce livre, ni ne suis-je d'accord avec cette fureur de ton qui traverse les pages. Pourtant je suis attirée.

 

Puis voilà que dans Le Point (semaine du 20 août 09) est paru un dossier de…disons commémoration, que je trouve très intéressant (et j'admire le style de l'auteur) : car je n'avais jamais lu d'aussi près comment la presse française réexamine, ou autant dire refait le compte du déclenchement de la guerre. Au déroulement du début de la Guerre II sur le territoire européen, on irait presque appliquer le mot « aberrant ». L'attribut.

 

En voici deux articles, parmi quelques d'autres :


 

1939, derniers vertiges avant la guerre

 

Nos écrivains face à la guerre

 


 

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Dans le second article, j'ai relevé notamment ce paragraphe :

 

« Le soir, Giraudoux me fit appeler dans son bureau. A un officier supérieur, qui lui demandait, d'un ton également supérieur, ce que l'imagination entendait opposer aux inventions de Hitler, il répondit : "Le grand Cyrus" [roman de Mlle de Scudéry, XVIIe siècle, NDLR]. La réplique me plut, mais la fantaisie et la désinvolture du plus français des Français allaient-elles être efficaces ? » (André Maurois, « Mémoires », Flammarion.)

 

L'épisode me rappelle la scène de Honoré contre Sarkozy sur La Princesse de Clève : La Belle Personne est projeté, et discuté, il n'y a pas une semaine à l'Af. Mais de Sarko à Hitler, ça, c'est quand même confrontation à l'outrance. Le mépris et la détermination de l'hégémo- nettoyage n'est pas sur la même échelle moraliste.

 

Et si l'on rappelle un classique à nos dirigeants à nous, les chinois ? Non, nos dirigeants sont trop cultivés, de plus en plus même, pour que l'on leur rappelle quoi que ce soit-- c'est eux qui donnent les listes des livres à lire, normalement. Ou sinon… on se déclare pas content en posant un Fleur en fiole d'Or ? Non mais je blague.

 

 

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Quelques extraits fragmentaires du compte à rebours dans le dossier :

 

Le 1 septembre :

Distribution du masque à gaz en Ile-de-France : il en manque un centaine de million de masques au moment de la distribution. Et : « Précision : seuls les Français ont droits à un masque ». (très de Funès, et que le cosmopolitisme se retire en temps de guerre, ma parole)

 

Le 2 septembre :

Mobilisation ; distribution du « petit guide de la défense passive ». (j'ai bien ri)

 

Le 3 septembre :

A 11h30, Neville Chamberlain annonce à la BBC que la Grande Bretagne déclare la guerre à l'Allemagne. 

A 17 heures, la France fait de même.  (c'aurait été bien l'une de la face ombre de la France?)

 


 

 Libellé: la chineuse chine


30/08/2009

Dix ans... déjà?

Panneau- L'ancien site du Cinéma Hongkou d'avant 1949


Quand on se plante un jalon et qu'on compte le temps jusqu'en 10 ans, à la bonne heure de la bonne date, on va se dire, en se croyant rêver: eh bien, déjà?

Les 10 ans que j'ai compté me semblent bien être d'une courte durée. Et c'est bien le temps qui chasse, de pleine vigueur. Dans cette course, on peut se trouver vidé et sans mots dire, en s'arrêtant un peu pour pauser, en se retournant, probablement pour résumer... ou pourquoi pas présumer, comme si rien n'avait été vécu, que rien n'avait jamais été vécu. Aucun épanchement n'est possible... cloisonnement total.


***

Le cloisonnement. Je ne sais pas si le mot est employé ici de façon convenable ou pas. J'ai trouvé le mot, l'ai trouvé intéressant, lorsque je préparais un article sur Van Gogh et sa salle de danse "Aux Folies Arlésiennes". On parlait du style "cloisonniste" venu de Gauguin. Là, j'étais bloquée, je peinais à correctement organiser les mots pour décrire l'effet visuel et ambiant, contourner, entourer, cerne, trait, courbes, figures, formes, couleur foncée, rythme, ondoyant, ces mots m'ont bel et bien embrouillée, et si ce n'était pas le secours linguistique, je m'en sortirais mal.

