01/12/2009

Sur Shanghai

(Sur la photo:  Brouillard épais, depuis le bureau, l'après-midi du vendredi 27 novembre. )




Je me suis installée à la Rue des pro-lettres. (Shang-wen-lu)

C'est un quartier de la vielle ville, plus précisément celui à la frontière de la vieille ville, que je crois n'avoir jamais connu de près. Les ruelles ont toutes les noms aussi intéressants que ceux des hutong du quartier HouHai ou de Nan Luo Gu Xiang à Pékin, les gens, plutôt tranquilles, ont souvent l'air d'avoir caché qch à l'intérieur, ce qui est tout à fait possible.  Et ils laissent découvrir une sorte de brutalité en l'air, dans leurs paroles. J'ai toujours cru que dans ce quartier ne se trouvent que des maisons basses et vielles dont les propriétaires, comme on dit, sont ceux qui furent les premiers à émigrer à Shanghai et qui ont des "titres de propriété foncière"(di-qi/地契), des maisons vieillies et délaissées que le gouvernement ne pourra raser sans payer une somme d'argent qui les contentera : une chose est sûre au moins, les maisons ne seront pas restaurées par le gouvernement.  

Il y a dans ce quartier une quotidienneté assez pratique, ce que je n'imaginais pas, par la même raison que je viens d'évoquer. Sans doute que c'est grâce au métro ligne 8, et bientôt la 9, qui passent de près et qui vont jusqu'à l'autre rive du Huangpu, que les gens arrivent y vivre pour que le lieu même soit animé, avant d'être investi. En effet, j'ai visité 2, 3 appartements plus vers l'est, c'est-à-dire presqu'au bord du fleuve, mais ce sont les quartiers hyper enrichissants, et rien aux alentours. Les appartements sont bien équipés mais vides: rien dans la cuisine et les salles de bain ont l'air froid ou refroidissant. Ce ne sont même pas les abris, ce sont les cavernes. Non, j'ai besoin qu'il y ait un air de vie dans un appartement avant même que j'y déménage. Il faut qu'il y ait une cuisine et que j'y puisse faire la cuisine même si je n'ai vraiment pas de temps récemment pour réserver à la fabrication des plats.

Je vis maintenant en collocation, avec 3 autres filles, dont une est esthéticienne des ongles. Sans blague, c'est un métier devenu très populaire, mais c'est aussi l'un des  soins dont je me prive d'en profiter. De jolis dessins ne passeront pas la nuit sur mes ongles qui travaillent trop.

Il y a un bus N°11, le fameux numéro onze qui roule sur la piste en cercle qui entoure la vieille ville. Depuis l'enfance on rigole sur ce numéro de bus. Sans être dans le quartier, on dit je suis venu(e) en bus N°11 en disant que je suis venu(e) à pieds. N'est-ce pas bien illustré?

Alors je me déplace tantôt en N°11, tantôt à pieds pour retourner le soir à l'appartement. La distance est presque la même que celle entre mon appartement à Citta Bassa de Bergame et l'Institut des Arts et des langues etc. à Citta Alta. Cela me fait plaisir d'y penser. Et je n'en dis pas plus car vous l'avez connue déjà, ma vie Mundus.



***

Je ne trouve point le temps pour jouer la voyageuse dans son pays natal: tel est un terme de plus qui me plaît... Puis l'image en serait très drôle.

J'ai pourtant conservé l'ambition de reconnaître Shanghai, ce soif d'aller flairer les historiettes dans les coins, bien que je n'ai pas encore pu aller trouver  une brèche sur les chantiers pour m'approcher du fleuve.

J'ai vu, un jour avant le déménagement, pas l'entier mais une partie du film documentaire qui représente une Shanghai en folie, dit "monstre mondial". La salle de la projection était incroyablement pleine. A la fin, une dame, cheveux en argent, s'est levée est dit, "je fais juste une remarque, je trouve que le film est très bien tourné et s'est montré très réaliste, j'habitais Shanghai à cette époque". Non mais ce n'est pas de se vanter, son existence même suffit pour émouvoir. Et puis, on dirait que les vices s'héritent trop facilement, qu'il y a des tons, des airs, des visions qui demeurent chez certains shanghaiens de nos jours. Par fois, il faut l'avouer, c'est la cruauté qui fait merveille avec le temps.




NB: Les infos que j'ai gardé longtemps pour vous les partager:

- Le lien vers le film muet dont j'ai parlé il y a longtemps:  La Divine, oeuvre qui résume l'art de jeu de Ruan Lingyu. Honnetement, j'ai trouvé un peu dérisoire cette exagération de l'air, mais c'est autrement savoureux   : http://www.tudou.com/programs/view/zF6WuB5NXuc/

- Et voici toute une collection iconographique de l'Histoire de Shanghai sous de divers aspects. J'ai été fascinée.   http://memoire.digilib.sh.cn/SHNH/tpsh_index.htm



(Texte élaboré le 29 novembre)



 Libellé: En bribes, la chineuse chine, post-it



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