15/01/2009

Jeu de l'extrait au sort

Il y a quelques temps, sur Facebook se circule un jeu d'extrait bien intéressant. Il faudra faire un extrait en tant que l'attribut du status de chacun, suivant les règles ci-dessous:

* Attrapez le livre le plus près de vous. Maintenant.
* Allez à la page 56.
* Trouvez la 5e phrase.
* Écrivez cette phrase dans votre statut.
* Copiez ces instructions en commentaire à votre phrase.
* Ne cherchez pas votre livre préféré ou le plus cool mais bien le plus proche

C'est un peu comme tirer au sort, et voici mon résultat:

Delphine is: je dis que c'est comme partout.

Le livre en question est l'Amant de Duras. En ce moment de l'extrait au sort, j'étais encore à Paris, contente de ce livre d'occasion que je me suis procurée à un prix chinois chez Amazon. Je me suis surprise en rendant compte que je n'ai pas trop aimé ce roman le plus connu de Duras. J'en ai lu les fragments en français, j'ai aimé, j'ai vu le film, j'ai bien aimé aussi. Mais en tant que roman, en plus roman duraissen, le cycle indien(si l'on confirme l'appellation du "cycle" chez Duras), dont le Vice-consul et le Ravissement de Lol V Stein, est de loin plus fort et plus saisissant que ce roman couronné et incroyablement populaire. Ce roman me rappelle ironiqument d'un propos de Duras qui a toujours été un peu ironique: "Ecrire, parfois, ce n'est autre chose que de se faire la publicité."(extrait par mémoire, dans l'Ecrire) Ce jugement conviendrait bien au cas de l'Amant qui ne me plaît pas trop dans sa globalité.

Mais cette phrase devient essentielle pour moi lorsque je l'ai extraitée en suivant l'indication. Malgré son contexte plutôt séduisant qu'érotique, cette phrase me serait bien utile et me servirait en beaucoup d'occasions: "je dis que c'est comme partout."

Parce que je crois que c'est la démystification des choses.

08/01/2009

Memoirs in China, ou Les maladies et les remèdes-(II)

En citons quelques-uns :

- CAO Ru-qi, lao ye ou le maître de famille pourri et autoritaire, ne s’occupe que de son grand pot dans lequel il jette les insects selon une recette secrète pour cuire la soupe de longévité, et s’irrite violemment lorsqu’il s’agit de l’amour adultère dont il a été le victime(et pourtant l’histoire adultère se répète comme une malédiction semée dans sa cour : le désir ayant été mis sur une place bien élevée). Il rit souvent, lui, mais sombre et épouvantable à provoquer les frissons. Et pourtant, il tolère curieusement l’existence de Er Duo, proche domestique dont l’identité véritable est dissimulée : enfant naturel (de la femme de Cao Ru-qi avec un domestique). De l’autre côté, il devient admirablement élolquent quand il le faut, en prenant plein usage des savoirs qu’il maîtrise, et ses tas de livres anciens en sont les preuves. Quoi d'autre, après avoir confié la grande famille au fils aîné, il a fini par bien aimer une jeune domestique qui a l’âge de son fils, se montrant alors d’un coeur simple et aimable.

-
Er Duo(qui signifie l’oreille), proche domestique dont l’identité véritable est dissimulée : enfant naturel. Il n’est pas tué par lao ye parce qu’un prophète de la rue a dit à celui-ci que Er Duo est, les Cao est ; Er Duo meurt, les Cao s’écroule. Er Duo est sage, ingénu, fiable, gentil, fidèle, sait plaîre à son maître et s’entend bien avec plusieurs jeunes filles. C’est une personnalité quasi parfaite, dirait-on, sauf son voyeurisme et...le fait qu’il ne sait guère mentir. Ce dernir point a coûté du sang et a provoqué une fois après l’autre les drames : quand on ne demande pas, il ne sait rien ; quand on lui demande, il sait tout et raconte tout ce qu’il faut éviter de préciser pour la survie des autres : « Au fond, qu’est-ce que t’as vu de bon ? » « C’est qui la gozesse qui a séduit le domestique qui fume l’opium ? Dis ! C’est qui ?» « Qu’est-ce qu’ils ont, Er Shao Nainai (seconde belle-fille de lao ye) et M. Lucas ? Hein ? », puis finalement, « Pourquoi tu ne veux pas épouser la domestique de Er Shao Nainai, elle te plaît bien, non ? » (Mais non, il répond qu’au fond, c’est Er Shao Nai Nai qu’il aime réellement). Il sait écouter, Er Duo, mais il ne sait dire, ou qu’il sait trop dire.

- Er Shao Nainai (se
conde belle-fille de lao ye), Zheng Yunan, est une jeune fille belle, sympa et intelligente, éduquée à l’occidentale. Refusant au début le mariage arrangé, tout comme l’a fait son futur mari qui est au fait celui dont elle s’est éprise dans un train, elle se sent heureuse d’épouser un homme à qui elle a du sentiment. Ce n’est cependant pas le cas de son mari, qui ne peut faire l’amour avec elle (« Et pourquoi tu n’as toujours pas le rouge sur l’étoffe blanche que je t’ai passée ? », demanda la mère de son mari) parce qu’il aime trop sa mère, converti au bouddhisme, à cause du complexe d’Oeudipe ! (Ca aussi, je trouve ça drôlement transplanté). Comme le mari ne s’occupe que de l’usine des allumettes, autant qu’il peut, afin de fabriquer des allumettes made in China à l’aide des machines importées et de Lucas le technicien importé, qu’il se met à collaborer avec le groupe rebelle pour produire les boums, Yunan, longtemps laissée à côté, n’a pas pu résister à l’amour brûlant de ce Lucas tourmenté du dépaysement. Une nuit d’orage, les deux sont pris dans la passion, elle lui a offert son corps, et lui, un enfant des prunelles bleues. La vérité est révélée lorsque l’enfant est né, et au même moment, son père nominal, Guanghan, qui a finalement consenti à cet amour adultère, est condamné à mort. C’est sur cette plus belle femme(la seule qui est assise sur la photo de famille) de toute l’histoire que les tragédies se convergent: Lucas refuse de quitter la Chine malgré l’avertissement de Er Duo qui lui a signalé la fureur de lao ye qui irait le tuer, et s’est bien fait assassiner; l’enfant de yeux bleus a été kidnappé par Er Duo sous la commande de lao ye, mais est aussi sauvé par Er Duo parce qu' il l’a confié au prêtre chrétien de la ville. Yunan qui a cru que l’enfant est mort, qui a perdu à jamais et son mari et son amoureux, finit par sombrer dans la détresse, se pendre.

