11/01/2010

De l'inédit

©Delphine Dong|Piazza del Campo



(Ce devrait être un des morceaux les plus précieux dans ma réserve.Je mets ici les brouillions tels quels ils étaient. Brouillon non fini par manque du temps.)





16/08/07

Héritage vivant (et autres choses)

 

0.

C'était à Bergamo que j'avais entendu parlé del Palio à Siena pour la première fois. Laura m'avait parlé de ses vacances de cet été, sa famille sera à Siena pour aller voir la course de chevaux du 16 août. « Tu sais, ils ont deux courses de chevaux chaque été, à la piazza del campo, à ce temps-là la piazza sera pleine. C'est très beau. » « Ah oui, moi aussi je serai à Siena ! »

C'est dit, on s'appelera.

 

Le jour arrive. Après une journée à Roma bien dense tant pour le visa (c'est fait finalement) que pour les promenades-contemplations des de belles apparences, une autre énervée par le rapport du mémoire, je me lasse un peu de toutes choses. Je ne l'ai pas appelé, j'essaie de me convaincre d'y aller, la course des chevaux, traditionnelle, dans une place médiévale, quand-même...Mais je reviendrai, c'est pas loin quoi. En tout cas, la promenade de l'après-midi est à faire, puis on verra, s'il y a trop de monde, je me casserai sans regret aucun.

 

Décendue du bus, entrée dans la rue della città, après deux pas j'ai vu Laura. Ca y est, pas plus besoin de décision, je l'ai vue, donc je vais y aller avec sa famille. On est très content de se rencontrer comme ça, ça tombe très bien, elle a décidé que je dois me relaxer et son mari m'invite à dîner avec eux après. Elle m'a appris une devise : « les italiens ils disent, il faut pas faire aujourd'hui ce qu'il faut faire demain ! en Europe il y a pleins de retard. » Ah, quelle sagesse ! (par contre la sagesse chinoise dit l'inverse : il ne faut pas laisser ce qu'il faut finir aujourd'hui jusqu'à demain...)

 

1.

Encore deux heures avant que la course ne commence. Les gens se rassemblent déjà dans la rue, portant le foulard d'enseigne de leur communauté. A deux côté flottent les enseignes des différentes communautés. Ca sent la tension. On s'excite. De nombreux passages pour descendre vers la place sont bouchés, la police a laissé une seule brèche pour laisser entrer la foule en la dispersant vers de différentes parties de la place.

La police laisse entrer les gens len-tamen-te, alors que bcp plus de gens sont bloqués, dix fois plus serrés que les sardines ; pire, corps collé au corps. Ceux qui se trouvent à l'arrière sont tellement exaltés qu'ils ne peuvent attendre et qu'alors ils poussent en avant. Tout le monde crie, de peur (NO !) ou d'enthousiasme(VAI !). L'air étouffant. C'est un peu plus terrible que de s'insérer dans le métro shanghaien entre 8 et 9hrs—ça serre à mort mais ça bouge relativement pas ; encore plus terrible que de se mettre dans la foule qui allait apprécier les pétards au Bund le soir même de la fête nationale, dans les années 90—on bougeait PAS à PAS mais ça serrait peu.

Là donc, ça serre et ça bouge tantôt en avant tantôt en arrière, vous l'auriez vu cette scène dans la Dolce Vita de Fellini, où les bons italiens      du coup j'ai compris pourquoi il y aurait du mort dans le pèlerinage annuel.

 

2.

Entré dans la Piazza, on oublie tout de suite la cauchemar de tout à l'heure. La Piazza del Campo est transformée en terrain. Vers le bord sont les goupes en costume médiéval, de couleurs différentes; celui vers l'entrée, en bleu foncé, joue un air de marche, la moitié sont les femmes qui battent le tambour. Le monde se met au centre de la Piazza. Entre les goupes en costumes et le monde, la piste. La Piazza del Campo est en forme de coquille, inclinant vers le sud. « Elle a l'air petit mais en réel elle est très grande, et chacun aura une belle vue pour apprécier la course. »

 

Son mari étant siennois, Laura qui a vécu ici pendant des années m'a bcp expliqué sur cet événement. Ca alors, c'est une tradition médiévale encore vivante ! C'est pas comme le spectacle du marché médiéval à Perpignan, où quelques acteurs  prennent de la peine pour vivre de 9hrs à 18hrs à la journée du patrimoine, non plus comme quelques faux soldats romains sinon les papes voire les cardinaux, gais ou mous, suant sous le grand soleil, qui errent devant l'Arena à Verona comme à Roma. C'est un événement collectif, important pour les habitants. Cela remonte dans les 1200s, où leur ancêtres vivaient en communautés qui se rivalisaient. La course était conçue pour atténuer cette rivalité, (alors les chinois devraient recommencer les combats de coqs ou de grillons !) et au début c'étaient des boeufs qui courraient...

Aujourd'hui ça n'a guère changé. A Siena la tradition de la communauté continue, de même que la rivalité(plus ou moins), malgré le reste du pays. Les enfants vont dans l'école maternelle dans les autres villes italiennes, alors qu'à Siena les enfants vont dans « l'oratoire » de leur communauté et quelques femmes, tjrs de la même communauté, s'occupent d'eux.

Les locaux participent à cette cérémonie annuelle avec honneur et, loins d'être des turfistes, bcp en donnent de l'argent pour contribuer à l'organisation. Il y en a qui se prépare toute l'année pour cette course de trois tours. Il y en a aussi qui, à l'approche de l'événment, s'entraînent pour agiter les enseignes, jouer de la marche, abattre du tambour. Puis, bcp arrivent sur la piazza, portant leur enseigne, pour supporter le représentant.

Les italiens sont foux, vous alliez dire, ils raisonnent avec leur voix et leur corps.

Faux. Ils se libèrent avec leur principe. Ils ne disent pas « Hélas c'est la vie ». Ils disent, « ô viva ! La bella vita !! » ils savent jouer sérieusement de la vie.

 

(Laura m'a parlé aussi d'une nuance entre la course du 2 juillet et celle du 16 août : la première est pour les touristes, la deuxième est pour les locaux, puisqu'on est en vacances en juillet...Vivo ! )

 

 

3.

Agitation dans la foule...il me parait que la cérémonie a commencé : la manifestation de boeufs, boeufs blancs de la région, (Laura m'a confirmé trois fois que c'est pas du coton qui les enveloppe mais bien leur peau qui est blanche...) à l'honneur de leur ancêtre qui courraient comme les chevaux...

 

Les panneaux des peintres siennois.

Un silence absolu. Incroyable pour moi : ah les italiens, ils peuvent etre aussi silentieux !

Mise en ordre. Réaction différente dans la foule.

Un cheval ne se met pas en place. Recommencence pl fois.

 

Cours ! deux tombent, un réessaie de sauter au dessus avant d'être jeté de nouveau.

Gagné, l'équipe 2 pleure. Les gens de la communauté de la 2 pleurent.

Dans un coin, un homme bat avec l'autre. On les regarde en silence.

Admiration des italiens, avec distance.

A la maison. Les enfants, les photos anciennes. Les raviolis. Le terrain de basket.





Libellés: en Bribes, in Fabula




1 commentaire:

Il piccolo Bob a dit…

Il palio dell' Assunta, non l'ho mai visto io. Peccato!