01/02/2009

Ah ya...


Ah ya...j'ai rattrapé une étoile.
Ne me moquez pas, les étoiles sont tellement rares au ciel de cette ville dite "sans nuit" : 不夜城/bu-ye-cheng


- Photographiée au carrefour de Huai Hai Zhong Lu et Xiang Yang Nan Lu

29/01/2009

Au 5e Jour arrive le Dieu de la Fortune

Je me suis dite que je ne pourrais aller dormir avant 1hr ce soir, j'ai eu raison, il y a des booms sans cesse au tour de chez moi et ça vient de se calmer un peu tout à l'heure. Enormément de bruits, et j'ai bien l'impression que ce soit plus fort que le réveillon (大年夜) à grand fracas.

On n'a pas besoin de compter le jour pour savoir que nous sommes le 5ième jour de l'an chinois (chu wu/初五): jour où arrive le Dieu de la Fortune, ou Dieu de la richesse (cai-shen-ye/ 财神爷). Les éclats de pétards servent de reppel. Et si ce jour me semble être plus éclatant que le jour de l'An, c'est sans doute qu'à Shanghai, et surtout à Shanghai, et surtout surtout en cette période de crise, on se hâte d'inviter le Dieu de la Fortune à la maison, y faire un tour, afin de passer l'année à venir sain et sauf. Ce serait toujours à ce moment-là qu'on dit: la science c'est la science, la croyance c'est la croyance.




- petit video qui permet de découvrir les bruits pour accueillir le Dieu de la Fortune;
(pour faire ça, moi j'ai crié à la fenêtre du 21e étage. Ma foi)

28/01/2009

Entretien avec Yan Allegret

Je viens de lire cet entretien avec cet écrivain, homme de théâtre, marqué par la culture japonaise et qui pratique régulièrement l'Aïkido(合气道).

Il a parlé du mouvement, le soi et l'autre dans l'Aïkido comme dans le théâtre("l'Aïkido, c'est une manière de communier, le théâtre, c'est pareil"), l'art et le martial, l'être à la fois dans une chose et hors de cette chose, les mots, le silence, la respiration(l'inspiration la poésie, l'expiration la mort, toute simple), l'écriture, la mort, l'apaisement de la mort, la grâce, la traversée de la grâce au lieu de vivre celle-ci ("ceux qui vivent la grâce seraient les saints ou les fous"), les passages qui remplacent les créations, la révélation de l'humanité définie comme "sur la terre sous le ciel" selon le kojiqi (que j'ignore), le cheminement de la voie personnelle, etc.

Je vous invite tout simplement à le lire:

http://www.larevuedesressources.org/spip.php?article1112

"Un Français à shanghai", une chanson "shan zhai"?

C'est grâce à aujourd'huilachine que j'ai découvert Un Français à Shanghai (paroles traduites en français en bas), clip réalisé par un groupe de chanteurs qui habitent Shanghai. Chanson de rue("jie-ge"/街歌) dirait-on, et qui, si ce groupe allait en faire un CD, aurait pour effet "Hélène, je m'appelle Hélène..." qui surgirait de différents coins de la ville. Ils sont si bien shanghaiennisés, à mes yeux. Je veux dire qu'ils ont bien remarqué les courants du moment dans cette ville.

Leur chanson, dont l'air est celui de Sting, Englishman in New York (je m'épargne pour en faire un lien vers Youtube, qui m'a dit que "this video is not available in your country": tant pis; mais c'est peut-être avaible en Europe ou aux E-U), me rappelle dans un premier temps la "culture Shan Zhai" , maintes fois évoquée par les medias lors des compte-rendu de l'année 2008: "shan zhai"(山寨), camp de la montagne, notion qui doit son origine dans Au bord de l'eau, l'un des 4 classiques littéraires chinois, où les héros populaires et réactionnaires se réunissent dans la montagne et organisent un petit monde en opposition avec la Cour d'alors.

"Shan Zhai" au sens de 2008, est devenu un nouveau éphitète qui désigne les produits qui reproduisent les produits de qualité, avec la même apparence et une qualité secondaire. Les produits Shan-Zhai, en commencement avec les mobiles et les produits de IT, ont bien gagné le marché intérieur, avec notamment leur argumentation comme: Consommateurs, nous avons bien pris en compte de votre besoin pour vous proposer les produits avec de bonnes marques(min pai); concernant le prix, nous vous avons tolérés, voyons, c'est pas cher et est à votre portée, alors concernant la qualité, veuillez nous tolerer de votre part.

