27/05/2007

Un An-(ii) My。。。

1. Jeux

i) L’unique cadeau anniversaire de mon université, aussi cher qu’il puisse être, offert par une amie de notre bande ciné-théâtre. Souvenir partagé de notre salon 0206, de notre conférence avec Jia Zhang Ke, du retentissement de notre série-forum dédiée à Leslie Chang suicidé et à son Concubine de l’Empereur, de la salle pleine de notre diffusion de bons films censurés. Souvenir de tout ce qu’on a joué, bricolé, tenté, de la douceur d’une vague ambition dissimulée derrière chaque air dédaigneux. Le monde est à nous, à l’intérieur de chez nous.
Look out, World. Here I am.


ii) L’équipe féminine représentant l’Institut LLE que j’avais rencontrée était d’une complémentarité excellente. On était les professionnels des amateurs (comme celle du volley-ball, n’est-ce pas, Neige ;). C’est une ferveur débordée de la jeunesse et du corps de la jeunesse, un jeu où l’on joue au sérieux.
L’Entraînement régulier, accompagné de bons coachs successifs et de quelques garçons qui jouent avec nous. Entraînement nocturne. On tirait au panier un soir après l’autre pour que le tir au panier devienne presque autonome. La vitesse et la vigueur de ce sport de violence. Une fois en place on laissait toutes autres choses, y compris le fait d’être fille. Dans un match important, on se ressentait déterminé à gagner, avec plein d’acharnement voire de barbarie ; on cria, parfois hurla, à la folie. Le bonheur de courir sur le terrain, de réussir les coopérations merveilleuses dans l’attaque, de rencontrer une équipe avec qui on peut vraiment jouer, d’entendre les ovations des spectateurs.

Le bonheur d’être en équipe, de la libération spontanée. Cette impétuosité de la pulsion m’éloignait peu à peu, qui s’acheva, j’ai cru, lors du sifflement du Final en été 2005 : moment unique où, épuisée, toute l’équipe pleurait ensemble.



2. Emblèmes universitaires
J’éprouve constamment la vénération pour les années 60 de la France et les 80 de la Chine. Je crois toujours les avoir vécues, moralement. Cela fait longtemps que je crois avoir 27-29 comme âge mental, au niveau de la conception et de l’expérience de la vie.
L’ère héroïque n’est plus. Nous nous retrouvons dans le chahut des spectacles de tout genre. Mais peut-être en arrivera-il une nouvelle.

Un An-(i) Visages

C’est une commémoration perso que je fais.
L’année dernière, la soutenance du 23 mai et le repas de l’au-revoir étaient pour moi la clôture de l’abondance d’une vie universitaire. Foisonnante, je veux dire.



1 Plus que profs

Depuis le lycée, les profs sont devenus un rôle important dans ma jeunesse. Ils me conduisent, m’apprécient, me rectifient, et me soutiennent. Moi qui manque souvent de la confiance avancerais avec beaucoup moins de courage sans eux. Je crois avoir de la chance de pouvoir rencontrer quelques profs excellents et singuliers, d’être relativement proche d’eux et les découvrir comme individu, de partager leur idées et parfois leur vie, dans mon lycée comme à l’université.

Remerciement à Lulu(notamment, qui a conçu le disc de souvenir) et à DX, photographes principaux. Certaines images ne seront pas de bonne qualité puisque captées depuis le disc de souvenir.


2 Fleuris : 02 FR

Je crois ne pas avoir bien connu la plupart de ces visages, et inversement. Je n’arrive à discuter avec quelques-uns d’entre eux qu’assez tard, et je m’en confie à deux trois seulement à la 4e année.
Et pourtant ces visages me touchent de temps en temps.

24/05/2007

Fortissimo...

