22/01/2008

Douce ou pas, la vie ( et les "rien à voir")

Les voilà, comme promis, je monte momentanément les belles lettres et les sceaux que j'avais découverts pendant les vacances de NoËl. (ici) Ils racontent les vies.

Que diriez-vous, de naître en 1794 puis mourir en 1915? Si vous aviez la chance d'entrer dans la nirvana, vous pourrez vous marier en 1930, puis vous faites les enfants qui seront reconnus en 1998? Fantastiques, n'est-ce pas, la vie, le retour, la vie éternelle, l'éternel retour...J'hallucine.

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Offre d’appel ! Qui est suffisamment farnientìssimo et sociable et curieux et têtu et éventuellement riche pour faire cette diable de recherche doctorante? Fouiller plus pour se perdre plus ! Toute innovante et pluridisciplinaire, cette recherche s’ouvre aux diplômés ou équivalents en archéologie, philologie, histoire de l’art, histoire, littérature et civilisation, anthropologie, philosophie politique, éthique de la technologie, droit de l’institution, et sociologie du droit. A la sortie on débouche sur la bureaucratie. Une vie assurée!

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Au XVIIIe Siècle, avant je ne sais quelle année, la devise de la France ne comprit pas « la fraternité ». C’était ajoutée, je devine, après la réclamation de ce fameux Monsieur le républicain qui préfère de loin les rêveries que les pensées: si les rêveries devaient être aussi éloquentes et pourtant ignorantes dans lesquelles on n'attaque personne mais répliquent tout le temps à tout le monde, moi je préferais me creuser la tête avec la pensée!



12 commentaires:

Unknown a dit…

la fraternité n'est elle donc qu'une rêverie ? ou est ce la devise de la république française qui ne serait pas le résultat du "penser" ?

j'ai du mal à saisir ce dernier paragraphe, plus précisément la dernière portion de phrase;
je sens poindre une forme de reproche, et au final de stigmatisation des "français"...

Anonyme a dit…

Le mot fraternité est entré dans notre devise en 1848, après qu'une révolution ait chassé le roi Louis Philippe.
En effet la première République n'avait retenu que les mots Liberté et Egalité.
C'est Napoléon premier, pour simplifier, qui mit fin à cette république.Lui même fut remplacé par une restauration de la monarchie des Bourbons, deux rois frères du précédent, puis, après un mouvement révolutionnaire en 1830, par une monarchie constitutionnelle.
La république proclamée en 1848, prit fin lorsque le président, imprudemment élu, Louis Napoléon Bonaparte la renversa par un coup d'état et proclama à nouveau l'empire.
C'est dans les premières années de cet empire que la France prit honteusement part à la seconde guerre de l'opium!
Mais à cette époque, Liberté Egalité Fraternité, n'était plus notre devise!

Anonyme a dit…

"Liberté Egalité Fraternité"

Ca n'a jamais été autre chose qu'un slogan, la "Liberté" n'est pas une valeur très française... "l'égalité", ça dépend du rapport de force, et la "fraternité"... un gadget rethorique.

Delphine a dit…

Merci Xiao-bob pr les renseignements. Thomas, désolée d’abord pour mon sabotage de l’enchaînement, des fois les choses sautent trop vite dans ma tête. Ephémères... Au fait j’étais un peu déçue et trouvais dommage quand j’avais aperçu que la « fraternité » venait après, puisque pr moi les deux premiers ne fonctionnent pas de sens sans ce troisième : la liberté propagée produit du sang, et l’égalité, à mes 16e ans j’avais compris que ça n’existait pas à elle seule ; une belle rêverie en effet. C’est pourtant la fraternité qui porte un sens relativement universel et qu’on doit en parler et reparler aujourd’hui. Mais si, Wen Dao, la liberté pour moi est très française, mais sur le plan éthique et se révèle dans le quotidien ; tout à fait, faut emprunter le relativisme pour éprouver l’égalité.
Vous me corrigez si je dis des bêtises : je crois que ce devrait être Rousseau qui a initié en premier l’idée républicaine qui deviendra « la fraternité »...au moins cette notion me fait penser à Rousseau (dont les rêveries m’entraînent dernièrement dans l’angoisse), et là je quitte un peu l’histoire des photos. S’il y a le reproche, ce n’est ni sur les Républicains(j’en suis une en plus, the pRc !) ni sur Rousseau, mais sur la manière d’argumenter de Rousseau le persécuté dans qq Promenades. Il apprécie tellement la rêverie, la méditation et la nature épurée alors qu’il n’oublie pour rien au monde ses ennemies et qu’il accumule les forces sur Moi le naturel, Moi le bon citoyen, Moi seul qui connais le bonheur, Moi qui ai tjrs plus de raison que tout le monde. Cette sorte de « paranoïa-critique » qui m’a bien agacée brouille parfois bien de ses idées qui demeurent pourtant pertinentes jusqu’à nos jours.

