C'est grâce à
aujourd'huilachine que j'ai découvert
Un Français à Shanghai (paroles traduites en français en bas), clip réalisé par un groupe de chanteurs qui habitent Shanghai.
Chanson de rue("jie-ge"/街歌) dirait-on, et qui, si ce groupe allait en faire un CD, aurait pour effet
"Hélène, je m'appelle Hélène..." qui surgirait de différents coins de la ville. Ils sont si bien shanghaiennisés, à mes yeux. Je veux dire qu'ils ont bien remarqué les courants du moment dans cette ville.
Leur chanson, dont l'air est celui de Sting,
Englishman in New York (je m'épargne pour en faire un lien vers Youtube, qui m'a dit que "this video is not available in your country": tant pis; mais c'est peut-être avaible en Europe ou aux E-U), me rappelle dans un premier temps la "
culture Shan Zhai" , maintes fois évoquée par les medias lors des compte-rendu de l'année 2008: "shan zhai"(山寨),
camp de la montagne, notion qui doit son origine dans
Au bord de l'eau, l'un des 4 classiques littéraires chinois, où les héros populaires et réactionnaires se réunissent dans la montagne et organisent un petit monde en opposition avec la Cour d'alors.
"Shan Zhai" au sens de 2008, est devenu un nouveau éphitète qui désigne les produits qui reproduisent les produits de qualité, avec la même apparence et une qualité secondaire. Les produits Shan-Zhai, en commencement avec les mobiles et les produits de IT, ont bien gagné le marché intérieur, avec notamment leur argumentation comme: Consommateurs, nous avons bien pris en compte de votre besoin pour vous proposer les produits avec de bonnes marques(
min pai); concernant le prix, nous vous avons tolérés, voyons, c'est pas cher et est à votre portée, alors concernant la qualité, veuillez nous tolerer de votre part.
Cette culture populaire
(vraiment populaire) de "Shan Zhai"s'est étendue dans tous les domaines, dont l'audio-visuel. Vous connaissez forcément le fameux Chun Wan, spectacle CCTV au réveillon de la Fête du Printemps
(sur ce, je constate que sa qualité s'est bien améliorée pour cette année et qu'il y a eu de bons numéros), et l'année dernière, je crois, il y a eu le premier "Shan Zhai Chun Wan", le Chun Wan populaire organisé par les gens ordinaires et diffusé sur l'Internet, considéré alors comme un défi lancé à CCTV. Quel que soit la qualité, ça a été bien encourageant, et cette année, on trouve toutes sortes de spectacles qui se nomment
Shan Zhai Chun Wan.
Il y a eu bien des débats sur "la culture de Shan Zhai". En général, les
Pour déclarent être contents de ce phénomène parce que c'est très bien de vouloir s'exprimer et d'avoir le courage de se défier des autorités; que l'état de chaos précède nécessairement l'état ordonné. Les
Contre se préoccupent du problème du plagiat : déjà en Chine, on a tellement de mal pour distinguer le vrai du faux, l'honnêteté de la tromperie sincère; de vouloir copier, reproduire les choses de manière systématique, ce qui est en plus encouragé par le marché, c'est inquiétant, ça nuit à la créativité et au développement durable d'une société, sur le plan idéologique.
Les deux parties ont raison. Moi, je suis penchée sur le
Contre. Que les produits Shan Zhai trouvent leur part de marché et fait profit comme leur produits prototypes, c'est passable, les grand Groupes délocalisés en Chine n'auraient pas tant d'énergie pour faire le procès contre la majorité pour réclamer leur droit de Marque; de l'autre côté, acheter volontairement un faux produit consommable , ce serait le choix perso des consommateurs. Quant à se prétendre lancer le défi aux autorités avec une étiquette de Shan Zhai, c'est à discuter. Je crois qu'en quelques sortes, les premiers Shan Zhai courageux sont en train de devenir les modèles que suivent les Shan Zhai venant nombreux: l'histoire d'imitation et de tendances, ce qui revient plus simple que son grain original. Citons alors Bai Yansong qui a animé le Chun Wan 2009 et que vous auriez vu dans
l'interview de LI Huan : "Pas aussi sérieux que ça/mei na me yan su!" le Shan Zhai, devenu une culture populaire, n'incarne pas forcément un sens de révolte, mais resterait, comme l'appellent souvent les Shanghaiens, une drôlerie apparente/
xue-tou噱头 qui fait couler le capital ou qui devient simplement un terme de pub pour attirer le public.