J'ai été bien confuse hier soir.
Il y avaient des rumeurs qui semblaient venir de loin et de partout, ensuite à partir de 23 hrs jusqu'à 2hrs, des claxons de tour en tour, triomphants.
Les klaxons européens sont bien un art (mais IL Y A les klaxons!). Ces bruits font signes de transport en Chine, omniprésents, qui énervent souvent les occidentaux et qui est plus que normaux pr les chinois.
En Europe ça remplace la parôle et les pétards. On appelle des amis dans la rue, on exprime l'indignation, l'impatience, etc. On est bien civilisé puisqu'on ne dispute même pas. A Perpignan, il y avait parfois de petits troupes de voitures, plus ou moins décorés, qui claxonnent en faisant des tours de la ville (elle n'est pas grande!), fêtant le mariage. Ou bien qq jeunes ravis, conduisant vers Barcelone, font de tels bruits gratuits.
C'est alors à mon tour d'être énervée. Les klaxons chinois sont plutôt neutres, je dirais même d'une certaine douceur, par rapport à ceux de l'Europe(ou plutôt des pays méditerranéens), car ceux-ci surgitent et cherchent à énerver.
Mais c'était la première fois que j'avait entendu le tour de klaxon en Italie. Je pensais en premier que c'était un festival quelconque, mais n'est-ce pas étrange que ce soit dans une soirée de la semaine. Je ne savais comment je pouvais penser ensuite que les italiens fêtaient un jour religieux. J'examinais le calendrier français, il disait que le 24 mai n'était pas un jour férié, pourtant il y aurait des différences quelques fois entre les deux pays.
J'allais demander ma collocataire quand elle était rentrée. "Ah, it's champion's league. The foot".
Et bien j'ai lu ces mots le même jour. Quelle innocence.
Alors le foot. En Chine il y aurait eu des cris collectifs dans les quartiers d'habitation et dans les cantines de l'université.

23/05/2007

生之荒芜 Construit-la vie à mort


生之绚烂 La vie à mort




惶。这片蔚蓝 Perplexité. Cet azur




远处还有什么 Gardien triomphant




继续 Continu




平和了 Dans cet apaisement




守望 Se tenir




一起矗立,永远 Tenir. A jamais.




即便只残存 Même si tout s'annihile




这混沌一片 Ici. Ce tout chaotique.



(Photographiées devant la fenêtre. Remerciement: le coucher-soleil, le temps, l'appareil.
Tant pis pr MSN space qui me permet pas de les afficher)

17/05/2007

Zig-zAgging iii) -iv)

iii)
Le lendemain matin. Un matin comique.
J’attends sans savoir trop quoi attendre devant un petit bureau à côté des fenêtres et une longue queue. Moi qui a eu l’habitude d’attendre depuis deux ans, d’en profiter pour lire ou écrire ou regarder les gens de bon gré, me trouve mal à l’aise pendant ces deux heures : non pas comme dans les salles administratives en France, bien tranquille et en ordre ; non plus comme dans un hôpital en Chine, où il y a beaucoup de bruits mais encore tolérable.
Dans la Questura, les bruits de la queue sont eux aussi tolérables, normaux même. Mais au bout de quelques instants, je me suis trouvée enclose par la rumeur qui empêche la lecture et me fait mal à la tête. C’est que les administrateurs hurlent. Oh my...que terrible. Le garde en premier, cet homme comiquement rond. Alors qu’il a l’air bien joyeux, il hurle vers les gens à pl. reprise, avec un ton SOU-LI-GNé pour ne pas dire hystérique, renforcé grâce à la tonalité de la langue. Les agents, à leur tour, parlent et se parlent à haute-voix, chantonnent quelques fois.
La dame dans le bureau m’appelle. J’ai déjà compris en observant qu’il faut donner des empreintes digitales sur une machine semblable à un imprimeur. Alors d’abord le pouce. Va bene. L’index. Elle fronce le sourcil. Elle dit rien, elle regarde l’homme assis à côté d’elle. L’homme, gai et enjoué, se lève pour venir près de moi. Il met les gants de caoutchouc. « Urh... » Il me répond avec un grand sourire. « Andiamo ! »
Il me saisit à la main. Il a trouvé l’index, l’examine deux secondes. Il me sourit. Il l’appuie sur la plaque. C’est fait. Ainsi de suite. Pour l’annulaire ca a été un peu dur, il a fallu l’essuyer avec un torchon humide avant d’essayer une deuxième fois ; pour empreindre l’ensemble des quatre grands, il a fait pareil que lorsque l’on fait avec un sceau, le torchon comme encre. Il a su faire tout cela en cadence andante, accompagnée d’un fond sonore de chansonnette. Quand c’est terminé, il me sourit : « italien technique ».
Depuis qu’il m’a saisi la main, et bien je sais que c’est incongru, mais je tremble de rire sans que je puisse m’en empêcher, dans cette bonne ambiance administrative. La dame devrait être influencée, elle qui avait un visage figé a fini par trembler quelques secondes avec moi. Pourtant l’homme ne sourit plus, une fois qu’il se remet à sa place ; son visage transposé en raideur.

iv)
La portée insoupçonnée du rire. Cette découverte ferait partie importante de mon séjour en Italie. Si en France, c’était là où je vivais la quiétude de la vie et de l’esprit, où continue un rêve de plus de quatre ans et qui se réalise en partie, en Italie, c’est le réveil. Un réveil plutôt âpre, comme quoi, le moment où le premier couple du monde ouvre les yeux.

