春 运。Chun yun= transport/voyage de Printemps = voyage durant la période de la Fête du Printemps, c'est-à-dire le Nouvel An Chinois = voyage durant la période de pointe de la Fête du Printemps, c'est-à-dire le Nouvel An Chinois.
Les gens savent que c'est une erreur de se décider de voyager à l'approche du Nouvel an chinois parce qu'il y aura énormement de gens en route, les gens savent aussi que ce serait difficile de ne pas commettre cette erreur parce que c'est la fête du Printemps et qu'il faut que l'on rentre. Les gens s'empressent alors de calculer la première date réservable, tant que le ticket ne s'achète qu'en dix jours avant le départ, y compris le jour du départ. Décidément, c'est le premier des dix jours qu'il faut aller arracher le ticket derrière une queue infinie devant une petite fenêtre, quand on voyage par le train. Et si le train ne marche pas, pas question d'hésiter : à commuter immédiatement au vol, à l'autoroute. Quoi d'autres ?
C'est que si l'on improvise, ou se lasse, soit on laisse annoncer « Non, il n'y en a plus pour celui-ci. », « Il n'y en a plus pour celui-là non plus. » « Encore pire pour celui-là-là. » ; soit, comme moi qui suis allée chercher un ticket de train huit jours avant le départ, on devient non placé en s'obligeant de payer un ticket sans siège, puis on se débrouillera d'une manière ou d'une autre : continuer à improviser pour se procurer un tabouret pliant, chercher pour soi un espace vacant parmi les sièges les jambes et les valises, souhaiter de tomber sur un voisin assis qui descend très prochainement ou sur un siège vierge acheté vainement par un Huang Niu (c'est-à-dire un Boeuf jaune : revendeurs des tickets) qui a raté l'un de ses commerces, payer trois fois de plus à l'abord du train pour aller dormir à travers la nuit sur une couchette molle. Ce dernier moyen est à vivement déconseiller personnellement et à vivement conseiller politiquement durant cette période de Crise : que tout le monde cherche un peu plus le bien-être, et l'Etat se (re)dynamisera très vite.
Waou. Voyage de 14 heures sans siège(Mais non, « non placé » plutôt. ). On irait me demander, t'en as l'habitude ? c'est tellement différent. De quoi ? De l'Europe. Ah. Les premiers jours de mon retour à Shanghai, lorsque j'étais prise de sternutation et que je souffrais de nouveau de l'allergie qui m'avait point dérangée en Europe, j'ai jugé l'air de Shanghai trop pollué, et j'ai compris que l'air d'ici et l'air d'ailleurs sont liés partout dans le monde, mais quand même, il y a la différence. Mais dire de là que je ne m'habituerai pas à l'air de Shanghai ? Sauf si je ne respire plus.
Et là, dans le wagon peuplé, je sens aussi la différence par rapport à l'Europe. Je sens la différence parce que je me souviens tout d'un coup des trains européens que j'ai connu, de différentes sortes : le Paris-Perpignan qui frôle la Méditerranée en traversant Sète la villette onirique, le Perpignan-Cerbère qui emmènent aux villages maritimes, dont Collioure lieu d'inspiration et de détente, dans les trains luxueusement conçus pour les vacanciers parisiens ; le Milano-Paris au pied des Alps, s'arrêtant une demi-heure à la station d'un village inconnu pour l'examen des documents de voyage, le Montpellier-Barcelone qui envoie trois équipes d'agents pour vérifier les passeport et les Visa ; i treni regionali italiani qui sont pour la plupart du temps en retard et puis sobiamo spiacenti(Nous sommes désolés, ... »), les trains anglais qui se diversifient en formes et en tarif, du plus dégueulasse au plus classe ; enfin, les trains français qui permet autant de confort dans la première classe comme dans la seconde classe, mais pas forcément dans la voiture-lit de Corail-Lunéa où l'on se serre sur une couchette étroite dans un compartiment aussi serré. Mais la conception des sièges inclinables est formidable, ces gros sièges comme ceux dans une clinique dentiste. Cette invention économique entre le siège et la couchette dans les train de nuit permet de tout faire : lire, dormir, regarder à l'extérieur, grignoter, ne rien faire, ou encore faire un peu d'exercice sans se déplacer.
Bien sûr, je ne peux envisager que la Chine commande des trains munis des voitures de ce genre. Ni puis-je imaginer que ces gens autour de moi puissent s'arrêter une minute leur causerie pour keep silent dans une telle voiture. Non. Il y a des choses qu'il faut accepter comme ça. Et l'habitude, c'est bien une question du temps et de la volonté. Quand je dis, oui, j'ai l'habitude des trains pleins de monde dans lequel je me trouve non-placé, c'est que j'accueille ce fait, comme un fait, quoi, même si ça m'est assez peu arrivé, finalement. La répétition n'est pas cause unique de l'habitude. La dernière expérience sans siège, et aussi la pire, la plus violente, c'était la seconde moitié du Chun Yun de 2004. C'était le train vert Xi'An-Shanghai, le primitif dirait-on, qui voyageait alors à peu près trente heures dans les premiers jours après le jour de l'an chinois. Je frissonais sur le plat-form en regardant de nombreux travailleurs-migrants crier, tous excités, en courrant vers les accès du train, les gros sac en haut de la tête. J'avais un ticket sans siège mais quand on me poussa pour que je trouvasse un coin pour m'installer, je suis tombée sur un siège occupé par personne. J'étais donc bien tranquille au milieu d'un groupe de migrants qui allaient recommencer leur travail, qui rigolaient à haute voix et mangeaient tout le temps. Les migrants rentrent et je pars, eux repartent et je rentre. C'est drôle.
C'est mieux quand même, cette fois dans le train Shanghai-Pékin, en provenance de l'Expo 2010 à venir à la destination des JO bien réussis. Les serveuses parlent toujours entre elles en dialect shanghaien mais sont bien formées lorsqu'elles donnent des services. Les passagers aiment comparer les deux villes : les bâtiments urbains, les prix de l'appartement et de la vie, les lignes du métro, les prix du transport, les universités, les boulots, les dialects, les gourmandises locales, les climats, etc. Tout sauf les gens des deux villes, heureusement. C'est qu'on est tellement mélangé aujourd'hui, malgré le hu-kou qui nous identifie administrativent et démographiquement.
Cette fois, on n'a pas besoin de chercher où mettre les pieds : sur le bord des sièges, dans l'espace minimum de deux cuisses, sur un gros sac, etc. Les pieds ont bien touché le sol et se placent bien par terre.
(Gauche: Féminin, effet du flou. Droite: et masculin)
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