- Le mari de Yunan, Cao Guanghan, est le second fils de lao ye. Ayant terminé ses études en Europe et devenu égaliste radical, il a trop dépassé son époque, lui. Bourré des idées démocratiques, il se montre cool en imposant ses idées tout brut sans en avaler, trop droit et trop sûr de lui pour écouter les autres, sans parler de son tempérament de tonnerre qui s'éclate de temps en temps. Il revient, cheveux coupés, avec un projet d’invention des allumettes nationales. Son propre engagement étant un échec, c’est avec l’assistance de Yunan et de Lucas que les allumettes sont faites. La marque est nommée de son nom, et ça a provoqué absurdemment sa mort, en plus de sa tentative de bombe : Guanghan, glorifier les Han(donc c’est anti-Qing). On a voulu interpréter ainsi son prénom et le jeter dans la prison, lui servir la torture avant de lui couper la tête. C’est une figure naturellement tragique, du genre de bouc émissaire de la société, ou celui de petit christ qui souffre volontairement un pour tous, et sa plus grande mérite, je crois, n’est pas son esprit égaliste vis-à-vis des gens d’une hiérarchie inférieure d’alors(selon eux, leur Er Shao-ye Guanghan, le second petit-maître, n’est que « toujours un peu bizarre »), mais de dire oui devant l’amour entre Yunan qu’il a mise à-côté et Lucas son meilleur collègue : « tu es libre maintenant. », il dit à sa femme en le donnant la lettre de divorce(休书/xiu shu), que celle-là a eu tort de déchirer pour se laisser poursuivre par les tragédies.

Guanghan n’accepte pas la relation sexuelle à cause de son complexe, et c’est le cas contraire pour son frère aîné, Guangman(.ie : glorifier les Mandchou), qui a trop d’énergie, lui, pour épouser successivement quatre femmes. C’est de se suicider un peu en se créant les catastrophes au sein de la famille: à vivement en déconseiller. C’est que ces femmes du foyer d’ancien temps sont les plus compétentes pour se faire les rumeurs et les calculs afin de tirer l’attention de leur mari partagé, et parmi elles, c’est la femme nominale, la plus expériencée dirait-on, qui fait l’autorité en faisant des autres les complices de ses crimes moraux. Elle va provoquer la jalousie, puis elle va dire, va, fais en sorte que l’enfant dans le ventre de la quatième femme ne soit pas né. Et l’avortement sera tombé mystérieusement sur la pauvre femme enceinte : si c’était un fils, héritier et futur maître de la famille, la femme nominale perdrait sa place privilégiée auprès de son mari pour la laisser à la mère du nouveau-né. C’est comme ça la grande famille. Mais malheureusement, après ce petit succès de la femme malveillante, le mari va accueillir à la maison une cinquième femme, prostituée charmante et compréhensive, pour l’accouchement. Déjà.

Le fils est né, sain et sauf, mais les femmes ne lâchent pas. La cinquième femme toute gentille et indulgente voit alors de ses propres yeux la troisième femme commettre l’irrécupérable : celle-ci sourit en empoisonnant le petit dans ses bras avec une soupe, sa main tremblante divulgue néanmoins son involonté. La mère enragée va arracher son fils. C’est trop tard et le petit devient à jamais muet. Vivant, mais muet.

C’est à donner le froid à l’os, ce genre de trucage. On dit que c’est bien les relations humaines pendant la Révolution culturelle, une Histoire parmi d’autres de la Chine de cette période de cent ans, qui sont projetées sur les incidents interpersonnels dans cette série-télé. Cela va sans dire. La noiceur se sent et se répand, et c’est bien l’intention des concepteurs de cette immense oeuvre. Zhang Guoli, acteur reconnu et producteur de cette série-télé tournée par les moyens cinématographiques et qui a coûté 15 millon RMB, joue personnellement Cao Ru-qi le vieux pourri, en annonçant qu’ « il faut faire danser l’affreux(就是要让丑恶跳舞. Danser, voilà un verbe que je trouve très juste et qui relèverait d’un culte rituel. De visualiser à quel point le vieux est pourri, autrement dit d’agrandir le mal, serait en réalité une nécessité pour connaître et comprendre et le vieux et le mal. En est la remède.

S’agissant des remèdes, un canon médical est en effet évoqué plusieurs fois au fur et à mesure du déroulement des histoires. Il porte le titre Huang Di Nei Jing, ou Classique interne de l’empereur Jaune. Vous en auriez entendu parler, sans doute, car c’est dit l’un des trois classique-miracle de la civilisation chinoise, les deux autres étant Dao De Jing, ou Livre de la voie et de la vertu, et Yi Jing, ou Livre de la mutation dont j’ ai écrit il y a 2 ans carrément. Ce symbole culturel me semble être inséré de manière plus ou moins forcée, vu du scénario, mais y est incarné le sens profond qui préconise qu’il faut soigner de l’intérieur un corps malade : l’immanent. Et l’une des pensées essentielles de ce Classique est ceci: « Le saint ne soigne pas le déjà-malade, mais le pas-encore-malade ; ne soigne pas le trouble déjà provoqué, mais le trouble pas encore arrivé. /圣人不治已病, 治未病 ; 不治已乱, 治未乱.» : présager. Hé bien, n’est-ce pas le même principe que la judisprudence que Deleuze a vivement insisté ?