Zig-zAgging i)-ii)

i)
Je me plains pas.
J’entends rester indifférente et souriante, comme je l’ai été, devant l’administratrice qui parlait tantôt français tantôt italien et qui cherchait à disputer au Consulat de France à Milan. Mais c’est déjà pas la complainte ni l’indignation que j’exprime ici, mais...ça a devenu fort hilarant.
C’est fort, ça fait une suite d’aventure administrative. J’ai pas le permis de séjour final en France, alors que j’ai eu le Visa italien, « c’est déjà irrégulière ». Ah bon.
J’ai pas le permis de séjour français, je dois donc demander un visa de retour. Et pourtant je ne peux pas le faire maintenant puisque je n’ai pas eu le permis de séjour final italien. « Si vous circulez pas, vous circulez pas. ». Forcément. Faut pas se laisser faire. Il faut suivre la démarche. Il faut profiter du tour à Rome pour la demande de visa (le consulat à Milan sera fermé à partir du 1ier juin). Peut-être faut-il encore profiter du retard pour prendre un bref ermitage de rédaction à Sicilia.

ii)

Le rythme de swing n’est pas propre à l’administration française. Le système italien a su améliorer le procédure pour faire envoyer les documents de demande via la FAMEUSE POSTE ITALIENNE. Nous avons eu de la chance pour expérimenter cette nouveauté. Nous avons payé, envoyé les documents mi-février. Depuis, il y a plus de nouvelles. Vue de la situation délicate, on est allé se renseigner. « 8 mois d’attente » disent-ils. J’éclate de rire. Une ancienne élève m’avait dit 3 mois.
Grâce à the italien way, la secrétaire nous emmène directement à un bureau de la Questura (un drôle de nom. L’équivalent de la préfecture et le Bureau de l’Immigration.). Nous attendons une demie journée en dehors, inquiets de nos examens et dissertation/mémoire. Quand elle sort, du coup nous avons avancé 2mois : nous devons y retourner le lendemain, et la 2e démarche sera faite. Après, si elle les presser un peu, on aura chance d’obtenir le permis avant fin juin.

07/05/2007

Tel Quel- III Sarko a destra, Sego sinistra

Depuis que j’apprends l’italien je trouve ça intéressant. La droite et la gauche.
« La Francia si stringe a destra ! » Annoncent-ils.
(C’est –la-fa-ta-li-té…selon Notre dame de Paris. Je me rappelle que ça comme parole.)


17H. J’appelle Chantal. « -Non, elle n’est pas là. Elle est à la mairie. Aujourd’hui c’est l’élection. »
Ca alors. Les heures supplémentaires ne sont pas nouvelles.

17H30. Une amie chinoise appelle. Elle est aux Champs-Élysées. Elle me dit que le camp de Sarko s’installe à la Concorde, celui de Sego à la Bastille, et « là où il y a de la fête, on saura qui gagne ». « -Que disent les Chinois là ? » « Pas grand chose, on dit seulement que si c’est cet homme-là qui gagne, ce sera plus difficile d’avoir le titre de séjour. » Ca alors. Sauve qui peut.

20H15. Une amie française appelle.
-Et alors, c’est Sarko ?
-Et oui c’est lui ! XX% contre XX%
-Donc voilà c’est parti.
-Ben on verra la France souffrir hein...et oui on verra se qui se passera. Il va la fouetter derrière...Il faut travailler !
-C’est pas mal ça, non ?
-Du tout. Moi je me suis inscrite au FLE, on est prêt à partir !
-Eh oui pour moi aussi ça ouvre le chemin là. Que dit le débouché de notre programme ? l’administration de l’Immigration ! Je ferais la bureaucratie ! Hia-hia...Plein d’intérêt ça....