Cette culture populaire (vraiment populaire) de "Shan Zhai"s'est étendue dans tous les domaines, dont l'audio-visuel. Vous connaissez forcément le fameux Chun Wan, spectacle CCTV au réveillon de la Fête du Printemps (sur ce, je constate que sa qualité s'est bien améliorée pour cette année et qu'il y a eu de bons numéros), et l'année dernière, je crois, il y a eu le premier "Shan Zhai Chun Wan", le Chun Wan populaire organisé par les gens ordinaires et diffusé sur l'Internet, considéré alors comme un défi lancé à CCTV. Quel que soit la qualité, ça a été bien encourageant, et cette année, on trouve toutes sortes de spectacles qui se nomment Shan Zhai Chun Wan.

Il y a eu bien des débats sur "la culture de Shan Zhai". En général, les Pour déclarent être contents de ce phénomène parce que c'est très bien de vouloir s'exprimer et d'avoir le courage de se défier des autorités; que l'état de chaos précède nécessairement l'état ordonné. Les Contre se préoccupent du problème du plagiat : déjà en Chine, on a tellement de mal pour distinguer le vrai du faux, l'honnêteté de la tromperie sincère; de vouloir copier, reproduire les choses de manière systématique, ce qui est en plus encouragé par le marché, c'est inquiétant, ça nuit à la créativité et au développement durable d'une société, sur le plan idéologique.

Les deux parties ont raison. Moi, je suis penchée sur le Contre. Que les produits Shan Zhai trouvent leur part de marché et fait profit comme leur produits prototypes, c'est passable, les grand Groupes délocalisés en Chine n'auraient pas tant d'énergie pour faire le procès contre la majorité pour réclamer leur droit de Marque; de l'autre côté, acheter volontairement un faux produit consommable , ce serait le choix perso des consommateurs. Quant à se prétendre lancer le défi aux autorités avec une étiquette de Shan Zhai, c'est à discuter. Je crois qu'en quelques sortes, les premiers Shan Zhai courageux sont en train de devenir les modèles que suivent les Shan Zhai venant nombreux: l'histoire d'imitation et de tendances, ce qui revient plus simple que son grain original. Citons alors Bai Yansong qui a animé le Chun Wan 2009 et que vous auriez vu dans l'interview de LI Huan : "Pas aussi sérieux que ça/mei na me yan su!" le Shan Zhai, devenu une culture populaire, n'incarne pas forcément un sens de révolte, mais resterait, comme l'appellent souvent les Shanghaiens, une drôlerie apparente/xue-tou噱头 qui fait couler le capital ou qui devient simplement un terme de pub pour attirer le public.

Si je suis plutôt contre, c'est notamment parce que je me vois liée davantage aux Arts et cultures. Un chinois qui habite Paris et qui court de temps en temps aux marché de l'art partout dans le monde rappelle, l'autre jour dans la discussion sur une exposition des peintures chinoises, que la création d'une oeuvre d'art, c'est celle qui ne peut être reproduite, et que la reproduction de toutes sortes de cette oeuvre provoquerait la dégradation de sa valeur. Mais alors, une oeuvre Shan Zhai pourrait juste être née de la reproduction, ou, mieux, de la ré-organisation des éléments composants au sein du même modèle de forge: disons que c'est plus une réaction physique qu'une réaction chimique.

La production du genre Shan Zhai, prenons les spectacles sur l'antenne shanghaien Arts et Humanités(Yi Shu Ren Wen) qui jouent délibérément sur l'effet lumière, l'effet virtuel-hyperréel, l'effet désynchronisation corps-voix(histoire de la représentation fausée des chanteurs), l'effet tradition modernisée, tous étant plus ou moins inspirés de la mise-en-scène de la cérémonie d'ouvertur des JO et qui semblent avoir dépassé celle-ci, ces spectacles relèvent-ils de la création? Oui, diront les médias locaux qui préconisent le soutien pour l'originalité de la création; Non, dirai moi, parce que la création, pour moi, est qch de chimique... Enfin, je ne suis pas expert de la sorte et je ne sais en juger.

