17/05/2007

Zig-zAgging iii) -iv)

iii)
Le lendemain matin. Un matin comique.
J’attends sans savoir trop quoi attendre devant un petit bureau à côté des fenêtres et une longue queue. Moi qui a eu l’habitude d’attendre depuis deux ans, d’en profiter pour lire ou écrire ou regarder les gens de bon gré, me trouve mal à l’aise pendant ces deux heures : non pas comme dans les salles administratives en France, bien tranquille et en ordre ; non plus comme dans un hôpital en Chine, où il y a beaucoup de bruits mais encore tolérable.
Dans la Questura, les bruits de la queue sont eux aussi tolérables, normaux même. Mais au bout de quelques instants, je me suis trouvée enclose par la rumeur qui empêche la lecture et me fait mal à la tête. C’est que les administrateurs hurlent. Oh my...que terrible. Le garde en premier, cet homme comiquement rond. Alors qu’il a l’air bien joyeux, il hurle vers les gens à pl. reprise, avec un ton SOU-LI-GNé pour ne pas dire hystérique, renforcé grâce à la tonalité de la langue. Les agents, à leur tour, parlent et se parlent à haute-voix, chantonnent quelques fois.
La dame dans le bureau m’appelle. J’ai déjà compris en observant qu’il faut donner des empreintes digitales sur une machine semblable à un imprimeur. Alors d’abord le pouce. Va bene. L’index. Elle fronce le sourcil. Elle dit rien, elle regarde l’homme assis à côté d’elle. L’homme, gai et enjoué, se lève pour venir près de moi. Il met les gants de caoutchouc. « Urh... » Il me répond avec un grand sourire. « Andiamo ! »
Il me saisit à la main. Il a trouvé l’index, l’examine deux secondes. Il me sourit. Il l’appuie sur la plaque. C’est fait. Ainsi de suite. Pour l’annulaire ca a été un peu dur, il a fallu l’essuyer avec un torchon humide avant d’essayer une deuxième fois ; pour empreindre l’ensemble des quatre grands, il a fait pareil que lorsque l’on fait avec un sceau, le torchon comme encre. Il a su faire tout cela en cadence andante, accompagnée d’un fond sonore de chansonnette. Quand c’est terminé, il me sourit : « italien technique ».
Depuis qu’il m’a saisi la main, et bien je sais que c’est incongru, mais je tremble de rire sans que je puisse m’en empêcher, dans cette bonne ambiance administrative. La dame devrait être influencée, elle qui avait un visage figé a fini par trembler quelques secondes avec moi. Pourtant l’homme ne sourit plus, une fois qu’il se remet à sa place ; son visage transposé en raideur.

iv)
La portée insoupçonnée du rire. Cette découverte ferait partie importante de mon séjour en Italie. Si en France, c’était là où je vivais la quiétude de la vie et de l’esprit, où continue un rêve de plus de quatre ans et qui se réalise en partie, en Italie, c’est le réveil. Un réveil plutôt âpre, comme quoi, le moment où le premier couple du monde ouvre les yeux.

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