Plein d’intérêt la bureaucratie. Avec ça je continuerais ce que faisais ma mère, je jouerais Kafka, je comprendrais mieux une parie de Duras, je ferais ce qui serait le plus chiant et qui aurait le plus à faire...

Ca alors, qu’il nous inspire, ce Sarko la destra.

Tel Quel- II Papa idéal

Je ne crois pas que j’ai besoin de changer de papa maintenant. Mais il arrive que je sois fascinée par quelque papa idéal qui tombe devant moi.

En voilà un. Ce papa de ma colocataire, écrivain (roman, récit, poésie, scénario) dont les oeuvres sont traduites en français, éditeur d’une maison d’édition de sciences humaines, traducteur du théâtre français contemporain, Beckett, Yourcenar, Camus, Sartre, Duras.... Un francophile comme moi, qui fréquente la France(moi non) et parle le français sans accent (moi presque mais...), qui parle italien et un peu d’anglais(moi à l’inverse), à part sa langue maternelle (Albanien ??? Moi, c’est le chinois !!!), et qui « préfère plutôt Sego, tant que l’on n’a pas de choix » et qu’on est humaniste, que c’est intéressant de voir une femme présidente (comme moi !)

« Tout ça, c’est mon rêve ça. »
« Eh oui ... » Il est content. Moi aussi.

Mais je sais que c’est pas pareil.
Mais n’est-ce pas, lui, idéal...

Tel Quel-I

06/07/07

On dirait un week-end rempli de choc idéologique. La dernière touche au dossier sur Artaud, la discussion cinese, la venue d’un autre Papa idéal, l’élection, la dissertation, et :
-My god I’m depressed. What a crossay of humanity !
-Come on... We’re in the 21e Century, who believes in humanity ?

Il semble qu’une fois je suis sortie de ce tour de la rédaction, tout le monde vient me donner des réflexions. Je ne peux que d’écrire, ou plutôt serait-ce qu’une pulsion, passion. Qu’importe.


Ces légèretés insupportables

Sujet : Libre parole
Problématique : suis-je libre de parler/écrire ?

1)

Cause : méfie-toi, en écrivant sur l’internet. Ton IP est enregistré.
Effet : Et alors?
Cause : mais bon tu sauras pas écrire de quoi dérangeant. Toi, nous, on est rien.
Effet : Donc voilà, amusons-nous.

2)
Présupposé : Pékin n’est pas un lieu à habiter. J’y retourne jamais.
Hypothèse : Les contrôles y sont omniprésents.
Argument : On dit qu’un tel jour à un tel centre commercial, dans une ambiance tellement harmonieuse, surgit une telle fille, soudain, elle élève un panneau, criant : fa lun da fa hao ! Sou... (effet sonore) surgissent deux policiers en civil qui l’emportaient. Le centre commercial continue à être harmonieux.
Antithèse : Ca c’est l’acte artistique. Elle est post-moderne, eux ils sont post-post-moderne.
Synthèse : Ils ne lisent pas en français je crois, si ? Alors c’est fait. J’ai pas envie d’écrire en chinois pour cela d’ailleurs.

Conclusion :
J’ai de la chance de pouvoir et vouloir écrire en français. Je parle pas de ça dans le blog chinois, c’est pas encore parce que j’ai peur( j’exclus pas la mort d’ailleurs, mais pas n’importe comment) mais que : d’abord je veux pas terroriser mes amis chinois pour qu’ils me voient irrémédiablement malade et qu’ils ne me parlent plus ; ensuite j’écrirais pas pour perdre les lecteurs qui connaîtraient forcément mieux la situation.


J’ai de la chance d’être à l’étranger pour mieux connaître la Chine, comme j’avais mieux connu Shanghai en partirant à Nankin. Mais. Maintenant que l’oeil pinéal est ouvert, il saura plus refermer. De rentrer sera alors de souffrir volontairement, de prendre la sagesse de s’harmoniser. Une fois rentrée, je saurai plus prétendre que littérature sauve pour m’exiler dans les Duras, Camus, Diderot, Flaubert, Baudelaire, Kundera, non plus me laisser vagabonder dans Truffaut Godard Rohmer et Rivette.


Gouffre béant, c’est, hélas, révolu.


(C’est bon l’enchaînement ? Mal suivi ? Alors vous y êtes...)

Loading...

