18/04/2009

L'insensée de Shanghai

cherche son chat



C'était en pleine minuit. On est arrivé à Pékin en pleine minuit. Le trajet a été long, même si le vol Shanghai-Pékin semble être achevé en un clin d'oeil. J'ai eu du mal.

Le lendemain matin lorsque j'ai ouvert les yeux, j'ai eu le sentiment d'avoir réveillé d'un rêve. Un rêve étrange, qui m'accrochait et que je ne voulais quitter.

Je ne trouve guère de mots pour décrire ce voyage à Shanghai. Le voyage, non pas le retour. N'y retourne pas. Je l'ai su lorsque je sortai de l'aéroport et que l'humidité de Shanghai m'embrassait: c'est la première fois que je l'ai sentie aussi fort, mélangée de fraîcheur.

Un voyage de coeur, comme si tout se passait dans un ustensile transparent où je ne me trouvais nulle part, ni dans ma ville, ni dans la ville d'où vient la délégation.

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Ca a été une semaine remplie de discours. Discours médiatiques, souvent efficace et répétitif mais certains en sont enrichissants, font réfléchir, permettent aux artistes d'exprimer ce qu'ils voulaient sortir.

Plus agréables sont les conversations avec les artistes, dans une voiture qui roule ou dans un balade en plein centre. On parlait de tout, on parlait des parcours, des anecdotes, des architectures, du psycho, du délire imaginaire, des langues, des crimes, des taboux de la société, du justice, de la lueur dans les ténèbres, celle qu'on peut appeler l'espoir, de la tolérance. De leur vision du monde.

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L'hôtel, espace de déplacement et de tourisme. J'ai été obligée d'écouter les petits secrets des agents : une fois qu'ils parlent entre eux, ils utilisent automatiquement la langue locale. Les interprètes qui travaillent pour les rencontres du public au cinéma me parlent en shanghaien sans hésitation lorsqu'ils m'appellent sans qu'ils ne me connaissent, tandis que je fais partie de l'équipe de Pékin. Je cherchais en vain de me débarrasser de cette familiarité, cette prétention de l'avantage linguistique. Je ne trouve pas de moyens pour contourner ce dialect.

Au bar du 30e étage, le panorama du centre de cette ville s'étend sous les yeux. Au milieu, la fameuse rue piétonne, que je connaissais par coeur, s'est montrée comme un endroit qui m'est complètement inconnu. La partie haute du bâtiment de l'hôtel est construite sous forme de prisme: l'idée me semble être bien judicieuse.


rue piétonne, vue du vitre


L'ambiguité circule dans le couloir en traversant lequel on accède à la chambre sans faire du bruit, grâce à l'épaisseur du tapis. Un point vert clignote lorsqu'on insère la carte, s'ouvre alors une pièce de confort et d'intimité temporaires, et temporelles, que traversent des historiettes insignifiantes qui surprennent comme les étoiles filantes. La nécessité est de faire un peu d'efforts pour s'y accommoder, de se dire qu'après tout, c'est différent qu'une auberge de jeunesse.

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Dans le minibus je regardais les bâtiments courir vers l'arrière et pour une fois je recommence à m'interroger où me rendre. Ne sais dire où aller. Durant trois jours j'ai vécu pleinement dans un état idéal, ai revisité la ville qui a été la mienne. Après, où va, quelles villes dans ce monde, pourquoi repartir, déjà? N'ai pas de goût prononcé pour partir, tant s'en faut (ô, tu parles, Delphine.). Sorte d'âpreté qui bourre un peu la ventricule du coeur.

Nejma m'a envoyé un texto me demandant "pourquoi, cette monosité?" Si je savais pourquoi, Nejma.


vol Pékin-Shanghai


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