Si je suis plutôt
contre, c'est notamment parce que je me vois liée davantage aux Arts et cultures. Un chinois qui habite Paris et qui court de temps en temps aux marché de l'art partout dans le monde rappelle, l'autre jour dans la discussion sur une exposition des peintures chinoises, que la création d'une oeuvre d'art, c'est celle qui ne peut être reproduite, et que la reproduction de toutes sortes de cette oeuvre provoquerait la dégradation de sa valeur. Mais alors, une oeuvre
Shan Zhai pourrait juste être née de la reproduction, ou, mieux, de la ré-organisation des éléments composants au sein du même modèle de forge: disons que c'est plus une réaction physique qu'une réaction chimique.
La production du genre Shan Zhai, prenons les spectacles sur l'antenne shanghaien
Arts et Humanités(Yi Shu Ren Wen) qui jouent délibérément sur l'effet lumière, l'effet virtuel-hyperréel, l'effet désynchronisation corps-voix
(histoire de la représentation fausée des chanteurs), l'effet tradition modernisée, tous étant plus ou moins inspirés de la mise-en-scène de la cérémonie d'ouvertur des JO et qui semblent avoir dépassé celle-ci, ces spectacles relèvent-ils de la création? Oui, diront les médias locaux qui préconisent le soutien pour l'originalité de la création; Non, dirai moi, parce que la création, pour moi, est qch de chimique... Enfin, je ne suis pas expert de la sorte et je ne sais en juger.
Revenons à "Un Français à Shanghai", après ce longgg bavardage sur la culture "Shan Zhai". J'ai bien l'impression que c'est une chanson Shan Zhai, version shanghaienne du New York de l'englishman Sting. Et pourtant, c'est plus que ça, cette recomposition intermusicale. Ce qui fait notamment exception, ce sont les langues incarnée dans les paroles, trois langues qui règnent aujourd'hui sur Shanghai: Le chinois, l'anglais qui réincarne Sting, et le dialect shanghaien.Métisse.
C'est tellement drôle d'entendre chanter en shanghaien par les laowai
(qu'appellent les Chinois les étrangers arrivant en Chine; mais il y a aussi les Chinois arrivant en Europe qui appellent toujours les européens laowai). D'après ce que je sais, il y a rarement de nouveaux-shanghaiens chinois, arrivant des autres villes chinoises, qui ont tenté de chanter en shanghaien. Eux apprennent le shanghaien pour bien faire rouler le business, ça oui, comme d'ailleurs un bon nombre de gens qui apprennent une langue étrangère pour fin pragmatique; mais pour chanter, c'est plus rare.
Le dialect shanghaien ne serait pas plus dur à apprendre que le madarin pour les laowai, à mon sens. C'est une langue dont le système phonétique croise celui de plusieurs autres langues, anglais, français, japonais, italien...Dans le shanghaien disons typique, on peut entendre par exemple le son nasal, qui serait l'une des marques de la langue française. Le chanteur du groupe
Lions of Puxi (
Puxi: désigne l'ouest du fleuve Huangpu, partie où il y a plus de vie shanghaienne, par rapport à l'autre rive, Pudong, jadis zone rurale qui marque aujourd'hui l'essor financier de la Chine, avec ses plusieurs zones du développement financier, technique de pointe, etc. C'est à Puxi qu'on vit bien, c'est au rive du côté de Pudong qu'on a une meilleure vue sur Shanghai...enfin, c'est avis personnel.) s'en sort en effet très bien pour chanter le shanghaien, dans une li-long(lane) de Shanghai et avec un gamin à son côté, malgré son petit égarement vers le chinois mandarin. Il s'est fait ainsi comprendre et il aurait plu et les Français et les Shanghaiens, en plus des show touristiques qui résume a French Shanghai, dans une jolie teinte qui transforme la grisaille de Shanghai en les métaux estompés: ça mériterait que le groupe aille chanter dans l' Art and Performance Center de la zone de l'Expo 2010.