--------------------------------------------

Pour en savoir plus :

J’ai lu quelques paragraphes de ce classique médical sur l’Internet, en voici un extrait qui m’a bien intéressé et que je trouve très pragmatique. Si vous réussissiez tous à le pratiquer, les psychiatres partiraient en chomage.


Trop d’inquiétude, à soigner avec la colère / 思虑过度, 愤怒来治.

Trop d’effroi, à soigner avec l’inquiétude / 恐惧过度, 思虑来治.

Trop d’euphorie, à soigner avec l’effroi. / 大喜过望, 惊恐来治.

La tristesse et la mélancolie, la joie peut soigner. / 忧愁悲伤, 喜可以疗.

Trop de colère, à soigner avec la mélancolie. / 愤怒过度, 忧愁来治.


Postface:

- J’ai voulu au début vous montrer simplement ces lignes d’or du Huang Di Nei Jing que j’ai découvert grâce à Memoirs in China, mais c’est drôle, je finis par écrire abondamment pour introduire cette série-télé, qui mérite pourtant le temps que j’y ai consacré. Oups, on dirait que je fais Inverser l’essence et le bout, 本末倒置/ben-mo-dao-zhi...Mais qui sait lequel est l’essence et lequel est le bout, au final ?

-Notes sur les photos(source: www.sina.com.cn): à gauche, l'affiche pour la version anglaise; à droite, celle pour la version chinoise.Typiquement pragmatique dirait-on, et ce n'est pas sans raison...

07/01/2009

Memoirs in China, ou Les maladies et les remèdes

(Source photo/www.sina.com.cn)

Une série télé qui s’appelle Memoirs in China (Zhong Guo Wang Shi) est très populaire récemment et est diffusée trois épisodes/soirée à quatre antennes régionales pour la première tour. D’une dimension d’époée, elle est dite « le porte-avion de l’Histoire des séries-télévisées chinoises», wahou. Adapté d’un roman, écrit par LIU Heng et intitulé le Rêve éveillé de Cang He (Cang He est le nom de lieu), le scénario encadre ambitieusement l’Histoire de cent an de la Chine. C’est-à-dire de la fin XIXe (sous les Tsing) jusqu’à nos jours. Il faut dire que le sujet d’Histoire est l’un des plus traités dans les séries télévisées chinoises. On aime ra-conter l’Histoire (戏说xi-shuo : badiner) de tel ou tel Empereur ou de telle ou telle Cour tout en en tirant des leçons, car l’Histoire pourrait être considérée comme un miroir qui ré-fléchit le monde actuel : 以史为鉴, 可以知兴替(yi-shi-wei-jian : prendre l’Histoire comme un miroir, ainsi peut-on savoir la prospérité et le remplacement; le caractère signifie le miroir dans le mandarin classique, et expertiser ou différencier,discerner鉴别 dans le mandarin moderne), comme dit la maxime qui demeure une logique très typique et plutôt empirique de la Chine. Cette logique n’est pas sans raison, mais il me semble que l’Histoire se répète de temps à l’autre, tellement que le mot destin se met en avant pour convaincre.

Pourtant, dans Memoirs in China, l’Histoire n’est que la squelette et est construite à grand trait. L’ autre sujet concerne la vie de grande famille d’autre temps : aussi un sujet fréquent des séries-télés chinoises, et l’exemple typique en est le Rêve dans le Pavillon Rouge. Comme le résumé est consultable en ligne(chi), j’ai pris le temps pour lire tous les 42 épisodes de la première saison parmi les trois. En gros, c’est sur le déclin de deux grande familles, Cao et Zheng, dans le contexte historique du déclin des Qing. Les conflits dramatiques s’accumulent et se multiplent : entre la génération du vieux pourri et celle du diplômé européanisé, entre les hommes et les femmes qui se calculent et se dénoncent par jalousie ou par peur, entre la passion amoureuse et la pudeur morale, entre les mensonges, les divulgations et les mots vrais, entre le pouvoir Qing et une communauté anti-pouvoir, entre les répétitions du destin et les révoltes personnelles. L’ensemble est un remous teinté de noir.

J’ai compris alors que le bon sujet n’est ni l’Histoire ni la vie de grande famille mais celui de l’Homme, de la condition humaine contextualisée. C’est que l’intrigue n’est pas vraiment compliquée, c’est composé de plusieurs parties d’historiettes qui s’entrecroisent en s’interposant. En revanche, ce sont les figures principales qui se donnent chacun un portrait complexe qui ont plusieurs faces et qui ne se définit pas par des mots efficaces. A vrai dire, c’est ce genre de conception qui semble être plus honnête que de donner un ratatouille, qui pourtant ne manque pas de goût, des stéréotypes sympa, terrible, rusé, ou fidèle.


(A suivre)

--------------------------------------------
Pour en savoir plus:

-Site officiel de Memoirs in China (english/ 中文)
-Vidéo avant-première: ICI (troisième bloc à gauche, en chinois)
Un peu de traduction du début du vidéo, mêlé d'humour noir qui m'amuse bien:

H(crie, hystérique): Je veux pas écouter--! Bordel, tu fermes les yeux! Ferme--!
F(crie, pleure): Père--!
H: Ferme! (Père--!) Les prunelles bleues?!
F: Père, baissez un peu votre voix, il y a encore les domestiques à l'extérieur...
H: Les domestiques? Et alors, les domestiques? (T'as) peur que les domestqiues ne (nous) entendent, hein? Moi j'en n'ai pas peur, je les laisse écouter! Prunelles bleues--!! Que les ancêtres de CAO viennent nous écouter! Il est sorti un Diable chez Cao--!!