Alors que j'avais le choix parmi plusieurs oeuvres impressionnistes pour écrire l'article, j'ai pris Van Gogh pour démarrer. C'est juste parce que, le jour où j'étais à l'Alliance Française devant un tas de DVD, je tombai sur le film Van Gogh réalisé par Maurice Pialat, et que j'ai été très touchée par le film: l'histoire, le cadrage, les couleurs, le bleu de Prusse qui déborde de la palette de Van Gogh. C'était sur les derniers jours de Van Gogh, à Auvers-sur-Oise. C'est dans un univers pittoresque, insouciant, presque serein, pourrait-on dire, que Van Gogh sombre peu à peu, imperceptiblement en quelque sorte, dans le désespoir qui le mène au suicide. Les bals merveilleux et permanents, le costume de l'Arlésienne que portait l'une des filles (si je ne me trompe sur le costume, puisque tout de même, Auvers-sur-Oise n'est pas la Provence...), les coiffures surtout, rubanées, quintescence d'une beauté fantastique et... comment dire, étreignante. Trop parfaite à saisir.

Pialat parvient à mettre en valeur, comme il l'a fait dans Sous le soleil de Satan, une certaine tension intérieure et la nervosité qui sont de l'échelle sinon religieuse, au moins spiritiuelle. Juste un plan américain qui cible un visage impassible, les sourcils légèrement froncés, et avec les jeux de lumières et d'angle de vue, le réalisateur parvient à laisser apercevoir cette angoisse profonde qui habite le peintre. Comment peut-on oublier d'ailleurs la fameuse ronde de nuit, représentée comme un rappel à la fin d'un spectacle, et qui restitue un sentiment pareil que celui qui se fond dans le tableau?

Dans le tableau: si ce sont les traits de couleur foncée qui identifie le style "cloisonniste", j'y vois également l'illustration d'un état de controverse : de même que ces traits semblent  pétrifier les gens, de même ils fournissent à ceux-ci une touche de primitivité, d'élan sous-jacent. Le temps semble couler à l'intérieur et se coagulera dès qu'il sort du cadre. Envoûtant.


26/08/2009

Le 25 août, Paris


C'était lorsque j'étais à Paris, c'était lorsque j'attendais un ami en passant par la place République.

Et cette stèle près d'un arbre, Dieu sait comment, m'a capté l'attention.

Je me suis souvenue ainsi de la date de la libération de Paris. 




nb sur les commentaires:  Veillez m'excuser de ne pas avoir répondu aux commentaires. Toujours pas d'accès direct sur mon blog et je ne peux envoyer les billets que par le mél, en plus pas de modif possible.

Sur le dernier commentaire: je vous montrerai de mon côté la "situation schizophrène" que j'ai constatée. Pour ce qui est de la crise de claustrophobie, eh bien je connais ça, c'est tout à fait possible. Maintenant il semble que la consultation psychologique est aussi à la mode ici qu'en Europe.


11/07/2009

La porte/ l'état


Il commence à faire chaud à Shanghai. On sent dans l'air l' humidité estivale, une humidité qui maintenant semble être étrange à mon corps. On transpire en peu de temps sans beaucoup se déplacer. Parfois, dans la rue sans ombre, on sent la difficulté de respirer, ou bien on ne sait plus ni ne sent ce qu'on a inspiré, comme si on vivait dans un espace enfermé, pourtant transparent. Alors je me suis demandée, j'ai quitté Shanghai si longtemps que ça, si longtemps que je découvre ce temps sudique comme pour la première fois?

***

Sans doute que je me suis déjà très habituée à vivre dans un temps plutôt sec. Mais c'est peut-être le moment de m'acommoder de nouveau à cette humidité d'air, de tout, enfin, car prochainement, probablement pendant bien longtemps, je serai basée à Shanghai, je ferai quelque chose pour Pavillon France, pour l'Expo 2010, pour d'autres choses, je témoignerai cette ville en cette période spéciale, je vis et j'évolue avec elle. Je me dis, et j'en trouve des signes, qu'il serait temps d'y revenir, dans le rythme, l'univers et l'odeur de cette ville; de revenir ramasser un peu des souvenirs qui se dissipent et remontent d'un moment à l'autre.

