07/05/2007

Comme si l'on jouait du Beckett - I

05/05/07

D’inviter mes deux amis mundus chinois fait du plaisir, surtout quand on sert qn, fait manger à qn, surtout ce qn te regarde, attend ce que tu fais pour lui ; il intervient pas, il apprécie, comme si c’était un acte de valorisation.
Un petit festin trio( surtout pour eux qui habitent dans la résidence sans kitchen), pour fêter la souffrance de l’écriture académique (dossier, rapport, mémoire. N’importe) et le pré-byebye sans doute : Velouté de courgettes à la roquette, lasagne, poulet à l’artichaut, pêche-abricot comme désert, plus tisane. Simple, sain et sympathique.

C’est une discussion que j’ai longtemps désirée. On parlait en se croisant et plutôt sur le déroulement du programme, les déplacements, sur les études, l’avenir. Mais là, on est bien à l’aise pour ce soir, que ce soir. Quelques mots sur les profs, ceux qui nous ont inspirés, éclairés pour nous dés-espérer(fuck the post-modernisme, tout revient à la tradition), terrorisés, énervés ; sur ce programme qui aboutira à un couronnement, un déclic, ou un écroulement, ou encore un tour d’Europe gai ; sur ce que c’est que la recherche, le savoir, sur l’art la sémiotique la matière et le mémoire(que veut dire le Trois ?Un à deux deux à trois trois à tout. C’est Laozi. C’est Laozi qu’on connaît longtemps et longtemps on ne sait théoriser, actualiser.).

Puis arrive le topic de l’histoire. Devant celui qui travaille sur Bataille la Guerre d’Algérie et la vérité historique, c’est pour moi une occasion de rectifier tels ou tels événements historiques, chinois, européens, ou mondiaux. C’est quoi l’image-perception ? alors voilà les exemples :une roue de vélo décorée de chair et os ; un homme, une palanche de légumes, un canon. C’est ça l’installation (post)-post-moderniste.

Plus récent, plus de mensonges ; le sélectif du savoir ; le malentendu volontaire des informations ; quelques moments-fatums historiques : « s’il avait insisté, alors... ; s’ils ont gagné le pouvoir, alors... ». Enfin, nous y sommes. C’est ça l’histoire. Le moment du rétro-historique étant poignant, nous avons su pratiquer la vision métaphysique qui nous ont imprégnée ainsi que la figuration spirituelle de la société d’imagerie, nous avons su nous fouetter avant de nous cimenter.

Et vous savez quoi ? En Chine(pas seulement le cas exclusif de la Chine je crois), il y a trois sortes d’intellectuels reconnus. Pas plus. Un camp d’intellectuels qui connaît bien le business du savoir, accompagné du titre, de la quantité de l’écriture qui standardisera leur savoir(dans ce camp le savoir est hiérarchisé par le nombre de mots écrits) ; ils sont bien ravis, riches, forcément réputés, ils valorisent les diplômes. L’autre camp, pas nécessairement à l’encontre, sera ceux qui connaissent par coeur ce que c’est la Chine, ce que c’est la recherche en Chine ; ils savent transmettre en jouant avec la tangente. ; ce sont eux qui angoissent, qui séduisent, qui impliquent, qui déclenchent, quoi que vous voulez, qui poussent le plus. Dans le troisième camp, ce seraient les clairvoyants qui prennent ermitage et se libèrent avec et dans le savoir, en deçà et au-delà de la société ; portant une croyance quelconque, d’un trait disons dramatique, ils vont bouleverser les gens, avec ou sans conscience, ils imprègnent doucement, provoquent des courts-circuits contingents.

Voilà donc la société de connaissance en Chine. Il s’agirait là aussi de l’intégration. Alors, t’es adapté ?



J’ouvre une grosse parenthèse: L’enseignement du lycée à Shanghai comme à Pékin se diffère de celui des autres régions. On a l’éducation pour qualité, autrement dit décharger les élèves et contre l’éducation du bourrage. Tous les lycées shanghaiens ne savent bien éduquer les élèves pour qualité,mais le mien était top, j’en ai été très fière. Nous avions bcp d’activités sociale, associations d’étudiants, bcp d’ouverture, de dynamisme et d’autonomie.(bcp mieux que dans mon université sur cela).
La préparation de l’examen à l’entrée à l’université n’est pas pareille non plus, et cela provoque certainement l’inégalité régionale. Par ex un élève de Nankin(province Jiangsu) doit choisir entre sciences humaines(écono-politique+histo+géo)/ sciences naturelles(physique+chimie), pour nous c’est plus divisé, si l’on veut faire sciences humaines, on ne fait que l’une des trois(géo c’est encore rare). Moi j’ai fait l’économie-politique(en Chine c’est marxisme bien sûr). On avait un prof de politique excellent qui organisait des discussions et les exposés par groupe dans les cours(on n’était que 14 et presque tous ont bien réussi le bac), c’était nous qui nous donnions cours et lui nous dirigeait et nous corrigeait. une pédagogie presque à l’occidental. Cette année de préparation demeure pénible pour d’autres mais pour nous c’était le meilleurs souvenir.
De cette divergence nous cherchons la capacité de l’analyse dynamique plutôt que l’accumulation du savoir ; pour eux c’est l’inverse. Les examens (papiers et systèmes d’évaluation différents) pour eux seront forcément plus chargés que les nôtres.
Mais rien n’est parfait. En temps limite, une telle éducation pour qualité nous libre l’esprit, nous rend créatifs, alors que nous avons pas une base de connaissance(histo par ex) aussi solide que les étudiants des autres villes, et ceux-ci se munissent d’une richesse de connaissance en risquant de se figer dans les examens.

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