21/10/2009

Le billet raté: jouer au basket avec la bande de Xinjiang


Terrain du basket, le 4 octobre.



J'accuse... Encore une fois google a commis l'irrémédiable sur mon compte.

J'ai préparé depuis le 12 octobre un billet long intitulé "jouer au basket avec la bande de Xinjiang". J'ai rédigé dans le brouillon en ligne, j'étais sur les dernières lignes le soir du 19 octobre et là, je ne le trouve plus. Inutile d'en pleurer, alors je retrace le billet.


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C'était le 4 octobre. Mei m'a appelée : Dong, viens jouer au basket et puis allons à la piscine!
Mei est l'une de mes amies universitaires qui restent amies, l'une des membres de l'équipe féminine du basket.
Ca fait 3 ans qu'on ne s'est pas contactée. Je la croyais disparue au fait, retournée à Xinjiang, ou était en poste à Nankin.
Mais non. Lors de mon dernier retour à Nankin, dans un dîner avec les anciennes équipières, aujourd'hui devenues inspectrice, rédactrice, agente de commerce..., j'ai entendu de nouveau la voix de Mei, inchangée, qui dit à l'appareil, je suis à Shanghai, Dong!! On se voit!!

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Lorsque j'ai revu Mei qui est venue me chercher, j'avais l'impression qu'on s'est quitté il y a juste deux jours. Ah, t'as pas changé! Mais toi non plus t'as pas changé...ô...que si, quand même un peu...
Le terrain de basket est à l'intérieur d'un quartier d'habitation haut de gamme, proche de la Tour de la Perle Orientale.
Mei a fait venir les amis pour qu'on puisse jouer en équipe. Ce sont tous les gens de Xin Jiang, alors que d'apparence, cela ne se distingue pas facilement. Ce sont ceux qui, après les études à Urümqi, sont venus à Shanghai tenter leurs chances et mènent aujourd'hui une vie bien à l'aise.
Une fois entrée sur le terrain, j'ai voulu jouer "comme avant", le trois contre trois, ou mieux, le cinq contre cinq. J'aime quand on marque un panier en équipe. J'aime aussi l'ovation qu'on nous donne à chaque fois qu'on fait une belle collaboration.
Tout ça me manque car le sport en équipe, c'est tout de même assez difficile lorsqu'on a quitté le campus.

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A un instant on a joué "au terrain complet": courir du panier A au panier B du panier A au B.
Ce n'est pas tous les jours qu'on peut ainsi s'élancer dans l'air. Cet état m'est éloigné, mais tout était tellement vrai lorsque je courrais en pleine vitesse sur le terrain.
Je devenais une autre.
Le "terrain complet" a duré 15 minutes, à la fin je me dis, je n'étais pas aussi "vieillie" que j'avais imaginé car apparemment, je me tenais encore bien.
La réalité était ceci que le lendemain j'avais une crampe persistante au mollet.

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Ensuite je suis allée à la piscine avec Mei. Les clubs de quartiers d'habitation fonctionnent comme ça, pour ceux qui n'ont pas la carte, le prix est hautement élevé. Piscine: 10yuan pour les membres, 8 fois plus cher pour les non-membres.
On s'est baigné un peu et puis Mei voulait aller à la petite chambre de sauna. C'est qch que je n'aime pas trop, le sauna, car les vapeurs réveillent la fatigue dont je me méfie tout le temps.
C'est dans la petite chambre remplie de vapeur qu'on a commencé à parler de l'intime. Ca va la vie à Shanghai ces jours? Mei savait ce que j'allais demander. Tu es au courant de ce qui s'est passé à Urümqi? Oui, bien entendu. L'émeute, comme on dit? Toujours l'histoire du désir de l'indépendance? Tu sais, les émeutiers, violence dans la rue, et ils forçaient les gens de les suivre, sinon ils tuent. Il y a eu de la mort parmi tes connaissances? J'ai appris qu'un ami de l'un des amis est mort. Ah.
Je dis, j'ai envie d'aller voir à Urümqi prochaine fois lorsque tu rentres. Mei a dit pas de problème, promis.
Sinon, tout va bien à Shanghai pour Mei, avec son copain français elle menait tranquillement sa vie.
L'ennui est que, comme elle est de l'éthnie de Kazak(hstan), elle devait normalement épouser un homme de la même éthnie. Pour cette relation qui franchit la frontière, sa mère est résolument contre et Mei n'a pas encore de solution.
Bah, tu vis de ton côté et avec ce bonheur que tu as, Mei, après, tu verras.
Et Mei pense de même.