***

Je n'ai plus d'accès sur Facebook depuis quelques jours. Ce qui était imaginé s'est réalisé. Pas besoin de rejoindre le network China et de discuter un peu sur les thèmes politiques pour se faire censurer. Une fois que ce moyen de communication et de connection devient important pour certains et dangereux pour d'autres, vis-à-vis de tels ou tels indicents sociaux-politiques,( bah oui, là j'implique l'émeute à XinJiang, région au far west de la Chine), le lien serait coupé et tous ceux qui en profitent, qu'ils sont concernés ou pas dans l'affaire, sont obligés d'arrêter. On n'en peut rien. Diraient les internautes. On n'en peut rien. Diraient les haut-fonctionnaires. La sécurité. La sécurité est le plus important intérêt du pays. Qu'on soit en paix. En paix.

Et bien sûr, ci-dessus ne sont que mes délires personnels et imaginaires. Mais c'est juste là que j'ai ressenti que Facebook m'est déjà une chose bien importante, dans ma vie actuelle comme dans ma vie d'un passé qui est encore bien frais.



Libellé: en Bribes, in Fabula



05/07/2009

Boîte de musique


C'est presqu'une maladie de vouloir tout refaire, reprendre, recommence, de tout reconnaître.

C'est une merveille de se croire en voyage alors que l'on est dans sa propre ville...enfin, en disant propre, j'entends dire le pays natal.

En me déplaçant dans cette ville en pleine préparation pour l'Expo Universelle 2010, je reçois à chaque moment des surprises qui vont jusqu'à surcharger mon esprit, et à chaque moment je repère dans tels ou tels coins une sorte de beauté qui n'invite pas tout de suite à méditer mais de laquelle on attend quelque chose qui servirait de signe de transformation et d'évolution, tant urbanistiques que métaphysiques: peut-être, on irait répéter ce mot qui n'indique rien qu'une possibilité en pensant que tous ces travaux mériteraient d'être faits, pour que ce qu'il faut conserver soit conservé et que ce qui est usagé soit reconstruit, ou réparé.

A la maison comme dans cette ville, c'est presque la même chose que j'ai ressenti. Changer. Faire du ménage et rendre habitable/exposable ce foyer. En déposant mes valises et en respirant l'air poussiéreux dans ma chambre, j'ai le curieux sentiment d'être revenue non pas de Pékin mais de l'Etranger. Pour une fois j'ai eu envie que tout soit renouvelé et que j'occupe de nouveau cet espace de 14 m2. Cinq mois à Pékin, c'est tellement long que cela, tellement que je me trompe du pays où je vis? Et pourtant cette fois-ci, je me dis... mais non, je ne le dis pas,  j'entends juste murmurer en moi une voix qui dit que cette fois-ci, reste, reste un peu plus longtemps quand même pour revoir et revivre cette ville, apprends à vivre dans ton espace qui est à toi pour le moment, et qui, il est vrai, demande un grand cleaning- rangement avant qu'une vie agréable ne se voie possible. Apprends à ne pas fuire, à s'affronter directement à ce à quoi on s'attache: c'est difficile par fois de regarder en face ce ténèbre de gouffre dans lequel résonne une certaine sirène qui nous chante nos passés en faisant apparaître dans notre cerveau (et non pas dans le noir du gouffre) les images plus concrètes que les notes musicales et qui s'appellent: les souvenirs.

Hier tard le soir, j'ai fouillé ma table de nuit afin de retrouver ma radio, et au lieu de trouver celle-ci, j'ai trouvé un CD-player en panne et abandonné (j'ai toutefois gardé son corps), machine qui a remplacé le Walkman et qui aujourd'hui est remplacée par le mp3. Quelle course-poursuite entre les baladeurs. J'ai ouvert le coffret pour traouver un disc de... Charles Trenet, l'indispensable! Je marque un point d'exclamation parce que l'autre jour où M. Pessis, celui qui a écrit le texte de la pièce musicale sur Piaf, me demanda connaissez-vous les chansons de Charles Trenet, je répondis oui sans pouvoir me rappeler tout de suite quelles chansons je connaissais exactement de lui. Je ne savais pas du tout que j'avais un disc de Trenet, apparu devant mes yeux en tant qu'un cadeau ressorti de la vie du passé.

Et le temps qu'on pousse un "Ah..." devant ce genre de cadeau qu'on a inconsciemment préparé autrefois pour soi-même, se produit un circuit électronique qui va de l'oubli au je m'en souviens et du je m'en souviens à l'oubli: appelle ça aussi de la nostalgie?



