30/12/2007

Fait beau

Le flux de silence dans la résidence.
La foule des fêtes, baignée dans l’ambiance.
Va traîner dans le monde,
Regarder.
Entendue le murmure.

La tramontane chante.
Le soleil rampe dans le corridor, sud-est.
Va allumer la danse des ailes migratrices,
Lire.
Devenue muette.

Je fais rien.
Je vais nulle part.

23/12/2007

Cadeau virtuel exceptionnel

J'entends partager avec vous Un cadeau de Noël exceptionnel que l'Université de Bergamo nous a envoyé. Je vous souhaite, vous qui venez me lire, de très joyeuses fêtes, de bouffes superbes, et surtout de bonnes humeurs! \o/

Je ferai une petite halte pour aller voir la dame de cognac. Puis je retourne travailler pour pouvoir quitter la France avec plus de placidité que l’année dernière. Je continue morceau par morceau mon récit (si je peux l’appeler un récit), du coup ça devient beaucoup plus long que je croyais...

En proie à India Song(ii) -Ce que devient la création

« La mendiante, c’est vrai ; le Vice-Consul, c’est vrai ; Anne-Marie Stretter, c’est vrai ; le Mékong, c’est vrai ; Calcutta, c’est vrai. La seule chose qui n’est pas vraie, c’est moi. Le problème depuis le commencement de ma vie, c’est de savoir qui parlait quand je parle et s’il y a invention, elle est là. » (Marguerite Duras)


Je vous remercie, vous, pour vos discussions sur ce que vous nommez comme blog littéraire. Ca m’avait bien inspirée.

Merci à Ben. Je savais pas que le rêve, c’était le désir. Et le désir, c’est « la construction d’une région, l’agencement multiple » : l’agencement des bribes, des styles, du mouvement entre l’en-deça et l’au-delà universels ; l’agencement pour une consistance énonciative certaine: multiplicité du concept, intensité de l’affect, représentabilité du percept. Un agencement comme tel, pour moi, c’est l’installation artistique. C’est la création du temps moderne.

Merci à Mart. Oui, la littérature, la vraie, comme le cinéma d’ailleurs, se fait par Nature. La littérature, par nature, c’est tout, c’est-à-dire qu’elle ne sert à rien. (L’inverse est la philo, la vraie, qui n’est rien et qui passe-partout) Elle n’a de sens réel que pour l’auteur, pour l’occuper et l’em-bêter ; elle n’a de sens pour l’auteur que PENDANT le processus de la mise-en-texte : achever un texte, c’est de le quitter : comme une mère quitte son enfant, un maître son apprenti. Et inversement.
Le rapport entre la Nature de l’auteur et la Culture n’est ni l’imitation ni la reproduction simple, mais celui d’une rencontre dans un lieu de Crossway. La Culture, la bonne (les citations par ex), sert de repère à la Nature pour que celle-ci se repère et se révèle dans un désert. La Culture est à passer par et à é-puiser, pour que la Nature décline son pouvoir et sa possession, qu’elle continue à avancer, avec spontanéïté et autonomie radicales.

Merci à François. Parlons donc du monologue. Le lieu du soliloque onirique est un espace clos, comme celui d’une cellule, à l’intérieur de l’auteur : ce qui se passe dedans, c’est le détachement de l’auteur des circonstances réelles, ainsi pert-il l’identité univoque puisque sans référence des codes sociales ; c’est sa renonciation à être au présent, devient-il alors intempestif, errant dans le passé et dans le futur. Ecrire, pour lui , est donc un «espacement du temps ».
L'écriture, l’authentique, n’est pas pour être lue, mais pour la connaissance et la survie de l’auteur lui-même. C’est le dialogue de l’auteur avec son ombre, c’est-à-dire son double. C’est une geste de l’impuissance.

Merci à Guillaume, pour m’avoir révélé la question du territoire. Un déclic dans ma quête de la nature du film-culte durassien et du cinéma moderne, déclic qui conduit à ce que le livre d’Image-Temps, « Histoire naturelle du cinéma moderne », a été écrit par Deleuze comme re-présentation/ re-inscription de sa théorie précédente. Déclic dans le trouvaille et les retrouvailles de moi-même.

* * *

La littérature, comme la création en général, c’est l’agencement équilibré de la fluctuation du tout-et-rien, du plein-et-vide. Celui qui crée, c’est celui qui sait qu’il va dire mais ne sait encore ce qu’il aura dit ; et ce qu’il aura dit, c’est-à-dire sa créature, n’est pas ce savoir, mais la ré-flexion et la ré-verbération du savoir. Un savoir bien-senti.

Je dois peut-être donner des exemples. Exemple simple : la mise-en-page. Un typographe ne va pas combler totalement la page vierge avec le texte, il réserve la marge. La marge, c’est la possibilité de la transformation du texte, c’est accomplir la vivacité du texte.

Exemple intermédiaire : Rousseau a-t-il tout dit dans les Confessions ?

Exemple complexe : Ah... dites donc ! Au début, je ne savais pas que je parviendrais à ceci : la convergence de Duras, de Deleuze vers l’acte de l’agencement. L’agencement, c’est le processus de la création. Et la Nature de ce processus, c’est ce qu’on appelle le Dao...

22/12/2007

En proie à India Song (i)- les Dépossédés

« La littérature fait du mal. Elle ne fait pas de mal aux autres,ni à la personne qui écrit, mais à celle qui aurait dû être.» (Marguerite Duras)


Il me possède, ce film. Chaque fois que le je revois, je me trouve désemparée à l’intérieur.