05/01/2009

Suite-manifestion et l'interview de LI Huan(réponse à Xiao-bob)

"J'ai lu cet interview avec intérêt.
Il modère les réactions des chinois vivant en France telles que les ont transmises différents journaux, qui écrivent ce qu'ils veulent, mais qu'y puis-je ?
Pourtant, selon moi, cet incident, regrettable, avait été sur interprété.
Un passant, était-il seulement français, mais qu'importe, fait un geste sur le parcours de la flamme, et nous voilà tous, indépendamment de ce qu'on en pense, enrôlés sous sa bannière !
Ce qui est tellement contraire à l'esprit français dont un des défauts est plutôt de manquer d'unanimisme.
Autant dire que moi aussi j'aurais du me sentir blessé d'avoir été classé collectivement comme "anti chinois", et de lire qu'une couleur de peau pourrait avoir à mes yeux une importance quelconque.
Et, j'en ai peut être un peu parlé sur le blog de Neige, mais depuis je ne m'en sens pas très heureux." (--Xiao-bob)


Merci de votre réaction, Xiao-bob, ça me fera très plaisir de savoir ce que pensent les Français sur cette manifestation et sur la protestation contre certains medias occidentaux. Que les journaux écrivent ce qu’ils veulent, « mais qu’y puis-je ? » haha, ça, je peux le dire moi aussi vis-à-vis des medias chinois. Les problèmes se ressemblent, seul les règles de jeux idéologiques se diffèrent. Et ce serait tant mieux si ce genre d’accusation prenne un détour vers l’intérieur, pour que mes compatriotes redécouvrent un peu, avec une vision analogique, les angles morts de nos médias. (réf un billet bien intéressant de M.Cai Chongguo)

Vous dites que l’incident a été sur interprété, ce n’est pas du tout impossible. J’ai entendu parler de plusieurs versions de rumeurs à Paris aussi. D’ailleurs peut-on savoir ce qu’il y a dans la tête des gens de politique ? il se peut que les pro-tibétains veulent avoir davantage de bruits contre le gouvernement à Pékin, que le gouvernement à Pékin veut faire de l’incident une issue pour laisser sortir l’indignation publique qui ne vient pas forcément de l’extérieur, il se peut aussi que les Etats-Unis veulent donner la pression à Pékin pour son propre intérêt financier… ma foi,que sais-je.

Je ne crois pas que l’unanimisme règne toujours en Chine. « Un pour tous, tous pour un », c’est révolu. Maintenant, sur le plan interpersonnel, ce serait plutôt « Un (souffre) pour tous, chacun pour soi »(c’est une phrase dans une comédie française dont j’ai oublié le nom), parfois « sauve qui peut ».A comprendre cependant que,quand il s’agit de la dignité du pays sur la scène internationale, là oui, les chinois s’unissent facilement pour défendre la grande famille, car depuis l’enfance on récite que « l’intérêt de la patrie est plus haut que tout (et il faut qu’on fasse les sacrifices en faveur de ce dernier) »(n'est-ce pas un peu Guy Moquet...), ce qui devient un principe de fer parmi d’autres, et dans notre manuel politique, s’agissant des paragraphes sur les relations internationales, on est éduqué que « la Chine est encore dans la période primitive du socialisme, maintenant qu’on est dans un monde globalisé, il y a forcément les conflits internationaux ; quand l’intérêt (idéologique ou matériel) du pays est blessé, il faut que nous nous protestions pour défendre la dignité et l’intérêt de notre patrie. » Donc on est souvent très sensible à ce genre de sujet. Et puis il y a en effet des Chinois qui sont font trop d’attention ou sont trop fiers de leur peau jaune,cheveux noir, et quand ce genre de signes devient trop important, ca inquiète.

Si j’ai voulu parler de cette manifestation, c’est que je la vois moins comme une revendication à la justice médiatique(celle-là étant d’un effet faible comme dit LI dans l’interview), vue de l’extérieur, que comme un événement public, vu de l’intérieur, qui signale que les jeunes chinois apprennent à s’exprimer publiquement dans une manifestation. Quant à l’interview,à vrai dire,je le trouve bien drôle :disons ainsi,car en suivant leurs paroles, je ne dirais même pas tantôt oui tantôt non, je dirais oui et non en même temps sur quelques-uns de ses exemples extrèmes, sur quelques points de vue ; et c’est terrible ce brouillard d’idées et des sentiments, je me sens confuse et je perds la capacité de définir les choses : la famille,la grande Famille, le patriotisme,l’affection familiale,l’Etat,la nostalgie, etc.

Pourtant je me suis bien amusée en traduisant le spectacle ; un vrai, car ils sauraient plus ou moins qu’ils jouent les rôles sur le plateau, le public ciblé étant les spectateurs de l’intérieur de la Chine. Il me paraît que d’agrandir/visualiser un défaut, ce serait sinon le corriger, au moins l’exposer pour qu’on le voie : le sentimentalisme, les non-dits/règles sous-jacents, un peu de mémento et d’espoir(souvent d’une fréquence de vingt ans on dirait). Mais bof, peut-être que j’ai été trop sensible et ai trop interprété,et que pour la plupart des Chinois,c’est juste un souvenir bien émouvant de l’année 2008.

Dommage que je ne serai pas à Paris pour participer en personne aux événements qui seront organisés par l’association qui vient de démarrer.J’esèpre surtout qu’on reste indépendant et plutôt objectif et que, quoique l’effet serait tout aussi bien peu remarquable, les dialogues vont durer.

03/01/2009

Rétro - manifestation des Chinois à Paris

C’est grâce aux différentes versions de compte rendu sur l’année 2008 que j’ai pu, en début de cette année 2009, redécouvrir la Chine de cette période, marquée par quelques événements dont je ne suis au courant que tardivement.

