18/09/2007

Manquant: au mois d'août-(ii)

Ne rentre pas avant que tu n’obtiennes le doctorat !

Une ancienne camarade qui continue en Master à Pékin : « T’imagines pas combien c’est de la folie dans ce fameux campus. Qui a encore le temps de bien bouquiner ? Tout le monde s’agite ici et là pour trouver de quoi travailler. ET pourtant, pourtant, ils annoncent que le marché du travail est presque saturé. »

Un ancien camarade qui travaille dans Shenzhen : « Quoi ? presque pas de boulot ? Si si pour la spécialité du français il y en a quand même pleins, très intéressant d’ailleurs, le salaire, tu n’as qu’à attendre d’être envoyé en Affrique. »

L’amie Mundus qui est en quête d’un boulot en Chine : « C’est incroyablement incroyable ! Il y a déjà trop de chômeurs diplômés de licence, il y en aura trop diplômés de master ! Ne rentre pas avant que tu n’obtiennes le doctorat ! »


Feng Huang a connu du renom immédiat

Ca y est, je n’ai plus besoin de vous présenter FengHuang, pays natal de l’écrivain Shen Congwen, petite ville réelle et imaginaire où j’avais guidé notre salon littéraire du lycée et qui m’avait inspirée la première (peut-être la seule) publication littéraire. Tout le monde la connaîtrait maintenant : heu...vous savez, il y a eu l’écroulement d’un grand pont tout nouveau sur le Fleuve Tuo, avec une soixantaine de morts annoncées ...Oui, voilà, c’est là le Feng Huang.


Quand LuXun deviendrait Kong Yiji

Monsieur devrait être choqué par toutes les polémiques desdites études-Lu Xunniennes menées au tour de sa littérature et de sa vie, par la situation de la Chine d’aujourd’hui, par sa littérature même. Mais aujourd’hui, Monsieur se ferait probablement Kong Yiji : « Cri...critiquer, ce n’est pas contre...Ne me moquez pas~» Il saurait dire cela.

« Ne me moquez pas~», cette phrase avait bien circulé dans notre classe de lycée, comme certaines autres phrases-signature de Lun Xun ou encore quelques slogans politiques, tels que « Persuadez par la moralité ! »(以德服人), ou «soyez en phase avec le temps/l’esprit de son temps! »(与时俱进).

En imitant cette phrase, on se faisait lettré âpre, avec un ton à la Kong Yijienne. On l'avait tellement bien compris.


L'euthanasie ? Non merci. Ma un divertimento? perché no !

Ca fait bientôt un an depuis mon départ en Europe. Quand j’ai pu profiter du MSN pour discuter avec quelques amis des 70s, les classes moyens bien cultivés d’aujourd’hui, j’ai ressenti bcp de choses, un peu de problèmes de communications chez les uns, un abattement gris chez les autres, avec ou sans conscience.
La vie continue.


--C’est un peu n’importe quoi maintenant en Chine, non ?
--Comment ça ?
--Ben...des accidents, des corruptions, des censures, des inflations, et les préparations des sacrés JO...C’est de la folie ça...
--Ca te concerne donc? Tu verras, t’auras pas le temps pour cela. Pour moi mon boulot me suffira. Et l’appartement. Et les bourses. Tu vois, t’auras pleines de choses à réfléchir... /Bof, c’est pas deux jours qu’il y a ça, tu vois. On peut rien faire...Faut pas trop les suivres d’ailleurs, pour garder l’état mental normal. /Le changement ? non, on attend pas ça. Pas moi, ni mes collègues.Ca a roulé comme ça et ça va continuer à rouler comme ça. Non non, rien ne sera changé. Personne n’a de temps pour s’occuper de ça. / L’élévation des prix ? C’est normal, le prix s’élève avec le salaire ! (Mais attends, tout le monde reçoit donc un salaire élevé ?)

--Ca va ? T’as donc abandonné Paris, et l’installation à Shanghai désormais?
--Ca va ! Oui ! Qu’est-ce qui peut être mieux ? Ici je gagne autant, je peux parler le shanghaien et le mandarin, hiahia~ Puis il faut comprendre, ici, ...
--C’est la société de l’amusement et de l’harmonie ! Sans souffrance et guérison assurée !
--Dis donc, tu connais bien la Chine !
--Au moins pas pire que toi. Alors dis-moi, comment tu vis maintenant ?
--Je vis bien ! Travailler, se régaler, bouffer, dormir, se promener, et le temps passe. Voilà. Tu vois c’est pas difficile du tout... J’aime Shanghai !

(nb : mes amis ne paraissent pas au courant de l’affaire du gaz toxique à Xiamen, de l’avortement d'une promenade collective, cet acte artistique aussi touchant que stimulant. L’unité des médias officiels est magnifique. )

Aucun commentaire: