08/03/2009

Conversations de presse

Cette conférence de presse m'a été une bonne exercice de PR. Depuis ces jours, je m'aperçois que d'équilibrer les demandes des médias et de vendre les films et les stars, j'en suis encore loin, il me faudra du moins plus de temps pour dire tout de suite quel film est tourné et joué par qui et avec quel intérêt, ce qu'ils ont fait avant et quels ont été leurs parcours, qui est prêt pour les photos shoot et qui ne peut plus accepter les interviews pendant quelles heures. En revenche, pour les plannings, les communications internes, les préparations des dossiers, je me trouve plus à l'aise. Ca me semble un jeu intéressant d'ailleurs à tatonner les différentes humeurs des services de presse et des journalistes avec qui j'échange les courriels--à me corriger vite aussi, afin d'éviter les tensions minutieuses qui se transmettent entre les lignes.

Le moment de l'accueil a été plutôt drôle. On nous donne leurs noms et, "ah, c'est bien vous!". Cette occasion même est pour rencontrer face à face les journalistes dont je retiens le nom mais que je n'ai jamais vus auparavant, mais aussi les invités intéressants, et éventuellement les anciennes connaissances: une ancienne camarade et amie d'université, une journaliste radiophonique qui m'avait guidé durant mon stage il y a bientôt 3 ans, etc.

J'ai dû néanmoins garder la vigilance pour éviter de tomber dans mon état habituel taciturne, car je sens que ça peut gêner et les interlocuteurs et moi-même. En revanche, au bon terminus de l'événement de la journée, c'est-à-dire après la préparation, l'accueil, la confé, les conversations, les (re)mise-en-paquets des matériels à envoyer dans les autres villes ou à emporter directement par nos chefs qui se précipitaient pour aller à l'aéroport faire la tournée des villes, je me sentais ne plus vouloir parler pour le reste du temps, et c'est là que j'ai compris pourquoi on dit que les PR sont éloquents/bavards dans le travail et plutôt silentieux dans la vie.

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Lors de la conférence de Pékin au moment FAQ entre les invités et les journalistes, un journaliste de l'agence Xinhua a posé la question sur l'affaire des têtes de bête à l'Ambassadeur: merci de donner votre point de vue, en chinois ou en anglais, sur la vente des deux têtes de bête.

Déjà, pourquoi cette exigence linguistique? D'abord il est dit que cet ambassadeur-là est diplomé de Langues'O et a appris le chinois, mais comme un ambassadeur représente avant tout son pays, il est convenu qu'il parle le français. Ensuite il est dit aussi que l'Ambassadeur parle en réalité peu de chinois: en effet, la connaissance et la pratique ne sont pas forcément la même chose, on a le choix sur la langue avec laquelle on peut mieux s'exprimer, et le fait de ne pas bien parler le chinois n'est pas à reprocher parce que pour un diplomate, l'important dans la communication serait plus d' avoir un esprit de dialogue et de prêt-à-l'écoute: il ne manque pas de chinois qui connaissent bien le français et qui haissent la France, il existe aussi des français qui parlent bien le chinois et avec qui on peine à entamer une véritable conversation. Les langues aident certes à mieux communiquer, mais la maitrise linguistique n'est pas tant une condition prémordiale.

Ce journaliste souhaiterait finalment rendre efficace les FAQ et éviter d'éventuels malentendus à cause de la traduction. L'idée est compréhensible, mais je ne peux pas être d'accord avec. Je connais le travail d'interprétation et la manque de confiance pourrait bien déranger l'interprète et donc rendre pire la conversation. Cette exigence linguisitique est donc bien inutile, et le journaliste l'auraît su lui-même avant de la poser.

La question même est hors d'attente vue que tout le monde est là pour les événements culturels, mais ça ne me semble pas surprenant parce que c'est un topic chaud du moment et que les journalistes aiment souvent se profiter de toutes occasions pour poser les questions, que de réfléchir aux conséquences de l'interrogation n'est pas tant leurs affaires.

Quand ce n'est pas le bon moment, la question est en général facile à répondre parce qu'on n'est pas obligé de s'y affronter: je voulais dire que nous sommes là pour les manifestations culturelles, que les actualités ne s'y mêlent pas, et que ces événements contribuent à la compréhension mutuelle et aux échanges culturels entre les deux pays. C'est ça.

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Un ami journaliste, qui travaille pour un journal dit le numéro 1 des journaux financier en Chine, m'a dit hier au téléphone que la conférence à Shanghai lui a paru "plutôt bizarre". Je dis comment ça, bizarre? Il a abordé tout de suite le même sujet: un journaliste, sans dire de quelle média à qui il appartient parce que personne ne l'a fait en ce moment-là, a posé la question au Consul: que pensez-vous de la vente de deux têtes?

Effet: le Consul ne semblait même pas avoir entendu la question, leva un peu la tête et regarda ailleurs, comme si rien ne s'était passé dans la salle. Le silence y règnait, et plus de questions de la part des médias. Les journalistes, dont cet ami-là, se sont sentis "insultés".

"Vois-tu, dit mon ami, il auraît dû au moins prononcer qch pour contourner la question...ce serait la moindre chose diplomatique, non? Il a fait au contraire ce geste qui fait sentir mal les journalistes. C'est de la manque du respect pour nous."

Est-ce bien à cause de ça que certaines médias a écrit une info disant que le 6e Panorama du festival français aura lieu en avril afin de "réchauffer"/préparer le 9e Festival international du cinéma à Shanghai qui aura lieu en juin (et qui ne semble pas encore avoir bcp de reconnaissance au niveau international...) ? L'ami m'a confirmé qu'aucun mot comme "en préparation de" n'a été émis durant la conférence, alors ce serait bien une pratique socio-linguistique du media language.

Je peux à peine imaginer l'ambiance du moment de silence, mais je crois que le Consul a probablement voulu exprimer sa protestation toute brute et son mépris, vraiment du mépris, vis-à-vis de l'omniprésence de ce sujet qui semble en train de devenir un sujet politique en Chine et qui aurait encore sensibilisé la relation franco-chinoise. Et peut-être aussi son soutien pour le marché de l'art sans politique? (je dis ça parce que Shanghai devient de plus en plus un haut lieu de marché de l'art après Hongkong, qui est jusqu'ici the number 1)

La différence entre la réaction de l'Ambassadeur et celle du Consul pourrait marquer la différence des caractères de ville entre Pékin et Shanghai. Royal contre Sarkozy, pour aller efficace. Alors encore une fois, vous votez qui?


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