Comme si l'on jouait du Beckett - II

Commutation du rouge au bleu. Pour ce qui concerne les problèmes actuels en France, comme dans les autres pays européens, beaucoup renvoient à la Constitution, par rapport à celle des Etats-Unis. On est plus ou moins élitistes, on se demande :Que c’est la démocratie ? Quelle forme faut-il prendre pr le bien-fondé de son fonctionnement? Comment tirer mieux parti entre la liberté de la voix et la décision qui évitera le sabotage du processus même de la démocratie ? On n’a pas d’idée précise, mais on sait que dans l’histoire de la Chine, dans tout cet enchevêtrement d’évolution/mutation de différents systèmes sociaux, dans un tel régime tout à l’opposé, il y aurait de quoi référer.

Ensuite, le vert. Le vert ne fera rien que de faire rire. (Amis français : alors les italiens sont comment ? Moi : Urh...plutôt drôles.)
« Eh... que les Italiens sont formidables. Les Américains ont fait pl. mois de recherches pour abattre un chasseur-bombardier japonais, chargé d’un chef important. Les Italiens, à leur tour, l’ont vite fait, ils ont abattu leur propre avion-observateur, chargé de leur propre général. »(faut encore motiver la spiritualité pour écouter ce Ô Diù... italien qui aurait dû être prononcé et qui n’a pas changé jusqu’à nos jours). En voilà un autre. «Un épisode légendaire circule en Ecosse : les Allemands auraient eu du remords d’avoir un allié comme l’Italie. Deux Anglais seul escortaient une petite troupe de prisonniers italiens, désarmés et en paix. Les Allemands allaient attaquer pour sauver ces derniers, ils ont réussi : --Courrez ! Sauvez-vous ! Alors ces prisonniers commençaient à courir, ravis, vers le camp de prisonnier.

C’est ça l’histoire. Je commence à penser un art oral en Chine traditionnelle, le Shuo Shu (parler-le livre), forme comparable à l’épopée (Chanson de Roland). Ce sont les anecdotes, les historiettes qui allégorisent, popularisent, transmettent et sans en prendre risque. C’est ça l’essentiel, la charme et l’utilité de l’implicite. Come on, pourquoi pas badiner avec la vérité.

Soupir. Silence. On termine avec ça :« de notre vivant, il y auront forcément des changements. »C’est drôle. Tous les trois se mettent en accord sur cela, et je comprends ce dont il parle. Mais moi j’attends pas une révolution militante. La Chine subira pas une force radicale. Ce n’est pas facile que les gens aient une vie comme aujourd’hui, malgré toutes sortes de misères qui peuvent subsister. Je préfère les voix qui préviennent une réforme ou une renaissance du savoir, et celle-là présuppose une économie rassurante.

On vit, on attend, on attend, on vit. C’est pas arrivé, on va mourir, avec pleines d’idée. Le temps passe vite. C’est ça l’essentiel.
Soyons donc amusettes, et n’ayons pas peur ; hétérogénéisons-nous, sombrons ensemble et racontons les anecdotes.
Courage donc, vieux copains que j’ai déjà connus, et vieux copains que je viens de reconnaître.

Comme si l'on jouait du Beckett - I

05/05/07

D’inviter mes deux amis mundus chinois fait du plaisir, surtout quand on sert qn, fait manger à qn, surtout ce qn te regarde, attend ce que tu fais pour lui ; il intervient pas, il apprécie, comme si c’était un acte de valorisation.
Un petit festin trio( surtout pour eux qui habitent dans la résidence sans kitchen), pour fêter la souffrance de l’écriture académique (dossier, rapport, mémoire. N’importe) et le pré-byebye sans doute : Velouté de courgettes à la roquette, lasagne, poulet à l’artichaut, pêche-abricot comme désert, plus tisane. Simple, sain et sympathique.

C’est une discussion que j’ai longtemps désirée. On parlait en se croisant et plutôt sur le déroulement du programme, les déplacements, sur les études, l’avenir. Mais là, on est bien à l’aise pour ce soir, que ce soir. Quelques mots sur les profs, ceux qui nous ont inspirés, éclairés pour nous dés-espérer(fuck the post-modernisme, tout revient à la tradition), terrorisés, énervés ; sur ce programme qui aboutira à un couronnement, un déclic, ou un écroulement, ou encore un tour d’Europe gai ; sur ce que c’est que la recherche, le savoir, sur l’art la sémiotique la matière et le mémoire(que veut dire le Trois ?Un à deux deux à trois trois à tout. C’est Laozi. C’est Laozi qu’on connaît longtemps et longtemps on ne sait théoriser, actualiser.).