L’un des principaux sujets, dans une version comme dans l’autre, consiste en l’évolution de la dite « génération des 80s » (Dopo-80s , pour être court). Dont je fais partie. On dit que les grands événements de cette année, l'interruption de la flamme des JO, le tremblement de terre, les JO, sont comme des baptêmes après lesquels ces jeunes ont compris et ont exprimé leur patriotisme et leur conscience de la responsabilité sociale. Cette conclusion n’est pas fausse mais je me mets pas complètement d’accord avec elle. D’abord je me méfie plus ou moins des généralisations de telle sorte parce que pour moi ça dépend vraiment des personnes ; ensuite je n’ai jamais cru que cette génération de mon âge a été marquée par l’égoïsme jadis considéré comme un grand défaut des Nés 80s ; et puis, je ne suis pas sûre si mon sentiment pour la Chine, comme beaucoup de gens l’ont pour leur propre pays quelque soit leur nationalité, s’appelle bien le patriotisme. Responsabilité oui, mais dans mon cas, c’est moins les incidents publics que le séjour en Europe qui m’a éveillé progressivement la « responsabilité sociale », l’envie de l’engagement autrement dit, terme pas tellement chine moderne... Enfin, faut voir.

Et voilà une interview réalisée lors du Rétro-2008 version CCTV (centrale, mais pas à en avoir peur ou rejet et mieux vaut la connaître et l’analyser un peu quand on se croit pouvoir réfléchir tout seul). Le jeune invité s’appelle LI Huan, l’un des jeunes Chinois que j’ai rencontrés à Paris. C’est grâce à ces rencontres que j’ai pu réfléchir de nouveau sur la manifestation suite à la perturbation de la flamme à Paris et à l’émeute à Tibet, incidents que j’ignorais complètement à l’époque à cause de ma maladie. LI Huan est celui qui a donné un discours lors de la manifestation, devenue une grande meeting parce qu’au lendemain du « Oui pour la manifestation» de la Mairie Parisienne, les organisateurs-étudiants ont reçu un coup de fil leur communiquant le changement d’avis de la Mairie : « Non pour la manifestation mais Oui pour une réunion, pour raison de sécurité ».

Je leur dis bravo, ces jeunes organisateurs chinois, je ne me sens ni contente ni heureuse mais je trouve l’affaire consolante, c’est bien le mot qui me conviendrait le mieux, et il serait judicieux d'écouter les paroles émises plutôt que de juger sur ce faire. Grâce à l’Internet, j’ai pu revoir son discours.(voir les liens en bas) Je ne suis pas d'accord sur certaines nuances, comme "le peuple français victime des médias français injuste", mais je crois à ce qu’il a dénoncé, la liaison dangereuse entre US et Dalai le financé. Surtout, et sûrement, je suis pour la communication et la compréhension mutuelles et non-gouvernementales.

S’agissant du problème des médias, ce qui devient de plus en plus un problème global d’autant que la crise des civilisations est déjà prononcée pour notre Siècle, je ne sais critiquer de manière concrète les médias français en question car je n’ai lu guère les reportages à ce sujet, il est pourtant dommage que les principaux journaux français semblement avoir ignoré cet événement ayant lieu à Paris. Ce sont plutôt Xinhua.net, Aujourd’hui la Chine, Chine-Informations qui en parlent. Peut-être serait-ce un événement remarquable plutôt pour la Chine, tandis que pour la presse française métropolitaine, d’une part les scandales d’auto-critique indirecte sont à éviter parce que ça ne se fait pas, d’autre part il leur manque un peu de journalisité comme on dit ?

Durant le discours LI Huan, j’entends une voix-off commentaire en chinois disant « Que c’est cool ! Il ose tout dire ! » (zhen shuai ! shen me dou gan shuo !) En effet, de dire ce dont on pense demande du courage. Mais il me semble que de pouvoir tout dire ne est pas la qualité privilégiée, que l’essentiel serait de réfléchir sur à qui s’adresser et comment se faire entendre.

Certains adultes chinois disent dans leur commentaire-soutien pour l’association Amis-du-printemps (à laquelle je contribue un peu mes capacités linguistique et culturelle) que la jeune génération, les 80s ne sont pas comme leurs précédents, parce que ceux-là savent raisonner. Bingo. La passion ET la raison. N’est-ce pas, belle cohabitation. A laquelle s’ajoute l’intellect. Ah, trois engendre toutes choses dirait-on. C’est bien la recette des Nés-80s ?


Voici 3 fiches de vidéo :

1) l’Interview de LI Huan au Rétro-2008 ( la traduction se trouve en bas)

2) Discours public lors de la manifestation 419 à Paris-Partie I

3) Discours public lors de la manifestation 419 à Paris-Partie II


------------------------------------------------

Traduction de l'interview de LI Huan:

F : Nous avons suivi de nos yeux le parcours de la transmission de la flamme olympique, sans cela, nous n’aurions pas connu un garçon ordinaire, qui s’appelle LI Huan ; nous ne saurions pas non plus ce qu’il a ressenti à l’intérieur. Alors maintenant, ensemble, nous allons le rapprocher, le comprendre. Voyons cet épisode :

(sur le grand écran)

Le 19 avril 2008, la Place République, Paris, France

voix de LI Huan, puis voix-off masculine :

Le 19 avril 2008, sur la place République à Paris. Des milliers de Chinois résidant en France se’y sont réunis pour une manifestation « Pour les JO de Pékin, Contre les reportages non objectifs ».

Voix de LI Huan, puis voix-off masculine :

Sur cette place construite aux souvenirs de la Révolution Française, à l’occasion de ce rassemblage des Chinois, dit le plus grand dans l’Histoire européenne, c’est bien ce garçon qui s’appelle LI Huan qui a donné ce discours.