Revenons à "Un Français à Shanghai", après ce longgg bavardage sur la culture "Shan Zhai". J'ai bien l'impression que c'est une chanson Shan Zhai, version shanghaienne du New York de l'englishman Sting. Et pourtant, c'est plus que ça, cette recomposition intermusicale. Ce qui fait notamment exception, ce sont les langues incarnée dans les paroles, trois langues qui règnent aujourd'hui sur Shanghai: Le chinois, l'anglais qui réincarne Sting, et le dialect shanghaien.Métisse.

C'est tellement drôle d'entendre chanter en shanghaien par les laowai(qu'appellent les Chinois les étrangers arrivant en Chine; mais il y a aussi les Chinois arrivant en Europe qui appellent toujours les européens laowai). D'après ce que je sais, il y a rarement de nouveaux-shanghaiens chinois, arrivant des autres villes chinoises, qui ont tenté de chanter en shanghaien. Eux apprennent le shanghaien pour bien faire rouler le business, ça oui, comme d'ailleurs un bon nombre de gens qui apprennent une langue étrangère pour fin pragmatique; mais pour chanter, c'est plus rare.

Le dialect shanghaien ne serait pas plus dur à apprendre que le madarin pour les laowai, à mon sens. C'est une langue dont le système phonétique croise celui de plusieurs autres langues, anglais, français, japonais, italien...Dans le shanghaien disons typique, on peut entendre par exemple le son nasal, qui serait l'une des marques de la langue française. Le chanteur du groupe Lions of Puxi (Puxi: désigne l'ouest du fleuve Huangpu, partie où il y a plus de vie shanghaienne, par rapport à l'autre rive, Pudong, jadis zone rurale qui marque aujourd'hui l'essor financier de la Chine, avec ses plusieurs zones du développement financier, technique de pointe, etc. C'est à Puxi qu'on vit bien, c'est au rive du côté de Pudong qu'on a une meilleure vue sur Shanghai...enfin, c'est avis personnel.) s'en sort en effet très bien pour chanter le shanghaien, dans une li-long(lane) de Shanghai et avec un gamin à son côté, malgré son petit égarement vers le chinois mandarin. Il s'est fait ainsi comprendre et il aurait plu et les Français et les Shanghaiens, en plus des show touristiques qui résume a French Shanghai, dans une jolie teinte qui transforme la grisaille de Shanghai en les métaux estompés: ça mériterait que le groupe aille chanter dans l' Art and Performance Center de la zone de l'Expo 2010.

En même temps, je dois dire que ce qui me plaît le plus dans ce clip, d'un côté, c'est le petit spectacle que donne le groupe au bord du fleuve-- l'art de la rue que j'ai admiré en été dernier que je n'oublierai jamais, lors des jeudis de Perpignan, festival où l'on va dans la rue le jeudi soir pour apprécier les scènes théâtrales, les danses flamingo, argentino ou catalanes, pour se relaxer, danser avec les musiques de toutes sortes: jazz, fanfare, batterie, rap, blues, rock, folkore... un spectacle de l'art de la rue, ça exige à la foi le dynamisme, la maitrise de l'instrument ou du corps, et la capacité d'improvisation, de communication avec le public. C'est de loin plus intéressant que les numéros arrangés.

De l'autre côté, entre les deux vocales dans la chanson, je préfère quand même la voix de celui qui chante Sting en anglais. Ce n'est pas nouveau, certes, mais c'est plus qu'amusant; ça touche, cette voix jazzy et soul qui erre mais qui ne manque pas de vigueur, qui diffère aussi de la voix même de Sting, imprégnée d'une humidité nostalgique mêlé de solitude. Sans parler des yeux derrière les lunettes de ce chanteur soul, qui me rappelle d'un ami marqué de franchise et de sérénité, alors chargé des missions de délocalisation à Nankin.

Ce mixte linguistique et musicale relève donc d'une sorte de recomposition et reprise de Sting, comme le dit bien l'article d' Aujourdhuilachine. Une reprise en marge de la reproduction et qui se distingue du plagiat, c'est donc...disons la ré-création?

Ah ya ya, c'est le règle d'or de notre société d'amusement. Quel mot exact.