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C'est par pur hasard que je suis allée à la maison de la cousine de Mei qui s'est mariée récemment et qui habite le quartier. Je découvris l'apéro de Kazak, qui pour moi égale un festin: les fruits secs, le thé du lait, les fromages de brebis (super surper bon...), les salades des légumes... Tout était ramené de Xin Jiang, tout était bien aristocratique.
A la télé on regardait un vidéo du jour de mariage de la cousine. Il y avait un bal de noce et ca avait l'air très sympa. Personnellement, je trouve que le bal est l'une des meilleurs façons de fêter la noce, alors que la plupart des chinois ne font rien que de manger et de faire les plaisanterie pour produire du rire.
Je voyais alors Mei, habillée de robe noir, qui dansait d'abord toute seule puis avec une autre jeune femme, un peu à la folie. Elle devrait avoir trop bu le jour même. Et qu'en dirais-je? Cette Mei que je connais a toujours ce charme magnétique, et si un jour Mei ne dansait pas, j'aurais du mal à la reconnaître.
Devant la télé Mei a eu l'air timide. Mais ce n'était que passager et elle devrait être contente de ce moment de festivités. Après s'être vue danser, elle prit un luth de Xin Jiang et joua de la musique. Je n'ai jamais su que Mei savait jouer cet instrument. La musique était très belle et exotique.

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Tout le monde est parti au restaurant de Xin Jiang, impossible de s'y échapper. L'endroit s'appelle 耶里夏丽(Ye-li-xia-li), qui signifie "The World". Curieux, non? Pourquoi je tombe une fois à l'autre sur ce terme.
L'ambiance a changé un peu, par rapport au moment du jeu sur le terrain. Les gens de Xin jiang parlaient entre eux en langue de Xinjiang, bla bla bla... De ne rien comprendre et d'entendre parler une langue comme le chant d'oiseaux, de temps en temps, ça n'a point de mal.
Par moment les gens laissent glisser quelques mots en mandarin, pour que je les entende, bien sûr. Le mandarin pour eux est un peu la première langue étrangère car ils l'apprennent qu'à partir de l'âge de 7 ans.
Un monsieur a voulu me raconter une blague, ça a fait rire tout le monde à table sauf le copain de Mei et moi. Mais j'ai saisi vaguement l'idée: un jeune homme de Kazak se fait arrêté par un agent de police parce qu'il est censé avoir volé un lingot d'or.
C'est une blague, ça??
Je crois avoir compris et avoir senti la méfiance des gens contre le pouvoir.

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L'ambiance était un peu tendue pour un instant. C'était au sujet du mariage de l'éthnie. Il est vrai que, sur la table, tous ceux qui sont mariés sont de la même éthnie de Kazak. Mei s'est fait suggérer qu'elle devrait être sage et écouter sa mère et arrêter de faire n'importe quoi et à son gré. Mei critiquait assez ouvertement le cynisme de son entourage: il y a des gens de Xin Jiang qui profitent du confort ici, ne s'intéressent pas à ce qui se passent dans leur région et qui prétendent fiers de leur éthnie. Quelle drôle de supériorité éthnique et quelle idée de sang pur.
Pour être franc, le règlement du mariage de Kazak m'a fait sérieusement penser aux animaux domestiques: il faut que ça matches. Sorte d'exclusivité, compréhensible mais à s'en méfier, car il y a encore un mot tabou que ni Mei, ni son copain, ni moi n'a prononcé: le racisme.
La phrase est quand même ainsi dite:"c'est un peu comme les allemands, ça..." Je ne sais pas exactement ce que c'est, le racisme. Mais il me semble que toute exclusivité des éthnies, des races, n'est pas de l'échelle de "raciste". Par respect, il convient de ne pas mépriser les gens de d'autres races/nations, aussi par respect, il convient de ne pas imposer le chapeau du "raciste" sur la tête de ceux qui manifestent trop de zèle pour leur éthnie/nation.

***

Je me suis excusée et je suis sortie du restaurant avec Mei et son copain avant que le festin ne soit terminé. Ils sont très chaleureux, hein? me sourit Mei, t'y rentres avec moi, Dong, tu vas voir, là-bas c'est différent.

Au carrefour du quartier commercial de Xu Jia Hui, j'ai vu sur le passage aérien une grosse banderole sur laquelle s'écrit: "Vivement la solidarité du peuple de toutes les nations du pays! ("全国各族人民大团结万岁!") Dis-donc, le design urbain de la ville est pleine de créativité aujourd'hui.

Est-ce encore par coincidence que l'on repère cet endroit-là pour afficher cette banderole?

La journée a été très longue et vite passée.






Libellé: La chineuse chine, Chine est-ce Chine

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