Voix de LI Huan : « je suis d’origine de AnYang de la province du He Nan. Lors de la guerre sino-japonaise, mes grands-parents se sont réfugiés à Xi’An, ils m’ont offert ce nom, (qui signifie) premièrement les fleuves coulent sans cesse/chuan liu bu xi(), deuxièmement ne pas oublier son pays ni son lieu d’origine, la racine de soi

Voix-off masculine : « Il y a 12 jours, au cours de la transmission de la flamme olympique à Paris, un pro-tibétain s’est mis à arracher la flamme dans la main de JIN Jing assis sur la chaise à roulettes. »

Voix de LI Huan: « Dans le monde, il existe de divers concept du monde et concept des valeurs. Il faut juste que chaque vision soit construite sur une base d’objectivité et de justice. Je crois que nous sommes en train de défendre le principe de la justice des médias, aussi bien que la dignité de la nation chinoise. »

Voix-off masculine : « Aux yeux de certains, les termes comme la responsabilité sociale, l’obligation publique semblent faire défaut chez les jeunes de la génération de LI Huan. Néanmoins, dans un endroit loin de la patrie et des parents, ces (jeunes qui demeurent) enfants au regard des adultes ont manifesté une force brillante. »

Voix de LI Huan : « Si la responsabilité de l’Ambassade de Chine est de défendre la dignité et l'intérêt du pays, alors nous, les étudiants faisant les études à l’étranger/liu xue sheng, sont les ambassadeurs populaire/non-gouvernementaux. Ce que nous communiquons, ce sont des choses plus simples et plus sincères, c’est ce que ressentent et ce que pensent les Chinois ordinaires. »

Voix-off masculine : « Aimer la patrie à la chinoise, donner le discours à la française, communiquer au nom d’un coeur et du sentiment blessés ; ainsi, en même temps qu’il a défendu la dignité de la patrie, il a aussi défendu celle de la nation française. C'est bien ça qui a marqué le LI Huan de ce jour même.»

(slogans) Vive la Chine ! Vive la France ! Vive les peuples ! Vive la communication entre les peuples !... (fin-épisode, retour sur le plateau)

F : Maintenant, souhaitons la bienvenue à LI Huan! ... Lors du discours, LI Huan a eu raison de parler fort. Pour donner un discours devant tant de monde, tu devrais être très sûr de toi ?

LI : Oui, j’ai eu confiance en moi. C’est que premièrement, j’ai la capacité, je crois en moi-même, j’ai eu l’expérience de parler devant la caméra, et dans ma vie quotidienne il y a souvent ce gendre de débats. Deuxièmement, derrière moi, c’est 1,3 milliard de Chinois mes compatriotes, c’est des milliers et des milliers des étudiants chinois à l’étranger. Je n’ai jamais douté de moi-même, ni de ces gens qui se présentent devant moi.

H(il s’appelle BAI Yansong, animateur central mais plutôt lucide) : J’aimerais y ajouter un mot. Tout à l’heure j’ai été bien impressionné...Est-ce que tu as jamais pensé à cela? (A ce que ) tu as des larmes dans les yeux lorsque tu évoques les termes comme la patrie, le peuple ?

F : Lorsque tu était petit...

LI : Non. Je crois que ce genre de sentiment viendra tout doucement. Comme on a grandit, on parvient à connaître certaines choses, à les comprendre et les analyser, et on comprend davantage que beaucoup de choses ne sont pas faciles. J’appartiens à un pays dont je suis fier. (Pleur et serviette)

LI : Pardon, j’ai été un peu ému. Tout à l’heure je regardais les héros (les trois astronautes en uniformes bleus en plan rapproché), et je me rappelle de notre situation d’alors...Tout est possible à ce moment-là, car certains de nos camarades ont reçu les appels et les méls anonymes, (menaçant que) si vous continuez, nous allons vous faire des explosions et des attaques armées...Je n’y ai pas pensé. Je me souviens qu’à l’époque, je me suis préparé pour tout...

F : Toi aussi, à l’époque, tu t’es préparé pour tout (Cf: la possibilité de la mort à laquelle auraient dû faire face les trois astronautes avant leur départ de la Terre)

LI : Oui. A l’époque j’ai bien des préoccupations pour mes parents, j’ai pensé que comme je ne me suis pas marié, j’ai pas d’enfants, rien, et je suis fils unique, si un jour j’avais qch, comment feraient mes parents ? Donc j’ai eu un peu de souci pour cela.

F : Mais tu les as appelés à l'époque?

LI : Non.

F : Tu n’as pas demandé leur avis non plus ?

LI : Je n’ai pas osé leur en parler.

F : Tu n’as osé rien dire, et puis tu t’es décidé comme ça ?

LI : Oui...J’ai pensé que si jamais il y avait quelquechose, je...je les confierais au Pays.

F : L’une des phrases de LI Huan est très importante, il a dit que son sentiment pour la patrie, pour le peuple, s’accumule petit à petit, et se sent au fur et à mesure qu’il grandit. Est-ce que ça a aussi un lien étroit avec ton séjour en France en tant qu’étudiant ?

LI : Oui. La vie d’étudiant à l’étranger m’a fait comprendre que plus qu’on est loin, plus la famille nous manque. Pour chaque enfant c’est comme ça : disputer avec les parents dans la famille, en pensant qu’ils ne sont pas sympa; mais une fois quitté la famille, on se sent très proche avec eux. La vie est pareille pour les étudiants à l’étranger. Nous aussi sommes les hommes et nous avons des sentiments, nous sommes loins, et nous avons la famille ici...Disons que nous pensons souvent à certaines choses (ici). Donc...ce genre de sentiment s’extériorise au fur et à mesure. D’ailleurs puisque nous avons été blessés, que nous nous trouvons mal compris d’autant plus que notre Famille est blessée. Eux (les médias français) ont des préjugés contre nous, les préjugés bien arrogants...

F : Tu pourrais donner un exemple ? un exemple que tu rencontres le plus quotidiennement ?