Pour en savoir plus:

-blog de Lions of Puxi: "Récit d'une Chine que le Timonier ne reconnaitrait pas..." (cliquez ICI)
- Paroles(ang) de Englishman in New York de Sting (cliquez ICI)


-Paroles Un Français à Shanghai, traduites du chinois en français:


(En mandrin)
je ne bois pas de thé mais je bois du café,
ce que j'aime manger c'est du pain.
tu peux entendre mon accent (lorsque) je parle,
je suis Français à Shanghai.

Tu peux voir que je marche sur la Huai Hai Lu (note: ça fait partie de l'ancienne concession française)
Ce que je porte sur mon dos, c'est la guitare;
je la porte toujours en marchant,
je suis Français à Shanghai.

(Refrain) Oh.. Je suis laowai, je suis bien un laowai;
je suis Français à Shanghai.
Oh..Je suis laowai, je suis bien un laowai
je suis Français à Shanghai. ("wo-shi-shang-hai-de-fa-guo-ren")


(En Shanghaien)
Je parle shanghaien, (je le) parle très bien,
je t'appellerai (ce) soir
Je te raconte maintenant une histoire française
je suis Français à Shanghai ("wo-zi- zân-r/h
ê-fa-'guo-nin")

(Refrain)

(En anglais, extrait du "Englishman in New York")
Modesty, propriety can lead to notoriety
You could end up as the only one
Gentleness, sobriety are rare in this society
At night a candle's brighter than the sun
...

(Rap, en chinois mandarin, extrait de qq paroles des chansons populaires chinoises)
je ????, dit que je suis champagne,
(je) veux te (le) donne, comme si c'était mon coeur,
tu t'approches de plus en plus, il y a deux voix:
je dois être là, je ne dois pas être là;
celui qui t'aime le plus c'est moi, comment tu peux me laisser de bon gré le cafard
celui qui t'aime le plus c'est moi, comment tu peux me laisser de bon gré le cafard
Au moment où j'ai le plus besoin de vous, vous avez filé sans un mot.

(En anglais, réf Sting)
Takes more than combat gear to make a man
Takes more than a license for a gun
Confront your enemies, or shoot them when you can (Cf. Sting: avoid them when you can)
A gentleman will walk but never run


If, "Manners maketh man" as someone said
Then he's the hero of the day
It takes a man to suffer ignorance and smile
Be yourself, no matter what they say

Come on be yourself, no matter what they say
Just be yourself, no matter what they say


(Refrain)

27/01/2009

Méduse


Source,
qui éincelle au claire
des feux d'artifice.

Ceci n'est pas la mer;
fulgure en vert,
l'éphémère.

Ou, pétrifié,
l'éternel.



(Photo prise devant la fenêtre, à 00:05 du jour de l'an chinois 2009)


Ah, l'appareil-photo, c'est bien lui le regard de Méduse. De saisir.
L'idée est venue comme ça. Je découvre, parallèlement que les feux d'artifice qui se figurent tels quels, Méduse, la seule mortelle des trois Gorgones, puis l'un de ses fils jumeaux, Pégase, né "du sang coulant de la tête tranchée de Méduse", "incarnant la vie jaillissant de la mort".


Pour en savoir plus, consultez:

- la page sur Méduse (cliquez ICI)
- la page sur Pégase (cliquez ICI)

26/01/2009

La fibre

La fibre dorée, celle d'inspiration,
c'est du dehors;
...
Le dehors,
c'est Nankin.


--photographiée dans le train, le 25 janv 2009


"A Nankin!! Réveillez, réveillez!!" un agent de train hurle à l'autre bout de la voiture.
La voix a été brutale. Je me précipite pour me lever, regarder vainement le noir en dehors, tandis que la fenêtre reflète moi-même.

J'ai donc passé le pont du Fleuve bleu dans le sommeil. J'ai donc regagné Nankin que je n'ai encore pas pu visiter, à 5H57 le bon matin, au bout de 2 ans et demi du départ de cette ville même.

M'ont atteinte les coups au coeur, ces derniers étant d'autant plus forts qu'ils m'ont été complètement inattendus, et inconnus; moi qui me crois pouvoir désormais résister tant bien que mal au spleen et à la nostalgie.

Sans doute que ce qu'une ville nous donne et nous marque dans la vie compte beaucoup plus que ce que l'on puisse imaginer.


