Pleine lune. Voilà arrivée la Fête des Lanternes, le Shi Wu, clôture du Nouvel An chinois. Une journée aussi importante que la veille et le premier jour de l’année chinoise, où, dans les campagnes de Shan Bei(nord du Shan Xi), les gens gardent encore une partie de la tradition de la fête de printemps.
Je n’oublierai pas le nouvel an chinois d’il y a trois ans, pendant lequel je voyageais sur le Plateau de Loess, parcourais de petits bourgs et villages parfois déserts, fouillant la tradition du nouvel an dans ce lieu d’origine de la civilisation Hua Xia du bassin du fleuve jaune. Je posais drôlement la question aux conducteurs, passagers, serviteurs, marchands, agriculteurs : Comment passez-vous la fête ? Où y-a-il la tradition de Nouvel An ? (de sorte que j’avais été présentée une fois comme journaliste culturelle, sans que j’eusse pu le comprendre) J’allais donc ici voir danser le Yao Gu (腰鼓,Tambour à la ceinture), là pour un théâtre rustique de Qinqiang (秦腔, opéra traditionnel de ShanXi né sous les Dynasties des Qin). Beaucoup de découpages-papier sur la fenêtre, sentences parallèles(对联) à la porte. Le reste, jaune pur et brut de la terre.
J’ai le remords de ne pas pouvoir rester jusqu’au Shi Wu, où,à l’occasion de la Fête de la Lune, tous les bourgs, villages et petites villes de la région vont envoyer une équipe de jouer-dragon participer à la compétition traditionnelle de jeu de dragon(舞龙), dite « spectaculaire », qui aura lieu à Yan’An, ville rouge comme base des Communistes pendant la guerre intérieure.
Les rencontres font toujours partie importante des voyages. Le 1er jour de cette année-là, l’autocar me laissa dans un village enneigé où personne sur la route pendant le premier quart d’heure. Puis Li Da Shu, en me voyant, m’ouvrit la porte, m’invita à manger un nouille avec sa famille, m’emmena dans sa moto-tricycle à voir un bout de ruine d’une muraille de 3000 ans, dans le désert au plus nord de la province. Soeur Zhao, hôtesse de la grotte (Yao Dong窑洞,lieu d’habitation comme maison de la région) d’un ancien propriétaire foncier, me réservait une place sur le Kang (炕, lit dans les campagnes du nord, fabriqué de brique ou de terre, qui réchauffe grâce au charbon dans le trou en bas) ; je pouvais ainsi constater une vie locale assez particulière et profiter d’un repas de petit Nian le 6 janvier. L’ingénuité chez les gens dans les régions pauvres à l’Ouest devait me toucher au point de m'influencer profondément, me retirant d’un esprit couvert des poussières de grande ville.
C’était dans un village connu du découpage du papier chinois que l’on m’emmena chez cette dame agée, faisant le découpage du papier depuis long, qui avait été interviewée, par le media, l’office, les journalistes de différents pays. Je me disais que cet art avait été bien protégé, malgré l’ombre omniprésente de la bureaucratie. Elle me montrait avec bienveillance de plusieurs collections de ses oeuvres, dont la plupart dégageant d’un raffinement extrême des images compliquées, implicant un proverbe ou une légende ancienne. A la fin, elle me demandait, « Tu aimes bien tout cela ? » « Oui ! Vraiment impressionnant». Elle sourit. «...Lesquels tu veux acheter ? » « ... » Telle une question désaccordée qui me réveillait d’une belle rêverie. Mais je crois bien que ça aussi, ça fait partie de l’ingénuité du peuple sur la terre jaune. Je me fuis sans tarder, regrettant sinon un goût amère, au moins la douceur altérée.
03/03/2007
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