Puis arrive le topic de l’histoire. Devant celui qui travaille sur Bataille la Guerre d’Algérie et la vérité historique, c’est pour moi une occasion de rectifier tels ou tels événements historiques, chinois, européens, ou mondiaux. C’est quoi l’image-perception ? alors voilà les exemples :une roue de vélo décorée de chair et os ; un homme, une palanche de légumes, un canon. C’est ça l’installation (post)-post-moderniste.

Plus récent, plus de mensonges ; le sélectif du savoir ; le malentendu volontaire des informations ; quelques moments-fatums historiques : « s’il avait insisté, alors... ; s’ils ont gagné le pouvoir, alors... ». Enfin, nous y sommes. C’est ça l’histoire. Le moment du rétro-historique étant poignant, nous avons su pratiquer la vision métaphysique qui nous ont imprégnée ainsi que la figuration spirituelle de la société d’imagerie, nous avons su nous fouetter avant de nous cimenter.

Et vous savez quoi ? En Chine(pas seulement le cas exclusif de la Chine je crois), il y a trois sortes d’intellectuels reconnus. Pas plus. Un camp d’intellectuels qui connaît bien le business du savoir, accompagné du titre, de la quantité de l’écriture qui standardisera leur savoir(dans ce camp le savoir est hiérarchisé par le nombre de mots écrits) ; ils sont bien ravis, riches, forcément réputés, ils valorisent les diplômes. L’autre camp, pas nécessairement à l’encontre, sera ceux qui connaissent par coeur ce que c’est la Chine, ce que c’est la recherche en Chine ; ils savent transmettre en jouant avec la tangente. ; ce sont eux qui angoissent, qui séduisent, qui impliquent, qui déclenchent, quoi que vous voulez, qui poussent le plus. Dans le troisième camp, ce seraient les clairvoyants qui prennent ermitage et se libèrent avec et dans le savoir, en deçà et au-delà de la société ; portant une croyance quelconque, d’un trait disons dramatique, ils vont bouleverser les gens, avec ou sans conscience, ils imprègnent doucement, provoquent des courts-circuits contingents.

Voilà donc la société de connaissance en Chine. Il s’agirait là aussi de l’intégration. Alors, t’es adapté ?



J’ouvre une grosse parenthèse: L’enseignement du lycée à Shanghai comme à Pékin se diffère de celui des autres régions. On a l’éducation pour qualité, autrement dit décharger les élèves et contre l’éducation du bourrage. Tous les lycées shanghaiens ne savent bien éduquer les élèves pour qualité,mais le mien était top, j’en ai été très fière. Nous avions bcp d’activités sociale, associations d’étudiants, bcp d’ouverture, de dynamisme et d’autonomie.(bcp mieux que dans mon université sur cela).
La préparation de l’examen à l’entrée à l’université n’est pas pareille non plus, et cela provoque certainement l’inégalité régionale. Par ex un élève de Nankin(province Jiangsu) doit choisir entre sciences humaines(écono-politique+histo+géo)/ sciences naturelles(physique+chimie), pour nous c’est plus divisé, si l’on veut faire sciences humaines, on ne fait que l’une des trois(géo c’est encore rare). Moi j’ai fait l’économie-politique(en Chine c’est marxisme bien sûr). On avait un prof de politique excellent qui organisait des discussions et les exposés par groupe dans les cours(on n’était que 14 et presque tous ont bien réussi le bac), c’était nous qui nous donnions cours et lui nous dirigeait et nous corrigeait. une pédagogie presque à l’occidental. Cette année de préparation demeure pénible pour d’autres mais pour nous c’était le meilleurs souvenir.
De cette divergence nous cherchons la capacité de l’analyse dynamique plutôt que l’accumulation du savoir ; pour eux c’est l’inverse. Les examens (papiers et systèmes d’évaluation différents) pour eux seront forcément plus chargés que les nôtres.
Mais rien n’est parfait. En temps limite, une telle éducation pour qualité nous libre l’esprit, nous rend créatifs, alors que nous avons pas une base de connaissance(histo par ex) aussi solide que les étudiants des autres villes, et ceux-ci se munissent d’une richesse de connaissance en risquant de se figer dans les examens.