(la vaine marque-ville)

23/01/2009

Je repars

(Marque-pages, dans une boutique de Nan Luo Gu Xiang, Pékin)


Demain bon matin, le train va rouler slowly vers shanghai. 28 heures de route. Cette fois-ci je suis placée, heuresement. Siège mou. Je ne peux finalement pas en passer, cette tradition de retourner chez soi pour la fête. Deux ans que je ne l'ai pas fêtée.

Dans une dixaine de jours, je repars à Pékin avec ma grosses valise et y reste pour au moins une demie année, je travaillerai pour le Festival du cinéma français et le Croisement culturel. Ca m'enchante, ce CDD que je décide de prendre comme le début d'une petite aventure. C'est comme si je retrouvais la vie Mundus dans laquelle on déménage tous les six mois et qu'on apprend et on vit pleines de choses. Ce deviendrait une habitude terrible d'aimer partir comme ça.

Ma cousine à Shanghai irait me dire: mais qu'est-ce que tu fabriques, et avec cette vitesse en plus?! tu veux aller à Pékin et tu y vas comme ça, tu veux y travailler et te voilà partante. Qu'attends-tu prochainement?

Oh... je ne sais aucunement ce qu'il m'attend devant moi. Pékin, cette ville que je rêvais de séjourner quand j'avais 17 ans m'attire comme autrefois. Ce n'est pas parce que Shanghai me déplait que je la quitte, et ce pour je ne sais combien de temps: 6 mois, ou 1-2 ans, ou davantage. J'aime Shanghai, y compris son bien et son mal, ses charmes et ses travers, malgré la malaise qu'elle me fait ressentir, et le sentiment d'étrangeté devant les vicissitudes de ma ville natale: une ville métissée, qui m'a profondément marquée, au final. Je la quitte parce que rien de plus pour le moment ne m'y retiendrait: Pavillon France a dit non au dernier moment pour les missions éditoriales, à cause du problème des budgets (et c'est de là que j'ai compris ce que c'est qu'une crise mondiale...), ce qui est très dommage car c'aurait été l'un des boulots qui me conviendraient et qui me plairaient le mieux; un projet de conférences que j'ai inventé avec un homme de théâtre est encouragé, encouragé mais c'est resté encore au stade du plan général; la meilleure amie du lycée a démissionné de son emploi à Hangzhou, malgré l'idée des autres, toujours l'histoire de la crise, pour se laisser flotter ou s'enfermer, concevant son rêve d'ouvrir une librairie probablement avec son nouveau copain taiwanais, ce ne serait sans doute pas à Shanghai qu'on se croiserait; quant à mon père, enfin, il vit bien et vivrait mieux sans moi, je crois. Moi qui pèse, forcément.

D'autant que tout le monde, profs, attachés culturels, journalistes, artistes, éditeurs, libraires, critiques d'art...vraiment tout le monde, de Paris à Shanghai, à Pékin en passant, dit que Pékin serait plus sympa pour la culture. Un lettré shanghaien me dit même que l'on est plus libre à Pékin qu'à Shanghai: curieux. Ah justement, c'est là que je regrette un peu: c'est un prof-ami de plus que j'ai connu par hasard grâce au cinéma, lui qui anime une émission radiophonique pour présenter les bons livres, qui écrit sur les poèmes et les classiques, avec notamment ferveur pour les présocratiques. Cet ermite de grande ville, comme plusieurs de ses amis, lui me dit, viens prochainement quand il y a un bon théâtre au centre dramatique qui n'est pas toujours superbe, viens que je t'emmène chez cet écrivain-ci, chez ce traducteur-là, viens prochaine fois parler à la radio... Fascinant, le moindre de tout cela. J'aurais tant aimé découvrir le monde des lettrés shanghaiens et les écouter, regarder. Mais cela se fera probablement, et uniquement avec du temps et du coeur.

Ce n'est pas en une seule journée que j'ai pensé à Pékin. Maintenant que la porte s'ouvre pour que j'y entre, je n'en refuse pas. Les responsables ont dit ravis de ma décision, et moi, j'en suis ravie aussi, ouf, le gagnant-gagnant est bien possible. Suis partante.



(Légende: sur le post-it blanc: "抢劫不如去炒股! / A piller une banque on préfère spéculer à la Bourse!"
En bas: "梦想家=梦 · 想家/ Dreamer=Dream · ache for home"
Réalisée dans la boutique
种田/cultiver la terre de Nan Luo Gu Xiang, Pékin)