Libellé: in Fabula, En bribes


Vive la mariée

Un mariage aurait eu lieu aujourd'hui à Pékin, celui d'une amie française avec un acteur chinois bien célèbre. J'ai intervenu au début de la préparation de la noce, et comme j'en ai parlé, ai traduit une chanson de Barbara que la mariée a choisi pour cette soirée qui devrait être pour elle très importante. C'est dommage que je ne peux témoigner cette alliance de mes propres yeux, par de diverses raisons, mais je me souviendrai du sourire rempli de bonheur et de l'éclat du regard de la mariée en évoquant son amour, du texte de mariage que j'ai traduit et qui m'a véritablement touché par son côté sacré, du bonheur même de ce mariage mixte qui n'aurait pas été facile étant donné qu'ils font partie de la célébrité cinématographique chinoise.

Toutes mes voeux de mariage pour ce couple, pour leur vie d'artiste et de multi-culture qui continue à s'épanouir dans une nouvelle forme.



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褐发的女子 / La Dame Brune

De Georges Moustaki et Barbara

 

 

 

为那个褐发的女子,在月光里Pour une longue dame brune, j'ai inventé

我写下了一首歌词,几段旋律 Une chanson au clair de la lune, quelques couplets.

若她有一天能听到,她会明白 Si jamais elle l'entend un jour, elle saura

这是一首爱情的歌,是我们的爱 Que c'est une chanson d'amour pour elle et moi.


 

我是那褐发的女子,让你等待 Je suis la longue dame brune que tu attends.

我是那褐发的女子,我已明白 Je suis la longue dame brune et je t'entends.

还在月光下歌唱着,我走向你。Chante encore au clair de la lune, je viens vers toi.

你的吉他,命运之琴,把我引领。Ta guitare, orgue de fortune, guide mes pas.

 

 

皮埃罗那日上午把妙笔借给我啦 Pierrot m'avait prêté sa plume ce matin-là.

我在那命运之琴上,定音为LA A ma guitare de fortune j'ai pris le la.

边写着我边自以为是个 优秀诗人 Je me suis pris pour un poète en écrivant

诗意字眼闪现脑中,像拂过清风 Les mots qui passaient par ma tête comme le vent.

 

 

皮埃罗那夜里把妙笔 给了你啦 Pierrot t'avait prêté sa plume cette nuit-là.

在你的命运之琴上,你定音为LA A ta guitare de fortune, tu pris le la,

听歌时我把你当成个 优秀诗人  Et je t'ai pris pour un poète en écoutant

诗意字眼闪现脑中,像拂过清风 Les mots qui passaient par ta tête comme le vent.

 

 

我想象着心目中那个 褐发女子  J'ai habillé la dame brune dans mes pensées

戴着一层粉色面纱,雾一般轻盈 D'un morceau de voile de brume et de rosée.

在身边为她留好被褥,给她安全感 J'ai fait son lit contre ma peau pour qu'elle soit bien,

在我的臂膀里受庇护,并感觉温暖 Bien à l'abri et bien au chaud contre mes mains.

 

 

我头戴轻雾一样的 粉色薄纱 Habillée de voile de brume et de rosée

我是你想象的那女子,有褐色头发 Je suis la longue dame brune de ta pensée.

还在月光里唱着歌,我走向你 Chante encore au clair de la lune, je viens vers toi.

透过了千山万里,我听见你声音。A travers les monts et les dunes, j'entends ta voix.

 

 

为那个褐发的女子,在月光里 Pour une longue dame brune, j'ai inventé

我写下了那一首歌词,几段旋律 Une chanson au clair de la lune, quelques couplets.

我知她总有天能听见,或许是明天 Je sais qu'elle l'entendra un jour, qui sait demain,

只想这情歌能让我们 把誓言结 Pour que cette chanson d'amour finisse bien.

 

 

嘿,我是那褐发的女子,曾跋涉千里 Bonjour, je suis la dame brune, j'ai tant marché.

嘿,我是那褐发的女子,已找到你 Bonjour, je suis la dame brune, je t'ai trouvé.

在你铺上给我留半边,我就满足 Fais-moi place au creux de ton lit, je serai bien,

在你怀里我感觉温暖,并受庇护。 Bien au chaud et bien à l'abri contre tes reins.