Oui, vous le comprenez sans doute. Bercé dans la mélodie d’India Song, on entend le cri du Vice Consul. Sublime, ce cri, qui transperce le pénombre humide du Calcutta désert, enveloppe le corps d’Anna-Maria Guardi, entraine le spectateur vers le désespoir. En vain de s’y échapper.

Cri d’Anne-Marie Stretter dans le silence. Un cri étouffé et étouffant, clos dans son corps qui tombe sur le piano, au moment du délire de Vice Consul. Inutile, la main de Michaël Richardson sur son épaule.

Oui, ce sont les dépossédés. Un lieu de la passion, de la douleur, du désir. Ce sont les déterritorialisants et les déterritorialisés. La désidentité.


J’ai trouvé par hasard la chanson d'India Song: ECOUTER . Sa parole se trouve ICI Pour ceux qui s’intéressent au film, je vous propose de lire CECI. Et ce DOSSIER regroupe bien des propos de Duras sur le film, la partie sur A-M Stretter me paraît assez pertinente.

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Description du mémoire- Master Mundus Crossways

(Titre) India Song, Poétique d’un Cinéma Polymorphe

Le film d’India Song est tourné par M. Duras à partir de plusieurs de ses oeuvres littéraires. L’ambiguïté du genre et notamment la singularité de son tournage ont donné au film un statut hétérogène dans le monde du cinéma, qui méconnaît parfois la création cinématographique de Duras. Notre recherche envisage donc une étude sur la constitution du film : nous examinerons ses aspects esthétiques, établissant un univers poétique à la fois envoutant et lancinant, et nous analyserons ensuite les thèmes profonds qui se dégagent de cet univers. Nous essaierons enfin d’évaluer cette création durassienne comme processus d’une double « déterritorisation »: celle des moyens de tournage, qui quittent le milieu du cinéma de la représentation pour établir un espace « polymorphe » inédit ; et celle des figures principales, qui vont par-delà leurs circonstances réelles et se trouvent dans un lieu de la désidentité. Nous empruntons principalement des méthodes esthétiques et philosophiques pour nos analyses.

02/12/2007

Blog, ou boîte magique qui met le rêve en conserve

J'ai découvert récemment ce blog sino-francophone d'une jeune femme chinoise:
http://tong-toulouse.blogspot.com/2007_11_01_archive.html .

Les billets, sur les thèmes sociaux pour la plupart, sont écrits d'une vision interculturelle, d'un ton apaisé. Ils font réfléchir aux lecteurs des deux pays

Il parait que l'on a pris le même point de départ pour créer un blog : simulation et mise en conserve de nos rêves. Rêve d'être écrivain pour moi, rêve d'être journaliste pour elle.

Bonne lecture.

Après l’orage, le déluge


Avant le conflit de mercredi après-midi, on jouait l’innocent pour demander aux qq militants derrière les barrières ce qui se passait. On se demandait s’ils n’étaient pas saisis par qqch, car ils répondaient d’un ton extrèmement calme qu’ils devaient bloquer et continuer à bloquer.
Leur regard que j’avais capté me rappelait La Haine de Kassovitz.



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Il faisait beau cet après-midi.


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Celui que j’admire le plus pendant le mois de novembre, c’est le Président de l’Université. Il est resté neutre quel que soit le résultat du vote, il organise tout avec son conseil et fait des décisions étape par étape : mise à jour des communiqués et les arrêtés, information des votes et la consultation électro, appel à l’évacuation de la fac malgré l’agression personnelle la veille du ptit conflit, fermeture temporaire de la B.U pour éviter que la situation ne s’aggrave, puis vote au sein du Conseil d’administration : « Jeudi à 9hrs, consultation à la reprise des cours du Conseil d’administration de l’UPVD. Vote à l’unanimité. Reprise des cours à compter du vendredi 29 nov. »

Résultat immédiat du rattrapage : Confessions 1ière Partie + Rêveries, lecture en deux semaines pour mon exposé pré-dossier sur le thème de « se perdre »...Qu’on ne vive plus.

Au travail donc.

Apolitique, ET Mobilisé (ou Leçon de la Démocratie)

--... Bien sûr , le ET, c’est la diversité, la multiplicité, la destruction des identités...mais ce n’est pas une subsistance d’un primat de l’Un, donc de l’être...La multiplicité est précisément dans le ET, qui n’a pas la même nature que les éléments, ni les ensembles. (--G. Deleuze, sur J.J Godard)



"Je suis désolée, ils ont 236 de votes en plus que nous. Le blocage continue... Mais ne nous décourageons pas ! Nous insistons sur notre position, nous sommes apolitiques, ET mobilisés !" Ainsi déclara la représentante des dé-bloqueurs lors du vote pendant la deuxième semaine du blocage.

J’avais bien souhaité que le blocage disparaitrait comme ma fièvre inexplicable. Mais j’étais pas déçue. J’étais bien touchée par cette identification avec le ET, cette contradiction qui était pourtant une attitude assez juste. Assez juste, car quand la lois devient douteuse, la morale vient fonctionner à sa place.

J’étais de même touchée par les votes, par toutes ses démarches. Il y avait la passion dans les deux camps, mais le principe du vote, de la vérification du droit à la signature de la pétition, était respecté par tout le monde. L’ordre était maintenu.