Anonyme a dit…

Cher Delphine, je m'excuse de vous contrarier, mais je pense qu'après 25 ans de vie dans ce pays, dont les 3 dernières à prendre du recul, a observer u petit peu tout ce petit monde. Je sais ce qu'est une privation totale de libérté, et malgré ça, je ne la trouve pas dans ce pays. Ici, la "non liberté" est plus fine, plus brumeuse qu'ailleurs. Dans certains endroit du monde, il est interdit de ne pas être d'accord, ici, on a le droit d'être d'accord.
C'est sûr, les discours sont éloquants et motivés, mais, méfiance devant l'éloquance!

Delphine a dit…

Je comprends parfaitement ce dont tu parles, dans une « société de contrôle » la non liberté est visiblement plus fine (Que diable comment ça se fait que je parle comme Molière !!!). Mais on se contrarie en effet. Tu parles de la morale politique, moi je pense à l’éthique...je veux dire la conviction dans la vie quotidienne. Tu évoques le réel et moi je rêve dans la métaphysique...(j’avoue que c’est le danger de lire attentivement Rousseau...) Toi, citoyen français, tu penses et tu crois à la liberté, n’est-ce pas, tu la revendiques. Dans certains endroits de ce monde, il y en a qui ne la connaissent ni n'y croient. Pour eux c’est un terme absurde.
J’ai jamais été très émue de l’éloquence d’un discours et j’ai tjrs pleins de doutes, peu de certitude. On y est bien d’accord.

Anonyme a dit…

Oh non, pas "moi citoyen français" stp... ça ne m'interesse pas vraiment... STP, épargne moi ça!!!!

sinon, la "morale politique" n'est pas divisible de l'éthique, le réel et le metaphysique ne osnt pas séparer, c'est le même corps. Delphine qui rêve et qui aspire, est la même qui mange, qui écrit, qui se jette dans la lecture... Les hommes sont toujours les mêmes personnes, (sauf les schyzophrènes), un citron ne pousse que sur un citronnier, jamais sur un oranger!

Quand à Rousseau, désolé d'employer un terme familier, mais, il m'a enmerder pendant un an au lycée, avec ses histoires de "peigne cassé", de "ruban volée" et ses plaisirs fetichistes ou sado-maso... et son style rempli d'arrogance! Le principale danger de lire Rousseau, c'est de lire quelque chose de nul!!!!

Delphine a dit…

ok je t'épargne résident français :D oui d'accord, qu'un citron ne pousse que sur un citronier.
Quant à Rousseau, son style est si beau et agaçant en même temps, ce que j'éprouve, mais il faudrait prendre des efforts pr se détacher de ce qui est énervant, sinon ce serait dommage qu'on découvre pas qqs-unes de ses idées, je répète, qui sont prtant bonnes(pas sur la politesse: tout n'est pas la masque, mais sur la justice et l'éducation.)
Rousseau n'est pas à avaler ou à cracher. Picorer Rousseau. C'est tout.

Anonyme a dit…

Très occidentale comme façon de voir les choses ;)
Tu sais, en creusant sa biographie, on se rend compte qu'en fait, la pensée de Rousseau, c'est uste son envie de justifier son irraisonnable soif de sexe... toi même tu as soulevé son style quelque peu "égocentré"... confirmé par ses gouts en la matière... en plus, c'est même pas un français!

Unknown a dit…

bonjour,

hum la discussion n'est pas évidente en quelques lignes sur internet, et les idées sont assez éloignées et peu détaillées pour être claires.

je comprends ta surprise pour la fraternité qui ne vient qu'après.

Mais la devise de la Révolution Française, elle, comporte bien les trois termes.

Ensuite, la république française a pris bien des tournures différentes et sa devise également. Il fut un temps, triste moment de l'histoire, où la devise de la république française était "travail, famille, patrie" qui est tout de même moins noble et ambitieux, pour celui qui aime les idéaux, que la devise de la révolution. Sans même parler de ce que cela évoque au point de vue historique.

