31/03/2009

Aïya...Binoche.


il y a trois ans, j'étais dans la même salle voir une pièce de théâtre. Aujourd'hui le théâtre a changé de nom et ne s'appelle plus Bei BingMaSi JuChang.



Finalement je suis allée assister à la master class de Binoche. C'est obligatoire parce qu'il y a de la presse.

Je ne suis pas fans d'elle, je l'ai su lorsque je l'ai vue entrer dans le bâtiment. Si c'était Duras, ou Clézio, ou peut-être Klapisch(à expérimenter...) devant moi, je serais beaucoup plus excitée. Mais là j'étais bien calme, seulement pendant les premières deux secondes ai-je cru avoir confondu le monde du cinéma et celui de la réalité.

Elle ne ressemble pas à un grand star, tellement que j'ai failli ne pas la reconnaître. Je l'ai reconnue après avoir reconnu ma patronne. "Elle est comment??" Ma collègue chinoise me posa les questions lorsque je suis rentrée dans le bureau, "Normale." j'ai dit ça parce que c'est ce que je pense de Binoche et que c'est le premier mot qui me revient à la tête. "Comment normale...Charmante?" "Bah...elle est bonne, c'est tout.""Bonne? C'est abstrait, le mot."


Voilà, c'est abstrait, c'est très exact. La beauté de Binoche est abstraite car physiquement, elle n'a pas une allure étonnante; c'set d'ailleurs son côté quotidien que j'ai notamment apprécié d'elle et qui lui a fourni un aspect très humain. Elle possède pourtant un certain univers en elle et cet univers se voit et se sent: l'ingénuité qu'on peut saisir par moment dans ses yeux, malgré son âge, et la passion. La passion de force et d'énergie comme ce qu'on peut voir dans "l'Amant du Pont neuf", une force disons meurtrière, qui s'aperçoit dans son geste, à travers son corps, son regard, son anglais avec un bon accent américain(ahahh, elle aime parler tantôt fluently le français, tantôt couramment l'english, ce qui ne dérange point le super travail de l'interprète française). C'est probablement avec ce fonctionnement du corps qu'elle a pu réussir à danser partout dans le monde une histoire d'amour avec un maître chorégraphique.


Juliette! (tous droits réservés)

Et autour de cette danse qui n'est pas sujet principal de la master class/leçon de cinéma, elle a dit de belles phrases: "Make it there, then make it happen." "When I dance, I do a mouvement provided that my body feels it. It's a kind of sensation which desides. Not the mind."



photo shoot pro et pro-photo shoot




la fillette est trop mignonne. Durant toute la class elle se met en avant et prend les photos, drague un jeune étudiant-photographe avec qui elle échange les expériences photographiques et prend les photos tous les deux. Et on a l'impression qu'elle joue une mannequin car elle pose tout le temps et qu'elle pose très bien et très naturellement. Pour une fois elle est allée aux pieds de Binoche et celle-ci s'arrête et dit: je sais que tu veux de moi. L'actrice est sur point de terminer la leçon et elle se met au bord de la scène, dessine attentivement sur son cahier: un autre album de dessin "In-Eyes" comme celui de Binoche, qui sait.



30/03/2009

Pieds


A cette force de résister à la fureur et de la fondre.
Qu'elle ne touche pas la douceur fragile
de son intérieur.


(Pékin, post-Mundus 09, Chine)




Allure

(Lago di Garda, Mundus 07, Italie)



Pied

(Collioure, Mundus 08, France)




Plongée

(Lago di Garda, Mundus 07, Italie)



29/03/2009

L'habit



Ceci n'est pas Delphine. Ceci est l'habit.
De préparer un habit dit plutôt officiel m'a bien pris la tête, moi qui adore le jean qui est absolument interdit à la soirée d'ouverture.
j'ai cherché en vain une robe noire que j'aime en général et qui est dite passe-partout: là où que j'ai parcouru, les robes noires sont soit trop classe et/ou trop scintillantes, soit, ma foi, elles sont toutes en modèle koréen avec la ligne de ceinture élevée. Quand on ne connaît pas bien les boutiques d'une ville, on risque de tomber tout le temps sur les mêmes habits dits à la mode, ou sur qch de plus chers que l'on estimait.

après deux weekend de course je finis par trouver la solution. pour une fois j'ai pris la jupe, qui sépare mon haut et mon bas que je ne prends d'habitude pas. Pour le reste, il faudrait juste trouver la couleur qui ira avec.
Il faut dire que, et je l'ai éprouvé plusieurs fois, l'appareil photo produit parfois des choses tout seul et nous donne les effets hors d'attente. C'est dans le hasard que j'ai pris celle-là, et je la crois un petit miracle que la lumière de ma chambre et le meuble usagé m'ont ensemble offert.

A vrai dire, ce que j'aime le plus, c'est le cadre, l'opacité de la partie déformée du miroir, le rouge de l'armoire.