Déclic

04/05/07

Seulement après avoir rédigé les dossiers ai-je compris que le dossier n’est pas la dissertation mais la réflexion personnelle du cours. Seulement maintenant ai –je compris à quoi sert le directeur, quand on a seulement une idée floue, non précise, de ce qu’on va traiter.
Il te dirait pas comment ça irait mieux, il te montre les possibilités. Il ne saura pas répondre à tes questions, il imagine avec toi : « je trouve ça intéressant dans ce film, pourquoi ? Et bien selon XXX, c’est une sorte de ..., cela se voit dans le plan XX scène XX du film, la prise de vue la couleur la lumière, etc. est ... très...vraiment...».
Et c’est fait, ce court-circuit, comme si une discussion avait la magie pour réveiller qch qui était déjà dans la tête. En rentrant, je marche et je n’arrête pas à appuyer les claviers sur mon portable. En 20 minutes je suis sortie du flou et la squelette de l’écriture est faite. Reste à lire et à analyser.

Un postulat non explicite du roulement de ce programme, c’est que ce sont les chercheurs qui connaissent déjà la méthodologie(il y en a pas mal en effet), qu’ils savent ce qu’ils veulent pour leur recherche, comment travailler. On ne parle pas de la méthodologie. C’est une autonomie extrême. Alors il a fallu chercher le méthode avant la recherche. Et c’est surtout en faisant que l’on comprend vraiment ce dont il s’agit, comment le faire, et le faire dans le délai, au risque d’une ballade hors-champs, parfois un peu loin, avant de retrouver le chemin. La recherche c’est le mouvement. (mais la rédaction planifiée me semble une sorte de alphabétisation spécialisée. « Faire comprendre, argumente, c’est tout. »)
Ca peine beaucoup le début. Mais après ça on pourrait espérer un travail moins violent. On connaîtra mieux sa propre façon de travail. Moi je me coincerais pas devant la table. Faut que je lise, puis je trouve un coin sympa, lire et écrire dehors, ou marcher, me baigner, réfléchir en plein air. Les idées viendront comme ça.

(Concernant la méthodo, un grand merci à celle qui m’a désembarassée, qui me fascine avec la raison. Raison française que j’avais pas suffisamment découverte chez elle, et avec laquelle j’ai compris mieux que jamais de ce que j’écris ici : comme disait Artaud, ce ne sont que de la cochonnerie. Ou bien, atténué, connerie.)

04/05/2007

C’est chaud, et autant motiver les cerveaux –II

Je parlerais pas de politique quand il n’y a pas de quoi à parler, comme dans le cas en Chine. Mais là c’est sûr que la discussion n’est pas rien. Pas du tout.

Au début de l’année, après avoir suivi un peu les infos pr me donner l’idée globale des deux protagonistes (Sarko bien connu déjà, grâce à la fameuse émeute et ses autres exploits), quand un ami me demandait de mon opinion entre ces deux, j’étais penchée sur Sarko. 1e Raison simple comme proposé les étudiants de français à l’univ Fudan : trop d’étrangers en France( je parle du nombre de Chinois notamment, ça m’a choqué au début du séjour), surtout quand on voit n’importe qui vit ici de n’importe quelle façon. J’avais ajouté un 2e : que la France devient molle depuis qq temps, qu’il fera certainement du bien d’en donner quelques coup de fouet à l’arrière. Juste un petit peu d’effort et tout ira bcp mieux.

Pour ce qui concerne Ségo j’aimerais ne pas beaucoup développer ce qui me semblait gênant chez cette femme politique au début. Je dirais pas comment je m’amusais en écoutant le ton ironique des annonceurs de France Info sur l’affaire « l’enfant de Don Quichotte » , dans laquelle l’image de Sego me rappelait, curieusement, les séries télévisées coréens ; et sur sa drôle de montée sur Great Wall : c’était d’autant plus amusant quand j’imaginais l’embarras que notre Tête-Hu aurait eu si jamais Sego gagnerait—c’est donc ça la société d’harmonie ? Harmonie élective en fin de compte. Je dirais pas non plus que je la trouvais rose et un peu innocente (que ce soit la vérité ou pas) en tant que femme politique, d’ailleurs elle serait plutôt néné élégante d’une République révolue que «à l’italienne » : elle n’est pas aussi sexy ni crazy à mon avis.
Jusque là il s’agit plutôt de l’image que fait le media. Concernant ce sacré media, juste une parenthèse à ajouter : le sondage c’est le mass du media, comme ce qu’on fait dans le fameux concours-chanson «Super Voice » en Chine, qui est franchement, irrémédiablement diabolisé et mille un pour cent idiot. Mais il n’y a pas que mass du media qui vote. Et le spectacle ne remplace pas la politique, finalement. Je dirais même que, dans le cas de la France, cela peut motiver l’engagement du public à la politique.