Quand à disserter sur chacun des termes, je me sentirais plus à l'aise sur les deux premiers que sur le dernier. Pourquoi seraient ils moins universels que le troisième ? La fraternité est également un concept qui ne trouve pas nécessairement plus d'écho dans le peuple Français que les deux autres.
Le concept de liberté n'est justement pas destiné à produire du sang; et si l'égalité est très relative dans la société française, je ne crois pas que la fraternité le soit moins.

Peut être voulais tu dire que la fraternité relève plus de l'ordre du peuple, et qu'elle est plus facilement à la portée de tout individu. Que l'individu peut choisir d'être fraternel ou pas, quelle que soit sa situation, alors que celui privé de liberté, ou n'ayant ni les même droits ni les même chances, ne peut accéder de sa propre initiative à ces notions. Sur ce point je te rejoins.

Cependant, qu'est ce que la fraternité sans les deux autres notions ? Je veux bien croire qu'il soit plus facile d'encourager un peuple à être fraternel, mais sans oeuvrer pour lui assurer liberté et égalité, cela me semble assez paradoxal. Imposer des devoirs et ne pas oeuvrer pour mettre en place des droits.
Et je comprends qu'on ait pu se battre pour la liberté dans cette optique. Je parle ici de la révolution, (mais je reste sur la description de l'idéal révolutionnaire, pas sur les faits historiques de la révolution Française ou d'une quelconque autre révolution) c'est à dire l'utilisation de la force par le peuple opprimé pour accéder à cet idéal de liberté et d'égalité, la fraternité étant à mon sens un moyen plus qu'un but dans ce contexte.

Pour revenir sur l'exemple du monde des hommes mais sans entrer dans la dissertation, je veux juste noter que je ne parlais au dessus que de l'utilisation de la force dans le cas de la révolte, et pas d'une quelconque utilisation de l'idéal démocratique afin de justifier un conflit, en empruntant le truchement de la notion d'ingérence. Mais cela est définitivement un autre débat.

Pour conclure sur la parenthèse du monde des hommes, l'histoire a également montré que certains combat peuvent être menés de manière pacifique ; c'est encore un autre débat de savoir si tous les combats peuvent l'être.

Le point de vue développé ci dessus est particulièrement Français je te l'accorde. Mais c'est là tout l'intérêt de la discussion non ?

Quant à Rousseau, je ne peux malheureusement pas apporter grand chose, je n'ai que survolé « du contrat social » en cours de philo au lycée, et je n'ai guère de souvenir sur le texte en lui même, seule reste une partie de l'idée, et du commentaire fait en classe. Et ce texte n'est probablement pas celui ou Rousseau laisse le plus vagabonder son esprit dans ce style qui t'énerve. La question de « la soif de sexe » me semble hors de propos.
On en arrive au citron ; l'image est amusante mais pour moi elle est fausse, ou tout du moins le choix n'est pas judicieux.

« Réel et métaphysique »... la réalité est une oeuvre de l'esprit, c'est peut être en cela qu'on peut relier les concepts, sinon je ne vois pas d'autre moyen.

Si Delphine qui mange est bien le même humanoïde que celle qui pense, la première activité n'implique pas la seconde. Tous les humanoïde mangent. Et Delphine peut parfaitement manger sans penser.
La philosophie, et peut être plus spécifiquement la métaphysique, suppose justement cette prise de distance avec soi même, cette capacité d'être un autre pour dialoguer avec soi, le détachement.

Cela ne veut pas dire que la philosophie ne ferait pas partie du monde des hommes, mais qu'il faut peut être pencher sur la définition du concept d'humanité, et que ce concept ne se limite pas à manger et dormir.


Pour finir, je reviens sur la liberté.
Si dans certaines parties du monde le mot liberté n'évoque rien pour le peuple, cela ne justifie pas pour moi que ce concept ne soit que « français ». Je crois qu'on en arrive aux grecs et à la caverne. N'est ce pas ?

Enfin, ton ouverture sur la « société de contrôle » : Je ne possède pas les clés pour disserter la dessus, mais on rapproche des concepts qui ont des contextes et des origines différentes.

La liberté selon l'idéal révolutionnaire français, rousseau et son contrat social, la société de contrôle, les grecs...