Binoche à shanghai

Pour info.

http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5ieHEGilXxzqUms3vXEuPhE14_qDw

Je ne fan pas particulièrement l'actrice, mais j'admire son respect pour le métier, son dynamisme, la passion qui s'aperçoit à travers de ses quelques photos de danse que je n'aurais pas l'occasion de voir, ses dessins de portraits "in Eyes": les portraits des réalisateurs avec qui elle a travaillé, des rôles qu'elle a interprétées, autrement dit d'autres Binoches.

C'est à la fois émerveillant et épuisant de devoir faire la tournée du monde en dansant à chaque fois, de recevoir les interviews infinies, de jouer l'ambassadrice pour telle ou telle marque. Elle a dit qu'elle se sentit fatiguée, lors de sa rencontre avec le public à la cinémathèque; mais on ne peut toujours agir à sa guise, surtout quand on est star. Alors à Shanghai, les medias ont donné les infos très positives, bien que tous ont répété la même chose parce qu'elle n'a parlé que pendant moins de 30 minutes, me semble-il.

J'espère que ce petit passage à shanghai lui aurait plû. Et prochainement Pékin, à pékin dans deux jours elle donnera une master class à l'école dramatique centrale (zhongyang xiju xueyuan) où sortent les futurs artistes chinois pour les spectacles vivants. les master class seront l'expérience exceptionnelle pour les artistes français et pour les étudiants des institutions artistiques dans lesquelles auront lieu leurs dialogues. (Et moi je suis privée de ces cours sauf si les interviews sont prévues...)

Lao Wang et les 35mm

C'était la première journée de la projection de presse. les journalistes à pékin sont gâtés parce qu'aucunes des trois autres villes du festival n'offre ce service à leurs journalistes. A Pékin les journalistes peuvent voir les films qui les intéressent parce qu'il y a un petit cinéma à CCF.

C'était la première journée de la projection de presse. On aidait Lao Wang à ranger les bobines dans le cabinet de la projection: là où se trouve, vue de la salle de cinéma, une petite fenêtre sacrée à travers de laquelle se projette une lumière blanche sur le grand écran.

C'était la première fois que j'ai vu de mes propres yeux les bobines de pellicules. Elles sont très lourdes, chacque film a en moyenne 5-6 bobines qui pèsent un peu plus que ma valise de 20kg. Dedans sont les films en état originel, sur les pellicules de 35mm, ou de 16mm pour les courts métrages, demeurent les images et les sons, les soutitres chinois récemment gravés dedans.

J'étais émerveillée. Je ne voulais pas quitter le cabinet et je restais voir Lao Wang projeter le film. Lao Wang me montra la grosse machine. Tiens, ça, la machine de la projection. Un immence système, dis-donc!

Tout est en chaîne. Là- haut, le pellicule rentre, s'y jette la lumière très forte, (il faut vraiment que ce soit très fort), pour projeter l'image sur le grand écran. En bas, un petit organe qui analyse le son, le transmet jusqu'à l'autre grosse machine dans le coin pour que le son se produise. Voilà le secret.

"C'est de la technique de pointe, tu sais. Au début on avait pas ce genre de machine, on avait une machine des années 30s et 40s; ça évolue au fur et à mesure...Les pellicules étaient de mauvaises qualités et parfois, s'ils sont bloqués là-haut, et que la lumière y restait, ça brûlerait." J'étais épatée. Je me suis rappelée de ma visite du musée à la cinémathèque de Paris. C'était en voyant les différentes sortes d'anciens cinématographes, en expérimentant les jeux visuels, que j'avais compris tout d'un coup que le cinéma est une véritable industrie, dans laquelle le mécanique est l'un des primordiaux.

"Au début...vous avez toujours fait la projection?"
"Ca fait plus de 20 ans que je suis là, tous les soirs, à projeter les films!"
"Ah!!! Combien de films vous avez vu donc!"
"Aïya... t'imagines, hein, 20 ans, ça veut dire quoi, ça veut dire que, tout compte fait, le moment où je mange avec la famille ne dépasserait pas un an en total!"

Voilà la différence de la logique. Lao Wang dit qu'il a été dans le petit cabinet de projection du cinéma du centre culturel français depuis 1987, si sa mémoire est bonne. Tout a existé donc depuis plus de vingt ans. Quelle ignorance pour ma part, moi qui croyais que ce centre n'existait que depuis fin XXe siècle. Et depuis plus de vingt ans sont projeté les films en pellicules, les 35mm ou 16mm. Les pellicules qui ont marqué la vie de Lao Wang qui devient l'homme de la projection, sous la main de qui sont passés je ne sais combien de films et combien de genres de films.

Les 35mm, d'abord c'est cher, ensuite c'est de vraies images. Mon collègue documentariste m'expliqua: tu sais, les pellicules, c'est du mercure. Quand on tourne, ce qui se produira, c'est la réaction chimique: les images s'y gravent dessus pendant que la surface du pellicule est relativement rongée, d'où l'effet de la profondeur du champ. (En numérique les images se voient bien plates, il est vrai). Si tu le regardes horizontalement en le mettant au niveau de tes yeux, tu verras de minutieux reliefs sur le pellicule.

