14/03/2009

L'intermédiaire (ou le chant de Göttingen)

Fresque-station de métro à Pékin(Jianguo Men)



Cette semaine a été bien comblée. Durant 4 jours je reste assise pendant plus de 10hrs dans le bureau devant l'ordinateur, tant que je commence à avoir peur de m'assesoir parce que j'ai déjà mal au noeud où se lie le haut et le bas de mon corps. (à la lettre chinoise, on appelle ça zuogu shenjing, nerf de l'os assis :D)

Dans le rythme accéléré des choses, la stress commence à insuiner dans nos bureaux, la tension s'augmente par moment, et je me suis énervée une fois, en général à cause de la confusion de la charge des missions, et de mon côté à cause de mon tempérament réfractaire. Arrivée toute nouvelle, il m'a fallu un bon effort pour essayer d'intégrer dans l'équipe déjà existée, pour me confronter aux problèmes externes et internes.

Les moments difficiles apprennent, comme toujours. Je me dis que bon, c'est le moment d'apprendre à trouver sa place sous la pression des différents côtés, à garder le sang-froid... et à me rendre moins demeureée au vu de mes collègues qui adorent les blagues et qui se nomment grandes moqueuses. "On ne demande pas le respect, on le gagne". J'ai entendu dire quelquepart cette phrase et j'en suis convaincue, en fin de cette semaine où les choses ont l'air remises sur les rails.

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Depuis la semaine des conférences de presse, j'ai de plus en plus l'impression que de se trouver entre Pékin et Shanghai est aussi délicat, voire plus délicat que d'être entre la France et la Chine. Dans les deux cas, la confiance mutuelle et la communication sont les facteurs nécessaires pour le travail. La différence consiste à ce que, dans la seconde situation, soit on a les règles du jeu diplomatique à suivre, soit on mène une relation plus personnelle et plus simple. Or pour le cas entre Pékin et Shanghai, j'ai déjà entendu rigoler quelques amis shanghaiens qui disent que les pékinois méprisent les shanghaiens alors que les shanghaiens méprisent les étrangers; et quand je me trouve dans la situation des étrangers basés à pékin contre les shanghaiens, ça serre le nerf parce que ce dont il s'agit, c'est les règles sous-jacentes variant selon l'intérêt de chaque partie aussi bien que celles des fameuses relations internationales.

Je suis devenue je ne sais depuis quand la bonne delphine l'espionne. "L"espion", voilà un terme que j'ai entendu fréquemment à pékin dans les blagues quotidiennes. Peut-être les gens croient bien qu'ils sont en permanence surveillés par un pouvoir magique qui garde les garçons au centre-ville et envoie les filles dans les montages pour les missions de surveillance? Il est dit aussi que les contacts des gens qui travaillent dans le milieu diplomatique sont sous contrôle. Mon lieu de travail n'est pas exactement à l'Ambassade, mais qu'importe.

Quant à mon rôle offert d'espionnage, j'ai fini par trouvé la réponse. Oui, c'est ça. Puis-je dire que les écrivains sont souvent les espions d'amateur du monde? Et plus particulièrement pour mon cas, ça va fait beaucoup travailler. Il faut être espion ni pour la France ni pour la Chine mais entre la France et la Chine, et de même, entre Pékin et Shanghai, entre Melle Zhihong Dong la chinoise et Melle Delphine Dong qui a l'air moins chinoise.

Je commence à bien me demander si mon idéal de la neutralité se tient dans la socialité des choses. En cas de litige, ne serait-ce pas un peu le suicide? En tout cas, l'expérience continue.

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Je suis tombée sur Göttingen de Barbara cet après-midi sous le grand soleil du nord. Ca fait longtemps que je n'ai pas écouté Barbara.

Il y a à peu près un an, j'ai redécouvert Göttingen de Barbara grâce à un ami. C'était la fin de l'hiver à St Andrews, il faisait encore bien froid. L'ami me faisait écouter la chanson, juste comme ça et il la chantonnait. Je devais avoir l'air stupide, et il me demandait: ça t'émeut?... ça te touche?... Son regard de l'instant était un regard d'enfant si pur et si cher à retenir. J'avais envie de parler mais je ne savais que dire.

Cette nuit même vers 5heures, dans la résidance Gannochy sonna la première alarme du semestre, ce qui m'avait affolée parce que je ne connaissais pas du tout cette tradition: exercice d'évacuation en cas d'urgence que Gannochy fait toutes les trois semaines. J'étais sortie en pyjama avec un manteau, comme bien d'autres, et tremblais dans le vent glacant du février en attendant l'appel du nom. C'était alors que je me souvenais dsoudainement des paroles de Göttingen.

Ctte chanson m'a profondément émue, en effet, et continue à m'émouvoir.







Fresque-station de métro à Pékin(Jianguo Men)



2 commentaires:

Anonyme a dit…

J'aime beaucoup cette chanson, c'est une magnifique leçon, de pardon, d'oubli positif, d'amour.
Barbara était juive, et chanter en Allemagne, moins de vingt ans après l'horreur témoigne de cette inébranlable volonté d'aller vers la réconciliation.
Une leçon à méditer.

Delphine a dit…

Merci Xiao-bob, je n'avais pas remarqué qu'elle était juive. Je ne sais plus qui a dit ça: pour pardonner, il faut d'abord s'en souvenir. Et c'est bien là la raison.