LI : ...La première fois que je suis arrivé en France, on me dit, d’où viens-tu ? je dis de la Chine. ...Ca va ? (Mei Shi’er ba ?) C’est vrai que quand tu t’exprimes, on te met en prison ? Ca va ?

H : « Ca va »...haha...Lui ca va bien ?

LI : Ben oui, ca va sans problème à demander à lui...Voilà, donc pourquoi poser de telles questions ? ...Chez vous il y a un gouvernement autoritaire, les gens vivent dans les ténèbres ? Je dis mais non, j’ai une famille ordinaire, mon papa est un agent de police ordinaire, ma maman est une professeur ordinaire, ils aiment la vie et s'en réjouissent comme tout le monde. Leur vie s’améliroe de plus en plus, notre famille a acheté un nouveau appartement l’an dernier.

F : Alors est-ce que tu continues sans cesse de réfléchir après (ces interrogations), pourquoi tu vas continuellement communiquer, expliquer, communiquer encore, et expliquer encore ? Quelle est la raison pour laquelle tu fais ces réflexions ?

LI : les raisons sont...l’écart/l’incompréhension, la distance, l’idéologie, la façon de penser ; nos cultures, la couleur de nos peaux, nos religions, nos fonds sont tous différents. Pour eux, ceux qui viennent de la Chine n'ont pas de différence avec ceux qui viennent du Mars...Ca fait 7 ans déjà, réfléchis tous les jours: comment changer ce genre de préjugé. Changer les préjugés n’est pas de s’affronter, mais de raisonner, de donner les raisons, les raisons qu’ils peuvent comprendre. Je dis que vous pouvez avoir toutes sortes de points de vue, mais vous ne nous en imposez rien. Nous pouvons apprendre auprès de vous. Ca fait déjà 100 ans que nous apprenons, et nous continuerons à apprendre auprès de l’Occident.

F : Et eux ils iraient dire qu’ils ont leur concept de valeurs à eux.

LI : Oui.

F : Et toi tu comprends leur concept de valeurs...

LI : Je (les) comprends.

F : Et c’est pour ça que tu as préparé un tel texte de discours.

LI : Oui. Je (les) comprends. Leur concept de valeurs n’est pas à en avoir peur.

H : Donc là « la raison » est très importante. Voyons qu’aucun mot n’implique que LI Huan est un jeune indigné(fen qing).

F : Effectivement.

H : Tu as raisonné. Tu t'es maîtrisé avec la raison...

LI : Oui. J'ai réfléchis sur comment leur faire comprendre (lors du discours). D’abord, il s’agit de la manière (de s’exprimer). On était en train d’organiser une manifestation. Nous avons voulu exprimer notre amitié. La nation chinoise est une nation amicale.

F : Par quels moyens extérieurs avez-vous transmis cette information d’amitié ?

LI : Nous avons dressé le drapeau français, le drapeau chinois, le drapeau des JO. Nos slogans sont : « Vive l’amitié franco-chinoise, Vive la Chine, Vive la France. » Lorsque nous étions partis, il était très propre (sur la place République). »

H : Très propre à la place (République)...

LI : Lorsque nous étions sur le point de partir, nous avons rencontré quelques nettoyeurs qui sont arrivés sur la place, envoyés par la mairie, car ils savaient qu’il y avaient une manifestation et qu’il fallait faire le nettoyage après. En général, après une manifestation en France, il y a partout des tas de journaux, des banderoles jetés par terre, alors qu’il était propre par terre lorsque nous quittions la place. On voyait les nettoyeurs fumer à côté, disant que c’est tant mieux si chaque manifestation puisse être comme celle-là.

H : En ce cas ils seront en chomage.

LI : Ah le chomage, c’est déjà un problème grave.

F : Et ça (ie : de garder la place propre)fait aussi partie de votre organisation de la manifestation ?

H : Aussi un choix raisonné.

LI : Oui, nous avons tout considéré. Tout. C’est-à-dire quelles missions à confier à quels groupes...tout est pris en considération...Derrière moi, autour de moi, c’étaient les camarades qui partageaient les mêmes sentiments avec moi.

F : Donc vous avez une équipe.

LI : Oui, c’est important d’avoir une équipe. Et ce genre d’équipe va se poursuivre. Bien que nous pensons souvent qu’il y a trop d’écart entre la Chine et l’Occident, qu’il y a trop de choses nécessaires à communiquer et à comprendre, beaucoup de choses ne se font pas en une seule fois. On me demande est-ce que vous avons obtenu des effets positifs suite à cette manifestation, je dis oui. On dis de quelle ampleur ? je dis un petit peu. Impossible (de tout faire en un seul coup)...Je dis que là il y a un mur bien épais...je dis comment pouvons-nous faire ce genre de choses à long terme, durant plusieurs décennies.

H : (Que les choses viennent) doucement.

LI : Nous avons fondé récemment une association qui s’appelle les Amis du Printemps/Si Yue Zhi You. L’Avril, c’est le printemps, ça nous fait comprendre qu’il est nécessaire de communiquer. C’est aussi une graine d’amitié que nous sèmons, et nous prions une récolte des fruits d’amitié en automne. Nous avons envisageons cela à long terme.

H : Alors on te permet 1 minute pour la pub.

F : Oui...Si yue zhi you.

H: Hé non. Demande d’emploi.

F : Oh demande d’emploi.

H : Ton ambition professionnelle dans l’avenir ? Peut-être il y a biens des services ou des gens qui pensent à le recruter. Tel un bon jeune homme.

LI : Avant, je portais toujours un rêve de devenir un manager professionnel (Lui est de Master pro Magagement à Lille). Mais à travers cet événement, j’ai découvert une sorte de plaisir, le plaisir que j’ai découvert lorsqu’on organise ce genre d’activités, ensemble avec une équipe qui partage le même rêve avec moi...Je ne sais y réfléchir. Il m’est difficile de répondre à cette question.