Pour revenir sur le monde des hommes, si la privation de liberté se fait plus discrète dans la société de contrôle, si elle revêt des formes qui sont plus variées, si elle est peut être plus perverse, ou peut être plus aliénante,
il faudrait savoir a quoi on oppose ici, en pratique dans le monde des hommes, cette société de contrôle ? On semble ici dénoncer ce système car anti-libertaire, mais quel autre système prône – t – on ? Quel autre système existe -t- il en pratique dans le monde des hommes? Et comment définit on la liberté pour parler de son absence ?
Je pense que ce qu'on peut opposer à la société de contrôle, dans le monde des hommes, c'est le système totalitaire, tel que le définit notamment Harendt. Je ne possède encore une fois pas toute les clés alors je n'irais pas plus loin. Mais entre société de contrôle et système totalitaire, au regard de la liberté, quel système choisir ? J'irais pour la société de contrôle.
Mais puisqu'on mélange autant de concepts aux contextes différents, je pense qu'il faut rester prudent.

Un très long message. Je me suis levé ce matin avec l'envie de me livrer à une réponse.
Une tentative de clarifier un peu les choses. En aucun cas je n'ai voulu me faire « donneur de leçons », j'espère que ce ne sera donc pas considéré comme cela. Cette réponse est autant un exercice pour moi que ce blog l'est pour toi.
En espérant que ce ne soit pas complètement erroné. C'est particulièrement en dehors du sujet initial, mais pourquoi pas non ?
A bientôt,
Thomas

Anonyme a dit…

Si vous regardez la fameuse déclaration des droits de l'homme de 1789, vous trouvez dans l'article 2, je crois, la liste des droits fo,damentaux de l'homme. Ce sont: liberté, égalité, propriété, résistance à l'oppression. Dans cette liste, on voit bien que l'idéal du début de la Révolution française, c'est la propriété privée plus que la fraternité. La fraternité, par opposition à la propriété privée ( droit qui est même déclaré "sacré" par la DDH )implique en droit l'idée de partage d'un héritage ou d'un gâteau entre frères et soeurs...c'est clairement communiste. Aujourd'hui, plus personne ne parle de fraternité: que se passerait-il si nous considèrions les immigrés clandestins que nous expulsons comme nos frères? On ne parle plus que de liberté et d'égalité ( Egalité des droits seulement, un peu, beaucoup moins que de la liberté ). Dans le discours politique actuel, ce qui remplace la fraternité, c'est, me semble-t-il, la solidarité. La solidarité, qui devrait renvoyer à la "solidité" du corps social, c'est quand même plus mou que la fraternité.
Ce que je me demande, moi, tant qu'on est au rayon des grandes incohérences politiques, c'est comment la Republique populaire chinoise réussit à conjuguer les concepts de "socialisme" et de "capitalisme". Surtout un capitalisme aussi sauvage que semble l'être, vu d'ici, le capitalisme chinois. Pour un Français, ça, je crois que c'est incompréhensible.

Delphine a dit…

A Thomas, je fais juste une remarque de la "société du contrôle", je pense que vous êtes allé bien loin, car pr moi et pr Wen Dao je crois, la société du contrôle est bien simple et évident dans la vie, c'est "préenter votre carte de -25ans aux contrôleurs, sinon...", c'est "si vous n'avez pas acheté un billet de train à bord, il faut se présenter aux contrôleurs, sinon.." c'est "il faut absolument que vous portiez vos documents partout, surtout quand vous êtes dans une gare de frontière", c'est "entrez votre mot de passe" partout. Tous ces contrôles examinent de manière plus fine nos quotidiens, c'est de là que j'emprunte cette notion deleuzienne. Je sais pas de quoi s'agit-il pr les Grecs.
A Ben, je crois que je me trompe car je prends la fraternité pr l'esprit de générosité et de tolérance en général,ce que j'ai admiré chez qq amis français d'entre 30-60ans et qui me paraissent bcp moins évidents chez les jeunes. La fraternité comme tu évoques,le partage des biens, la collocation des gens de t les pays dans un même bâtiment lyonnais (souvenir jadis raconté à la radio d'une cinquantaine) par ex, est en effet très idéaliste aujourd'hui comme un régime(et non une communauté antique) véritablement communiste. La solidarité me semble impliquer une nation ou communauté derrière, et pr moi ce serait plus renvoyé à l'individualisme...sur la Chine je fais un nouveau billet.