22/12/2007

En proie à India Song (i)- les Dépossédés

« La littérature fait du mal. Elle ne fait pas de mal aux autres,ni à la personne qui écrit, mais à celle qui aurait dû être.» (Marguerite Duras)


Il me possède, ce film. Chaque fois que le je revois, je me trouve désemparée à l’intérieur.

Oui, vous le comprenez sans doute. Bercé dans la mélodie d’India Song, on entend le cri du Vice Consul. Sublime, ce cri, qui transperce le pénombre humide du Calcutta désert, enveloppe le corps d’Anna-Maria Guardi, entraine le spectateur vers le désespoir. En vain de s’y échapper.

Cri d’Anne-Marie Stretter dans le silence. Un cri étouffé et étouffant, clos dans son corps qui tombe sur le piano, au moment du délire de Vice Consul. Inutile, la main de Michaël Richardson sur son épaule.

Oui, ce sont les dépossédés. Un lieu de la passion, de la douleur, du désir. Ce sont les déterritorialisants et les déterritorialisés. La désidentité.


J’ai trouvé par hasard la chanson d'India Song: ECOUTER . Sa parole se trouve ICI Pour ceux qui s’intéressent au film, je vous propose de lire CECI. Et ce DOSSIER regroupe bien des propos de Duras sur le film, la partie sur A-M Stretter me paraît assez pertinente.

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Description du mémoire- Master Mundus Crossways

(Titre) India Song, Poétique d’un Cinéma Polymorphe

Le film d’India Song est tourné par M. Duras à partir de plusieurs de ses oeuvres littéraires. L’ambiguïté du genre et notamment la singularité de son tournage ont donné au film un statut hétérogène dans le monde du cinéma, qui méconnaît parfois la création cinématographique de Duras. Notre recherche envisage donc une étude sur la constitution du film : nous examinerons ses aspects esthétiques, établissant un univers poétique à la fois envoutant et lancinant, et nous analyserons ensuite les thèmes profonds qui se dégagent de cet univers. Nous essaierons enfin d’évaluer cette création durassienne comme processus d’une double « déterritorisation »: celle des moyens de tournage, qui quittent le milieu du cinéma de la représentation pour établir un espace « polymorphe » inédit ; et celle des figures principales, qui vont par-delà leurs circonstances réelles et se trouvent dans un lieu de la désidentité. Nous empruntons principalement des méthodes esthétiques et philosophiques pour nos analyses.

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