F : Peut-être que l’homme de la raison a besoin du temps pour bien réfléchir avant de donner une réponse bien discrète. Ca sent bien le style de LI Huan.

H : Lui recommander au Service Diplomatique. (F : toi...) Vous trouvez comment ?

LI : Urh certes, le diplomate est un métier sacré...

F : (à l’audience) Vous trouvez comment, l’idée de laisser LI Huan devenir diplomate ?

(Audience : Applaudissement...Bravo...)

LI : Merci, merci à tous...Je n’ai pas pensé que mes 26 ans seraient marqués par une telle expérience. Jamais. La vie est à continuer. (Comme dit un maxime chinois, )On sait la force du cheval quand on fait une longue route, on connaît le vrai coeur d'une personne avec les jours/Lu yao zhi ma li, ri jiu jian ren xin.

F : Tu pourrais demander (pour devenir diplomate)...Ce qu’il a dit est très important. Il dit qu’il n’a pas pensé qu’il a pu faire une chose pareille à ses 26 ans. (A LI Huan : ) Tu peux aussi demander à BAI Yansong ce qu’il a fait lors de ses 26 ans.

LI : Je sais pas...ce qu’on aurait fait n’est pas forcément rapporté (par la presse).

H : Lors de mes 26 ans, j’étais encore dans le sensible(gan xing). Avec le temps et quand on grandit, on apprend peu à peu le rationnel(li xing). Donc je suis très content de voir chez LI Huan, de même que chez tous les jeunes de son âge, la qualité de la raison ; nous en avons été inquiets mais au fait, chez eux, il y a toujours eu cette qualité.

LI : Oui. Nous pensons que la raison et la sensibilité sont tous les deux nécessaires. Je pleure parce que je suis sensible, je donne le discours pour leur faire comprendre parce que je sui rationnel. Chaque individu a ces deux aspects. Je crois que, sans l’un des deux, on ne devient pas l’Homme.

H : Tout à fait...les pleurs et la raison doivent coexister en même temps.

LI : En même temps.

H : Je te remercie ! Je pourrais t’embrasser ?

LI : O toi... J’embrasse alors les deux !... Et puis j’ai encore une chose... voilà, c’est ce que nous pouvons appeler la robe de lutte. En recto : « One China, one family. » En verso : « Faisons des JO un pont, pas un mur. ». Voilà, c'est notre robe de lutte, je l’offre à CCTV!

F : Xiao BAI va le porter...Tu le portes déjà maintenant ?

H : On va l’exposer.... (lit sur le T-shirt:) « One China, one family ».

F: (A LI Huan) Laissons-nous une phrase pour exprimer ce que tu penses aujourd’hui.

(LI Huan écrit sur le tableau:)

VENEZ, REGARDEZ UNE VRAIE CHINE !

LI Huan,

Et tous les camarades du 419

01/01/2009

Fêter 2009 sur une poignée en acier de centième étage

Sur Facebook J’ai écrit à un ami français. Je lui dis que cette nuit, lorsque les gens faisaient le compte à rebours après un défilé des personnalités dites à la mode de l’année 2008(dont les animatrices, une super-model, une première-prix du concours design-originalité, un écrivain que j’admire, un intellectuel de lettrés, un couple cinéaste-productrice réputé mais dont les capacités professionnelles sont en dégradation, un peintre reconnu de Shanghai, une photographe mondialement reconnue, etc) au centième étage du 1e gratte-ciel de l’Asie(une tube en acier, avec une poigée qui sert du 100e étage, pour ainsi dire) dans l’édition spéciale d’une émission de l’antenne Channel Young sur la mode(du plateau ou de la vie) et à la mode comme on dit, je me sentais loin de l’Europe, ma foi, avec un an de décalage ; qu’il était vrai que j’ai reçu pour cela un coup de tristesse. Mais maintenant que l’on est du jour au lendemain, ce serait ce qu’il faut m’en réjouir.

On dit que l’année 2009 devra être « ORIGINAL » pour Shanghai comme pour toute la Chine. Ce serait un bon souhait jeté particulièrement aux jeunes designers locaux pour qu’ils empruntent en décomposant davantage les éléments à la chinoise afin de gagner en se montrant davantage à l’arène internationale que les éléments copiés-collés-imités des maîtres mondialement reconnus.

Sans savoir pourquoi, me revient à l’esprit une phrase, que j’ai lue sur l’Internet, écrite par une interprète shanghaienne à l’occasion des événements du croisement culturel sino-français 2007 pour se plaindre de son ignorance sur les oeuvres ou les spectacles programmés : « Sans culture, d’où viennent les événements (mei you wen hua, na lai huo dong ?) » ? Je ne connais pas très bien le monde de la mode (mais je le connaitrai bientôt car je suis en train de traduire un roman écrit par une agente de mannequin bien réussite, de formation littéraire et sémantique, et qui nous rapproche de la vérité de la beauté toute crue du monde du plateau à travers sa première oeuvre), mais je puis dire que, pour celui des lettres et du cinéma, cette phrase s’applique assez bien aux conditions culturelles actuelles à Shanghai, comme en toute la Chine, comme quelque part en France aussi. Par moment, on se rassemble, tout gai, pour pas grand chose. Sorte de maladie de la fête, comme l’a théorisée Georges Bataille il y a bientôt un siècle?

N’importe. Enregistrons ces mots gros, bien et fort, pour l’année 2009.

24/12/2008

Carte de Vœux(recyclable)

Comme j'ai toujours beaucoup aimé ce petit cadeau virtuel , offert par le bureau Mundus à l'università degli studi di Bergamo l'année dernière, que j'ai partagé avec vous, je me permets de vous l'offrir encore une fois cette année, tant qu'il est recyclable.

Joyeuses fêtes à toutes et à tous.