Sur cette page est parue la pub de l'une des pièces de théâtre écrites par Zhang Ai Ling (Aileen , née en 1920), dont l'année prochaine marquera une commémoration, comme ce que prévoit un lettré chinois lors d'une conférence que je ne manquerais pas d'en parler.
C'était au commencement pour illustrer un texte, eh bien j'ai compris que l'idée irait vers nulle part. Alors je me permets de la mettre ici.
Qu'est-ce que j'ai à dire ? Zhang Ailing est toujours d'actualité, Balzac de même. Les comédies humaines continuent à se jouer, d'une manière ou d'une autre. De l'ouest à l'est. La littérature a quelque chose de permanent qui ne périt pas au fil du temps.
Depuis quelques jours, je me suis dite que quelque chose de cette ville me répugne, encore, et j'allais presque dire que j'aurais préféré être née ailleurs, ne pas connaître le dialecte shanghaien. Non mais j'exagère. C'est surtout les tracas dans le milieu familial qui m'ont donné cette impression, et pas seulement dans le milieu familial. Le tout étant par moment frustrant, sa petite dose d'extrémité écrasante.
J'ai rarement été présente dans les grandes réunions familiales, côté mère comme côté père, depuis quelques années. A cause des et grâce aux déplacements. J'en ai des souvenirs par contre. Lorsque j'étais petite, ça m'ennuyais d'aller au repas de Nouvel an chinois, côté père, même s'il y avaient les petits paquets rouge (红包, une certain somme d'argent que les aînés donnent aux petits, initialement pour que les petits leur prononcent des vœux de bonheur) à toucher. Les gens parlaient trop fort autour de tels ou tels intérêts. C'étaient scènes de grande dispute pour moi et ce ne l'était guère pour eux, je le sais, car ils avaient l'habitude de pousser ce genre de bruits et quant au moment de faire la vaisselle, tout le monde redevenait normal, parfois silencieux. Côté mère, tout se passait autrement et les gens étaient en général sympathiques malgré de petites contradictions au sein de chaque cellule familiale.
Lors du repas de réunion familiale auquel j'ai assistée il y a deux semaines, côté mère, les anciennes images de douceur se dissipent plus ou moins sur la table de dîner où tous les parents encore vivants et les enfants grands et petits étaient présents. Une dose d'agressivité s'insinuait dans les paroles, ce qui refroidissait le cœur, et faisait peut-être ressortir quelque chose d'irrécupérable : les gens ne se sentaient pas au fond.
C'était ma grand-mère, un être qui m'est cher, qui a demandé d'organiser ce repas familial, pour fêter à l'avance ses 90 ans d'anniversaire et pour annoncer qu'elle irait dans la maison de retraite. Au début elle ne voulait y aller pour rien au monde, elle qui a habité depuis des années chez l'une des tantes maternelles, mais maintenant elle y va volontiers.
C'est là l'un des sujets devenus sensibles au sein des familles de grande ville. Avec le temps, les plus de 65 ans ont de plus en plus besoin qu'on s'occupe d'eux, alors que leurs enfants et leurs petits-enfants, souvent les enfants uniques, sont en pleine vie professionnelle ou encore scolaire. Le temps manque, et parfois l'énergie.
(L'écriture de ce billet est interrompue quelques jours plus tard à cause des situations familiales qui font suite au contenu de ce billet même.
Le soir même du repas, grand-mère m'a donné un pull d'un style désuet mais qui me plaît parce que cela me rappelle les années très lointaines, celles de son ère.
Trois semaines après son entrée à la maison de retraite de la grand-mère, elle avait une certaine nervosité dans l'air, dans la chambre sombrement illuminée et où, me semblait-il, régnait une tristesse fatale.
Il y a deux semaines, j'ai appris que la moitié de son corps ne se bouge plus. Au téléphone j'entendis sa voix gravement altérée, et j'étais tout simplement chavirée.
Et puis, côté père, dont 40% de son être devrait être dans la démence, .... Non, je ne sais encore comment en parler.
Libellé : in Fabula, Chine est-ce Chine
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