Les images des films tournés sur les 35mm sont donc réelles, c'est-à-dire qu'elles existent, ne sont pas virtuelles comme celles en numérique, dont la vue se réalise suite à un jeu de composition optique; ne sont pas les fameux simulacres mais les "copies" selon la théorie de Baudriard le nihiliste.

Et sur chaque "copie", sont enregistrées un énorme nombre de photos qui tournent à une vitesse de 1/??? par seconde pour produire les mouvements sur l'écran et pour faire croire qu'une histoire y est en train de se passer.

Au final, le cinéma, pour certains, c'est l'alchimie des visionnaires. Un véritable art. Pour d'autres, tourner un film ne se dira plus, se dira tourner 5G d'histoire par ex, ou tourner 10 piles, dans je ne sais combien d'années où les pellicules auraient tous disparus. Pour d'autres encore, le cinéma n'a jamais existé; ce sont simplement les séries de signes de spectacles.

Pour Lao Wang, c'est simple, le cinéma est les bobines, la machine, les lumières, une salle obscure devant lui, la petite fenêtre d'où il peut regarder vaguement les films, un cabinet de projection, de belles besognes.

25/03/2009

SKHiZEiN- philo de la distance

Présentation: Un court métrage de Jérémy Clapin. Réalisé en 3D, un format pour lequel je n'ai pas le goût prononcé, mais, je dois avouer, celui-là est censé le meilleur parmi tous les courts métrages sélectionnés.

Résumé: si un jour une astéroïde tombe sur vous et qu'elle vous sépare en vous et vous', en séparant votre vie en vie et vie'?

Exemple: Vous allez ouvrir la porte. La porte (qui "est") est censée être devant vous mais elle apparaît de vue à 91cm plus loin de vous. Vous tendez la main dans l'air et faites un geste pour tourner la poignée, censée être devant vous mais qui se voit à 91 cm plus loin de vous, la porte s'ouvre.



Extraits:
- "On précise jamais au x gens de combien il s'en faut. On dit juste qu'ils ont perdu leur boussol qu'ils sont à côté de la plaque...Bon mais...quoi."
- "Alors un peu plus un peu moins...finalement, à quoi ça peut servir de savoir? Savoir de combien de centimètre on s'est éloigné? Hé bien la seule chose dont je suis aujourd'hui, c'est que d'où je suis, ça me fait plus rien. Plus rien. " (voix-off: "JE SUIS Là!!--")


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Extension:

Il y a une semaine. En réunion pour faire le point sur le planning global. A l'étape du tapis rouge de la soirée d'ouverture.
Patronne: " Quand vous accompagnez les stars les invités, il faut éviter d'être trop proche d'eux pour que les journalistes puissent les prendre en photo... vous vous ne rentrez pas dans les photos...mais attention, faut pas non plus que vous soyez trop éloignés: eux ils vont te chercher. Tu vois, c'est bien délicat et moi je ne sais pas le faire, j'empêche tout le temps la vue des journalistes :))) Donc faut voir comment garder cette distance."
Delphine: "ah on peut mesurer 91 cm d'à côté d'eux..."



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Extension' :

Akram Khan et Binoche sont arrivés à Shanghai. Danse "In-I" dans deux jours. Ce soir le lancement de la deuxième tour de conf de presse à Shanghai'. La patronne est dite crevée.

Ce soir' il y aurait eu un "déguste!" , de gastronomie et d'art visuel: performances et installations réalisés par Bequemin et Sagot. Intitulé: "Nous nous sommes tant consumés..."

Le déguste voyagera à pékin le jour de l'ouverture. Je sais que je n'aurai pas de temps pour déguster leur oeuvre mais j'aimerais bcp les voir sur place.


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Bilan:

Delphine travaille till late ces jours dans la cellule de communication.

Nous nous sommes tant communiqués...



éducation professionnalisante

Cette semaine: 1 fille mixte en 3e année de collège d'une école française à pékin, arrivée faire un stage professionnalisant: l'observation+ simple pratique bureautique.

Fille très timide mais qui comprend vite.

Découverte de son dossier de conseils de stage et des formulaires à remplir. Nature du stage comparable à ce que nous faisions (seulement) à l'université... dans mon lycée , j'avais: enquêtes sociales généralisantes. Dans mon collège, j'avais: groupe de musique traditionnelle et équipe de handball. Rien de professionnel.

Un bon guide de stage de A à Z, très structuré. Méthodo, ponctualité("pensez à ne pas...au dernier moment" marqué pl.fois, hihi...), questions, notes pour préparer le mémoire(!) de stage, politesse, etc, etc. Comme un guide de la rédaction du mémoire de master. Fait réfléchir aux élèves sur leur avenir. Celui de cette fille : le cinéma. la réalisation(!).

Tout ça: parfait et enviable (un peu).

Ai joué institutrice et conseillière éducative. Avec certaine douceur maternelle. Curieux. Stop.