« La mendiante, c’est vrai ; le Vice-Consul, c’est vrai ; Anne-Marie Stretter, c’est vrai ; le Mékong, c’est vrai ; Calcutta, c’est vrai. La seule chose qui n’est pas vraie, c’est moi. Le problème depuis le commencement de ma vie, c’est de savoir qui parlait quand je parle et s’il y a invention, elle est là. » (Marguerite Duras)
Je vous remercie, vous, pour vos discussions sur ce que vous nommez comme blog littéraire. Ca m’avait bien inspirée.
Merci à Ben. Je savais pas que le rêve, c’était le désir. Et le désir, c’est « la construction d’une région, l’agencement multiple » : l’agencement des bribes, des styles, du mouvement entre l’en-deça et l’au-delà universels ; l’agencement pour une consistance énonciative certaine: multiplicité du concept, intensité de l’affect, représentabilité du percept. Un agencement comme tel, pour moi, c’est l’installation artistique. C’est la création du temps moderne.
Merci à Mart. Oui, la littérature, la vraie, comme le cinéma d’ailleurs, se fait par Nature. La littérature, par nature, c’est tout, c’est-à-dire qu’elle ne sert à rien. (L’inverse est la philo, la vraie, qui n’est rien et qui passe-partout) Elle n’a de sens réel que pour l’auteur, pour l’occuper et l’em-bêter ; elle n’a de sens pour l’auteur que PENDANT le processus de la mise-en-texte : achever un texte, c’est de le quitter : comme une mère quitte son enfant, un maître son apprenti. Et inversement.
Le rapport entre la Nature de l’auteur et la Culture n’est ni l’imitation ni la reproduction simple, mais celui d’une rencontre dans un lieu de Crossway. La Culture, la bonne (les citations par ex), sert de repère à la Nature pour que celle-ci se repère et se révèle dans un désert. La Culture est à passer par et à é-puiser, pour que la Nature décline son pouvoir et sa possession, qu’elle continue à avancer, avec spontanéïté et autonomie radicales.
Merci à François. Parlons donc du monologue. Le lieu du soliloque onirique est un espace clos, comme celui d’une cellule, à l’intérieur de l’auteur : ce qui se passe dedans, c’est le détachement de l’auteur des circonstances réelles, ainsi pert-il l’identité univoque puisque sans référence des codes sociales ; c’est sa renonciation à être au présent, devient-il alors intempestif, errant dans le passé et dans le futur. Ecrire, pour lui , est donc un «espacement du temps ».
L'écriture, l’authentique, n’est pas pour être lue, mais pour la connaissance et la survie de l’auteur lui-même. C’est le dialogue de l’auteur avec son ombre, c’est-à-dire son double. C’est une geste de l’impuissance.
Merci à Guillaume, pour m’avoir révélé la question du territoire. Un déclic dans ma quête de la nature du film-culte durassien et du cinéma moderne, déclic qui conduit à ce que le livre d’Image-Temps, « Histoire naturelle du cinéma moderne », a été écrit par Deleuze comme re-présentation/ re-inscription de sa théorie précédente. Déclic dans le trouvaille et les retrouvailles de moi-même.
* * *
La littérature, comme la création en général, c’est l’agencement équilibré de la fluctuation du tout-et-rien, du plein-et-vide. Celui qui crée, c’est celui qui sait qu’il va dire mais ne sait encore ce qu’il aura dit ; et ce qu’il aura dit, c’est-à-dire sa créature, n’est pas ce savoir, mais la ré-flexion et la ré-verbération du savoir. Un savoir bien-senti.
Je dois peut-être donner des exemples. Exemple simple : la mise-en-page. Un typographe ne va pas combler totalement la page vierge avec le texte, il réserve la marge. La marge, c’est la possibilité de la transformation du texte, c’est accomplir la vivacité du texte.
Exemple intermédiaire : Rousseau a-t-il tout dit dans les Confessions ?
Exemple complexe : Ah... dites donc ! Au début, je ne savais pas que je parviendrais à ceci : la convergence de Duras, de Deleuze vers l’acte de l’agencement. L’agencement, c’est le processus de la création. Et la Nature de ce processus, c’est ce qu’on appelle le Dao...
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1 commentaire:
C'est moi qui te remercie pour tes brillants commentaires. JE TE SOUHAITE UNE BONNE ANNEE 2008 ! François
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