En même temps, je dois dire que ce qui me plaît le plus dans ce clip, d'un côté, c'est le petit spectacle que donne le groupe au bord du fleuve-- l'art de la rue que j'ai admiré en été dernier que je n'oublierai jamais, lors des
jeudis de Perpignan, festival où l'on va dans la rue le jeudi soir pour apprécier les scènes théâtrales, les danses flamingo, argentino ou catalanes, pour se relaxer, danser avec les musiques de toutes sortes: jazz, fanfare, batterie, rap, blues, rock, folkore... un spectacle de l'art de la rue, ça exige à la foi le dynamisme, la maitrise de l'instrument ou du corps, et la capacité d'improvisation, de communication avec le public. C'est de loin plus intéressant que les numéros arrangés.
De l'autre côté, entre les deux vocales dans la chanson, je préfère quand même la voix de celui qui chante Sting en anglais. Ce n'est pas nouveau, certes, mais c'est plus qu'amusant; ça touche, cette voix jazzy et
soul qui erre mais qui ne manque pas de vigueur, qui diffère aussi de la voix même de Sting, imprégnée d'une humidité nostalgique mêlé de solitude. Sans parler des yeux derrière les lunettes de ce chanteur
soul, qui me rappelle d'un ami marqué de franchise et de sérénité, alors chargé des missions de délocalisation à Nankin.
Ce mixte linguistique et musicale relève donc d'une sorte de recomposition et
reprise de Sting, comme le dit bien l'article d' Aujourdhuilachine. Une reprise en marge de la reproduction et qui se distingue du plagiat, c'est donc...disons la
ré-création?
Ah ya ya, c'est le règle d'or de notre société d'amusement. Quel mot exact.
Pour en savoir plus: -blog de Lions of Puxi: "Récit d'une Chine que le Timonier ne reconnaitrait pas..." (cliquez ICI)
- Paroles(ang) de Englishman in New York de Sting (cliquez ICI)-Paroles Un Français à Shanghai, traduites du chinois en français:
(En mandrin)
je ne bois pas de thé mais je bois du café,
ce que j'aime manger c'est du pain.
tu peux entendre mon accent (lorsque) je parle,
je suis Français à Shanghai.
Tu peux voir que je marche sur la Huai Hai Lu (note: ça fait partie de l'ancienne concession française)
Ce que je porte sur mon dos, c'est la guitare;
je la porte toujours en marchant,
je suis Français à Shanghai.
(Refrain) Oh.. Je suis laowai, je suis bien un laowai;
je suis Français à Shanghai.
Oh..Je suis laowai, je suis bien un laowai
je suis Français à Shanghai. ("wo-shi-shang-hai-de-fa-guo-ren")
(En Shanghaien)
Je parle shanghaien, (je le) parle très bien,
je t'appellerai (ce) soir
Je te raconte maintenant une histoire française
je suis Français à Shanghai ("wo-zi- zân-r/hê-fa-'guo-nin")
(Refrain)
(En anglais, extrait du "Englishman in New York")
Modesty, propriety can lead to notoriety
You could end up as the only one
Gentleness, sobriety are rare in this society
At night a candle's brighter than the sun...
(Rap, en chinois mandarin, extrait de qq paroles des chansons populaires chinoises)
je ????, dit que je suis champagne,
(je) veux te (le) donne, comme si c'était mon coeur,
tu t'approches de plus en plus, il y a deux voix:
je dois être là, je ne dois pas être là;
celui qui t'aime le plus c'est moi, comment tu peux me laisser de bon gré le cafard
celui qui t'aime le plus c'est moi, comment tu peux me laisser de bon gré le cafard
Au moment où j'ai le plus besoin de vous, vous avez filé sans un mot.
(En anglais, réf Sting)
Takes more than combat gear to make a man
Takes more than a license for a gun
Confront your enemies, or shoot them when you can (Cf. Sting: avoid them when you can)
A gentleman will walk but never run
If, "Manners maketh man" as someone said
Then he's the hero of the day
It takes a man to suffer ignorance and smile
Be yourself, no matter what they say
Come on be yourself, no matter what they say
Just be yourself, no matter what they say (Refrain)