Je deviens pro-Sego depuis qq temps, faute de mieux. Ça parait bien normal d’ailleurs, vue que « le parfait » est encore ailleurs que dans la politique. Je suis pour Sego simplement parce que je préfère avancer doucement que défendre en dépandre des autres, estimation positive et avec sang-froid que répulsion gratuite (payante même, à prix élevé. Aujourd’hui ni la France ni la Chine ne supporteront un tournant radical), efficacité pragmatiste que celle du séducteur-ethos.

Et sur le problème d’immigration, en tant que chinoise, j’aurais mille raison de dire que, si les étrangers, surtout les chinois, surtout les sans papiers chinois, veulent accrocher la France, ou n’importe quels pays européens, ils chercheront des trous dans le système et ils sauront se débrouiller, ou par défaut, la violence ne deviendra pas massacre et ne chassera pas tout. Les riches ne payeront non plus pour qu’on brûlent leur voiture, ou, pire, que l’on joue le kidnapper. La France a besoin de se pencher un peu vers le droit. Ca se libère trop de certain niveau. (Hélas je connais bien ça, et oui.) L’indulgence comme le neutre ne fait pas partie majeure du caractère politique, ce sera plutôt une portion pour bien surveiller la limite, sinon pour une jolie stratégie comme l’harmonie(qui encourage la liberté de presse en renforçant la censure des blogs, chinois ou étranger: deux jours de décalage après l’affiche de l’article dans un blog chi; « l’article en envoi »devenu « l’article en examen »). Mais Sarko va trop brutalement/précipitament vers l’envers.


Et j’ai pas terminé. je peux comprendre les Français qui font la boule devant l’élection, comparable aux Chinois qui font fi des têtes gouvernementales qui gonflent et gonflent. S’ils votent sans cerveau(Eh... dis donc, c’est ça l’animal acéphale ?), que ce soit vite fait, l’efficacité de Sarko le séducteur gagnera. S’ils votent avec cerveau, même si c’est encore Sarko (on appelle ça la tendance, apparemment), ce sera moins dangereux, puisqu’ il ne se laissera pas faire, puisque la démocratie n’est pas dictature, et en fin de compte, ça circule.Autant profiter de la liberté(Cf la Chine) et de la raison(Cf l’Italie si je puisse ainsi dire) . Et ce sera jamais trop tard.

(Je suis pas bcp des infos. Si ce que j’ai écrit est devenu déjà du cliché, alors tant pis pour moi, mais tant mieux que ce soient des clichés...)

C’est chaud, et autant motiver les cerveaux - I

« Les deux s’accusent dans le face à face ». Je résume grosso modo l’information dans un journal italien. Et c’est bien the italien way pour donner un commentaire de ce TV show, dirais-je.
Cette idée sera soutenue par la prof du cours de français-discours d’argumentation (qui parle le français avec un excellent ritmo italiano et dont les paroles sont souvent très intéressantes, éclairantes ; sur cela j’en parlerais plus tard) quand j’ai profité du petit moment du RDV dans le bureau pr ouvrir la discussion des prof francophones sur le débat.

La prof expatriée, l’air satisfait, ravi, ironique : « c’était un beau match, non ? C’est fort ça, ils ont même les votes sur place ! »
La prof italienne : « Eh oui, comme les matchs de foot à Milan. Le jour où il y a du match, si j’entends énormément de rumeurs et de sifflements, même chez moi, c’est sûr que c’est Milan qui gagne. Si au contraire ce sera le silence des morts. »

La prof italienne : « Mais c’est pas mal quand même, surtout le niveau du débat est bien élevé…Le débat télévisé c’est tout à fait à l’américaine, avant il y avait pas ça…Et en Italie il y aura pas ça pendant l’élection, sinon je suis sûre qu’ils vont s’accuser des défauts et de tout ce qu’ils peuvent, et il finissent par se battre tout ensemble. »